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le petit commerce espagnol tremble face au coronavirus

Isabel a fermé son bar du centre de Madrid et licencié deux employés. Miguel voit sa boutique de chaussures désertée par ses clientes âgées. En Espagne, les petites entreprises, au rôle économique majeur, sont sur le fil face à la crise du coronavirus.

Près de 80% des entreprises espagnoles comptent moins de cinq employés, au-dessus de la moyenne de 70% observée dans la zone euro, selon la Banque d’Espagne, qui ne cesse de mettre en garde contre cette caractéristique qui fragilise encore plus le pays face à la crise à venir.

De fait, quelque 40.000 bars, restaurants et hôtels ont déjà fermé définitivement, et ils devraient être 65.000 en fin d’année, soit 20% du total, selon la fédération de l’hôtellerie-restauration.

Isabel, 56 ans, qui souhaite rester anonyme pour ne pas compromettre sa recherche d’emploi, avait investi 120.000 euros il y a six ans dans un coquet petit bar d’un quartier branché de Madrid.

Mais elle a dû mettre la clé sous la porte avant même la fin du confinement. Lors du déconfinement progressif, les autorités imposaient aux établissements de réduire drastiquement leur nombre de tables pour pouvoir rouvrir.

« Le local est petit, il n’y a pas de terrasse. J’ai vu que le compte n’y serait pas. Avec deux employés, dans ces conditions-là, je ne pouvais même pas payer l’électricité », raconte-t-elle.

Sa trésorerie était trop faible et les banques ont refusé de lui accorder un prêt, malgré les lignes de crédit garanties par l’Etat pour soutenir les entreprises en manque de liquidités.

« Elles regardaient tout à la loupe », soupire-t-elle.

Veuve avec deux enfants étudiants encore à charge, elle vit sur ses économies et grâce à l’aide mensuelle d’environ 600 euros spécialement créée par le gouvernement pour soutenir 1,7 million de travailleurs indépendants qui se sont retrouvés sans revenus.

« Je ne peux pas dormir », dit-elle, sachant la rude recherche d’emploi qui l’attend, alors que le chômage devrait atteindre près de 20% cette année, selon les diverses prévisions.

La restauration pourrait perdre autour de 1 million d’emplois directs et indirects, avec un chiffre d’affaires divisé par deux en 2020, craint la fédération.

Les clients se font désirer, aussi bien dans les zones très touristiques où les visiteurs étrangers ne reviennent que timidement, que dans les quartiers de bureaux désertés en ces temps de télétravail, alors que de nombreux employés prennent traditionnellement leur petit-déjeuner au café.

– ‘Les clients ont peur’ –

Les autres petits commerces souffrent aussi: habillement, ameublement, parfumeries, librairies… Au total, « 15 à 20% » des petits commerces pourraient ne pas rouvrir, estime Pedro Campo, président de la Confédération espagnole du commerce (CEC).

« La baisse des ventes a été brutale, 50% de moins que l’an dernier. L’année est complètement perdue », confirme Miguel Angel Fernandez, employé d’un magasin de chaussures dans l’ouest madrilène dont les deux collègues sont au chômage partiel.

« Ce sont des souliers pour le troisième âge: ces clients ont peur et ont du mal à revenir », constate-t-il.

En outre, dans un pays où la solidarité familiale est très forte, les plus de 50 ans « savent qu’ils vont devoir aider leurs familles, ce qui leur laisse moins d’argent pour consommer », dit-il.

Mais les clients qui achètent disent choisir délibérément les petits commerces pour les aider à affronter la crise, assure le chausseur.

Teresa Garcia-Maestro, gérante d’une boutique de vêtements voisine, a constaté la même chose. De plus, « les gens ne veulent plus aller dans les grands centres commerciaux » par crainte de la contagion, affirme-t-elle, encore surprise du bon redémarrage des ventes depuis la fin du confinement.

Dans ce quartier assez aisé, « les gens se sont lancés pour acheter des choses, des robes d’été… On est encore dans l’euphorie d’avoir pu sortir de chez nous ».

Mais la commerçante attend l’automne avec appréhension: « ça va être dur car il y aura beaucoup de chômage. S’il y a du chômage, les gens ne consomment pas et ça se répercute sur tout le monde ».

Surtout, Teresa craint de devoir fermer de nouveau alors de nouveaux foyers de contagion apparaissent à travers le pays. Dans ce cas, « soit les gens mourront du virus, soit ils mourront de faim », craint-elle.

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