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Avec les législatives, les Rajapaksa veulent étendre leur pouvoir au Sri Lanka

Le Sri Lanka vote mercredi pour élire ses députés, un scrutin au terme duquel le duo exécutif des frères Rajapaksa espère avoir les coudées franches pour pérenniser son emprise sur l’île d’Asie du Sud.

Plus de seize millions d’électeurs sri lankais sont appelés aux urnes pour ces élections législatives, organisées quatre mois après leur date initialement prévue à cause de la pandémie de coronavirus. Au total, 7.898 candidats sont en lice pour 225 sièges.

Le président Gotabaya Rajapaksa et son grand frère Mahinda, actuel Premier ministre et ex-chef de l’État, qui a dirigé le pays d’un main de fer de 2005 à 2015, espèrent remporter une large majorité parlementaire afin d’amender la Constitution en vue d’accroître leur pouvoir.

Une majorité des deux tiers des députés permettrait aux Rajapaksa de revenir sur les changements de la Constitution effectués par l’administration précédente, qui a organisé une décentralisation du pouvoir et limité les mandats présidentiels afin d’empêcher l’émergence d’un nouvel homme fort.

Gotabaya, 71 ans, et Mahinda, 74 ans, veulent ainsi mettre fin à la limite des deux mandats présidentiels, ramener l’appareil judiciaire et policier sous leur contrôle direct et étendre leur pouvoir dynastique à une nouvelle génération du clan.

« Nous allons nous retrouver avec un régime autoritaire élu », déclare à l’AFP l’analyste politique Kusal Perera.

Après cinq ans dans l’opposition, les deux frères ont fait un retour sur le devant de la scène politique insulaire avec l’élection de Gotabaya à la présidence en fin d’année dernière. Celui-ci avait mené une campagne nationaliste axée sur la sécurité dans une nation traumatisée par les attentats jihadistes de Pâques 2019, qui ont fait 279 morts.

– ‘Campagne de peur’ –

Le nouvel élu a nommé dans la foulée le charismatique Mahinda à la tête du gouvernement. Le patriarche du clan Rajapaksa, défait dans les urnes en 2015 par une coalition d’opposants, était empêché par la Constitution actuelle de se présenter au scrutin.

Bête noire des défenseurs des droits humains et visée par de multiples accusations de corruption et crimes, la famille a gouverné le Sri Lanka sans partage durant une décennie.

Les Rajapaksa jouissent d’une grande popularité au sein de la majorité ethnique cinghalaise pour avoir mis fin en 2009, au prix d’un gigantesque bain de sang, à quatre décennies de guerre civile avec la minorité tamoule, un conflit qui a fait 100.000 morts. Ils soutiennent qu’un retour de la concentration des pouvoirs est nécessaire au développement du Sri Lanka.

« Votez pour notre parti pour relancer l’économie, construire une société disciplinée et emmener le pays dans la bonne direction », a déclaré dimanche soir Mahinda à des milliers de partisans lors de ses derniers meetings de campagne.

Selon les défenseurs des droits humains, les intimidations et menaces contre les avocats, militants et journalistes se sont multipliées depuis le retour au pouvoir des Rajapaksa.

« Une campagne de peur s’est intensifiée depuis l’élection présidentielle de 2019, et a jeté une ombre sur la campagne des législatives 2020 », a estimé l’ONG Human Rights Watch.

S’il n’y a pas d’enquêtes d’opinion indépendantes au Sri Lanka, les observateurs donnent toutefois le Sri Lanka Podujana Party (SLPP) de Mahinda Rajapaksa grand favori face à une opposition minée par ses querelles internes.

Les analystes pensent que Mahinda prépare son fils Namal, l’étoile montante de 34 ans du clan, pour prendre à terme la présidence du Sri Lanka. Deux autres frères Rajapaksa, Chamal, 77 ans, et Basil, 69 ans, occupent eux aussi des postes-clés de l’administration actuelle.

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