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La campagne se durcit aux Etats-Unis, où Trump veut vite remplacer la juge RBG

Donald Trump affinait dimanche le choix du successeur de Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême, décidé à ancrer cette institution dans le camp conservateur avant la présidentielle, quitte à être accusé par les démocrates de court-circuiter les électeurs.

La campagne s’est considérablement durcie depuis la mort de la magistrate et icône progressiste, vendredi, en raison des énormes enjeux pour l’avenir du pays.

Le président républicain, qui espère décrocher un second mandat le 3 novembre, a annoncé dès le lendemain de son décès qu’il nommerait « très vite » un nouveau juge. « Ce sera une femme très talentueuse, très brillante », a-t-il promis lors d’un meeting de campagne en Caroline du Nord.

« Attribuez son siège », ont scandé ses partisans, galvanisés à la perspective d’avoir une nette majorité de juges à la Cour suprême partageant leurs valeurs sur l’avortement, le droit à porter des armes ou encore les libertés religieuses.

Donald Trump « a resserré la liste » des candidats et va « très vite » faire connaître son choix, a précisé dimanche sur CNN Marc Short, chef de cabinet du vice-président Mike Pence.

Deux noms circulent avec insistance pour rejoindre les huit juges de la haute juridiction.

Déjà pressentie pour un précédent poste à la Cour suprême, Amy Coney Barrett, fait à nouveau figure de favorite. Cette juriste de 48 ans a une longue carrière académique dans une université catholique et une expérience de juge plus limitée.

Elle est réputée pour ses articles de doctrine juridique, dans lesquels elle professe des opinions largement influencées, selon ses détracteurs, par ses valeurs religieuses traditionalistes.

Une magistrate d’origine cubaine Barbara Lagoa, 52 ans, semble également bien placée. Ancienne juge à la Cour suprême de Floride, elle exerce aujourd’hui dans une cour d’appel fédérale à Atlanta. Elle présente l’avantage de venir d’un Etat-clé, susceptible de peser sur le résultat de la présidentielle.

– « Perdre sa foi » –

Une fois que Donald Trump aura fait connaître son choix, il reviendra au Sénat, où les républicains ont une majorité de 53 élus sur 100, de le confirmer.

Leur chef Mitch McConnell a déjà dit qu’il organiserait un vote, même s’il avait refusé de le faire pour un candidat présenté par le président démocrate Barack Obama en 2016, au motif que le scrutin était trop proche.

Les démocrates lui ont vivement reproché ce revirement.

« On dirait que le sénateur McConnell a perdu sa foi dans le jugement des Américains et veut se presser pour attribuer le siège à la Cour, tout comme le président. Ils veulent juste maximiser leur pouvoir », a critiqué l’ancien président démocrate Bill Clinton sur CNN, en le taxant d' »hypocrisie ».

Pour lui, le pari est dangereux et place certains sénateurs républicains dans une position délicate. « On verra ce que les gens pensent » des candidats en lice pour leur réélection « qui font clairement le contraire de ce qu’ils avaient dit avant ».

« Par honnêteté envers le peuple américain », la sénatrice républicaine modérée Susan Collins, qui mène une campagne difficile, a déjà pris ses distances avec son parti. Pour elle, le Sénat ne doit pas confirmer un nouveau juge avant le scrutin.

« On a besoin d’une Cour entière pour le jour du scrutin », a au contraire estimé le sénateur Ted Cruz, un ultra-conservateur, en rappelant que la Cour pourrait avoir à trancher les litiges électoraux. Mais il a dû admettre ne pas être sûr que son parti ait les voix nécessaires.

– « Cordes à son arc » –

Si quatre républicains font défection, le candidat de Donald Trump sera bloqué.

La bataille pour les convaincre s’annonce féroce et, dès l’annonce du décès de Ruth Bader Ginsburg, des millions de dollars ont été levés par des groupes progressistes qui comptent mener des campagnes ciblées pour peser sur l’issue du vote.

Les démocrates n’ont toutefois pas beaucoup d’armes juridiques pour empêcher cette nomination. Interrogée à ce sujet sur ABC, leur cheffe au Congrès, Nancy Pelosi, a assuré avoir « des cordes à son arc », sans vouloir donner de précision.

« Les enjeux sont énormes », a-t-elle dit, en soulignant que la Cour suprême est notamment censée se prononcer dans les mois à venir sur l’avenir de la réforme de l’assurance santé dite Obamacare, qui a étendu les couvertures maladies de millions d’Américains mais que les républicains veulent démanteler.

« Je pense qu’il faut rester très calme », a-t-elle poursuivi. Et surtout, a-t-elle ajouté, « tout le monde doit aller voter ».

Les électeurs de gauche qui, samedi, ont convergé vers la Cour suprême pour rendre hommage à la juge « RBG », semblent avoir reçu le message. « Nous avons beaucoup de combats à mener dans les prochains 45 jours », a déclaré à l’AFP Kiley Boland, 25 ans. « C’est notre responsabilité ! »

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