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appel de ses voisins à « l’union sacrée », les récalcitrants menacés de sanctions

Les 15 présidents de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont appelé lundi les Maliens à « l’union sacrée » et proposé des solutions pour résoudre la crise qui ébranle le pays depuis juin, menacant de « sanctions » les récalcitrants.

Les chefs d’Etat de la sous-région, qui craignent une déstabilisation du Mali, épicentre de la menace jihadiste au Sahel, ont avalisé lors d’un sommet virtuel de trois heures les efforts de médiation entrepris depuis des semaines par la Cédéao, a indiqué le président en exercice de l’organisation régionale, le chef de l’Etat nigérien Mahamadou Issoufou.

Mais ils sont allés plus loin en évoquant pour la première fois un « régime de sanctions » contre ceux qui « poseront des actes contraires à la normalisation », a affirmé M. Issoufou, selon une copie de son discours à la fin du sommet, qui a duré environ trois heures.

En outre, les dirigeants ouest-africains ont insisté pour que les mesures de leur plan de sortie de crise soient mises en oeuvre « au plus tard » vendredi 31 juillet.

Dans ce très court délais, ils attendent des gestes concrets du pouvoir et de l’opposition, à couteaux tirés depuis des semaines.

Au climat d’exaspération nourri par des années d’instabilité sécuritaire dans le centre et le nord du pays, le marasme économique ou une corruption jugée endémique, est venue s’ajouter l’invalidation par la Cour constitutionnelle d’une trentaine de résultats des législatives de mars-avril, considérée comme l’élément déclencheur de la crise actuelle.

– Législatives partielles –

A la majorité soutenant le président Ibrahim Boubacar Keïta, les dirigeants ouest-africains demandent de mettre « tout en oeuvre » pour obtenir la « démission immédiate des 31 députés dont l’élection est contestée, y compris le président du Parlement », Moussa Timbiné.

Ces démissions ouvriraient la voie à des législatives partielles.

Le sommet a également demandé une « recomposition rapide de la Cour constitutionnelle ».

Il prône surtout la mise en place d’un « gouvernement d’union nationale avec la participation de l’opposition et de la société civile », tout en continuant à exclure un départ forcé du président Keïta au nom du respect des règles constitutionnelles communes à la Cédéao.

Les dirigeants de la contestation au Mali, dont la figure de proue est l’influent imam Mahmoud Dicko, ont jusqu’à présent refusé d’intégrer un tel gouvernement, en soulignant que les problèmes de mal-gouvernance dépassaient les simples questions électorales.

Malgré ces réticences, la Cédéao « encourage » le Mouvement du 5-Juin, qui mène la contestation, à « participer » à cet exécutif « dans un esprit de patriotisme ».

La réunion au sommet, qui reprend dans les grandes lignes le plan du médiateur officiel de la Cédéao, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, a innové en annonçant que les ministres régaliens « pourront être nommés avant la formation d’un gouvernement d’union nationale », selon M. Issoufou.

Il a cité « la Défense, la Justice, les Affaires étrangères, la Sécurité intérieure et les Finances », sans donner de détail sur le mode d’attribution de ces portefeuilles.

Le 10 juillet, la troisième grande manifestation contre le pouvoir avait dégénéré en trois jours de troubles meurtriers à Bamako, les pires dans la capitale depuis 2012, qui ont fait 11 morts entre 11 et 23 morts.

Le sommet de la Cédéao a demandé à cet égard la création d’une « commission d’enquête » pour déterminer les responsabilités dans ces violences, que l’opposition attribue aux membres d’une force antiterroriste spéciale, sans que la preuve en ait été apportée.

« L’union sacrée » des Maliens est indispensable pour éviter un effondrement de l’Etat aux conséquences imprévisibles au Mali même, dans les pays voisins comme le Niger et le Burkina Faso, également théâtres d’attentats jihadistes meurtriers « et même au-delà », avait indiqué en ouverture du sommet M. Issoufou.

– Fin de la trêve –

Le mouvement de contestation M5-RFP, coalition hétéroclite de religieux, d’opposants politiques et de membres de la société civile, avait annoncé le 21 juillet une « trêve » jusqu’à après la grande fête musulmane de l’Aid al-Adha prévue le 31 juillet.

Mais des jeunes du mouvement, qui sont les fers de lance de la mobilisation, ont annoncé dimanche la reprise des manifestations après le 3 août, en réclamant à nouveau la démission du chef de l’Etat.

Entretemps, les violences se poursuivent en dehors de la capitale. Le corps du maire d’une commune de la région de Tombouctou, dans le nord, a été retrouvé « criblé de balles » ce weekend, une dizaine de jours après avoir été enlevé par des hommes armés.

Le soldat français d’origine malgache tué jeudi au Mali au cours d’une opération de la force antijihadiste Barkhane a reçu lundi un dernier hommage sur le pont Alexandre III à Paris, avant une cérémonie au bâtiment militaire des Invalides.

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