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le président Condé bien parti pour briguer un troisième mandat

Le parti du président guinéen Alpha Condé lui a largement ouvert la voie à un troisième mandat, en lui demandant jeudi d’être son candidat à la présidentielle d’octobre, malgré la vague de protestations que cette perspective soulève depuis des mois dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

« Il ressort des interventions un plaidoyer en direction du président Alpha Condé, pour qu’il veuille bien accepter la volonté du Peuple d’être le candidat unique du RPG à l’élection présidentielle », a déclaré devant les délégués du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) la députée chargée de la synthèse des travaux de la convention, Diakagbé Kaba.

Le RPG veut « une mobilisation nationale et totale, notamment de toutes les structures du parti, pour une victoire dès le premier tour de l’élection présidentielle », avait peu avant déclaré la députée Zeinab Camara, rapporteuse de la commission chargée de la stratégie électorale.

Réunis depuis mercredi dans l’enceinte du Palais du Peuple, siège de l’Assemblée nationale, quelque 350 cadres du RPG ont multiplié les éloges au chef de l’Etat, 82 ans, absent jusqu’ici de la convention.

M. Condé, élu en 2010 et réélu en 2015, ne s’est jusqu’à présent pas formellement porté candidat à un troisième mandat, répétant depuis des mois que « c’est son parti qui décidera ». La date proposée du 18 octobre pour la tenue du premier tour n’a pas encore été validée par le chef de l’Etat.

Il n’était pas clair si Alpha Condé, qui n’avait pas d’adversaire au sein du RPG, viendra s’exprimer devant ses militants avant la fin de la convention, jeudi après-midi.

– Compteurs à zéro –

La Constitution guinéenne limite le nombre de mandats présidentiels à deux, mais l’adoption en début d’année d’une nouvelle loi fondamentale (qui maintient cette limitation), lors d’un référendum boycotté par l’opposition, permet à M. Condé de remettre les compteurs à zéro, selon ses partisans.

Alpha Condé a, à de nombreuses reprises, critiqué cette limitation, la qualifiant d’injuste.

Lancée mi-octobre par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), formé des principaux partis d’opposition et d’organisations de la société civile, la mobilisation contre un éventuel troisième mandat d’Alpha Condé, plusieurs fois réprimée, a fait des dizaines de morts parmi les manifestants.

Alpha Condé, ancien opposant historique, est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires dans cette ancienne colonie française d’Afrique de l’Ouest, où plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté malgré la richesse de son sous-sol.

Le Premier ministre, Kassory Fofana, avait ouvert les travaux de la convention mercredi en estimant que, « sous le leadership du président Alpha Condé », la Guinée sortirait « victorieuse » de « l’adversité actuelle », dont la pandémie de coronavirus.

« Nous n’avons aucune alternative, personne ne s’est dégagé, alors on lui dit de continuer à faire le boulot et on verra plus tard », a expliqué mercredi à l’AFP Malick Sankon, membre du bureau politique national du RPG.

Le chef de l’Etat avait déjà reçu en début de semaine le soutien d’une coalition de partis alliés au RPG, la Convention démocratique pour le changement dans la continuité (Codecc).

Le porte-parole de cette coalition, le ministre de l’Hydraulique Papa Koly Kourouma, avait vanté les réalisations de M. Condé, notamment en matière de « décollage économique ».

« Je ne dis pas qu’elles sont totales, mais elles touchent tous les domaines de la vie sociale », a dit à l’AFP M. Kourouma, ex-ministre sous la junte (décembre 2008-janvier 2010) de Moussa Dadis Camara et ancien candidat aux présidentielles de 2010 et 2015.

– Plainte en France –

Alpha Condé fait l’objet de nombreuses critiques d’association de défense des droits de l’Homme qui lui reprochent les violences des forces de l’ordre lors des manifestations, qui ont fait quelque 200 morts depuis son arrivée au pouvoir, selon l’opposition.

Un collectif d’opposants guinéens a par ailleurs récemment déposé plainte en France contre Alpha Condé et plusieurs de ses proches pour corruption, trafic d’influence et blanchiment de corruption.

La société Alliance Minière Responsable (AMR), mise en cause dans cette plainte, a démenti mercredi les accusations à son encontre, les qualifiant de « totalement fictives ».

Sollicité par l’AFP, les autorités guinéennes n’ont pas souhaité réagir. « Ce n’est que de la pure calomnie, mais en cas de diffamation nous allons saisir nos avocats », a toutefois déclaré un responsable de la présidence ayant requis l’anonymat et s’exprimant de manière non officielle.

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