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Marseille se lance dans l’arène judiciaire, les contaminations explosent

« Punition collective », « catastrophe »: les élus locaux de Marseille et sa région veulent empêcher la fermeture des bars et des restaurants, une des nouvelles mesures de lutte contre le Covid-19, qui ne cesse de progresser avec un nouveau record de contaminations à plus de 16.000 cas.

« J’invite le préfet à respecter scrupuleusement la loi car je déposerai dès demain, avec des restaurateurs et des cafetiers, un recours en référé liberté devant le tribunal administratif de Marseille contre tout acte restreignant l’exercice de la liberté d’entreprendre, d’industrie et du commerce de façon disproportionnée », a prévenu jeudi soir le président LR de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur Renaud Muselier.

« On ne joue pas avec une épidémie », a mis en garde le Premier ministre Jean Castex dans la soirée sur France 2, face à cette fronde des élus locaux de tous bords, de Marseille et de sa région.

Le tour de vis annoncé mercredi soir par le ministre de la Santé Olivier Véran a provoqué un tollé: « une catastrophe » pour la maire LR d’Aix-en-Provence Maryse Joissains, « des décisions qui manquent de discernement », pour le maire PCF de Martigues Gaby Charroux, « contradictoires et incohérentes » pour le député de Marseille et chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon.

« Une nouvelle fois, notre territoire est montré du doigt », a protesté le premier adjoint à la mairie de Marseille Benoît Payan, en s’exprimant au nom de la maire Michèle Rubirola, en convalescence après une opération. Fustigeant un « affront », il a réclamé un report de 10 jours de la décision de fermer bars et restaurants.

– Comme « un reconfinement » –

La demande a été appuyée par la présidente LR de la métropole Aix-Marseille, candidate malheureuse à la mairie de Marseille, Martine Vassal – qui ne semblait toutefois pas beaucoup y croire: après une réunion à la préfecture, elle a affirmé jeudi lors d’une réunion avec des élus que les mesures seraient appliquées, et mises en oeuvre « samedi soir ». Sauf si l’action de M. Muselier était couronnée de succès dès vendredi.

Mercredi, le gouvernement avait annoncé, sans concertation préalable avec les collectivités, la fermeture dès samedi à Aix-Marseille et en Guadeloupe des bars, des restaurants et des établissements recevant du public, à l’exception de ceux ayant un protocole sanitaire strict comme les théâtres, musées et cinémas.

Ces deux zones géographiques sont désormais en « alerte maximale », dernier niveau avant l’état d’urgence sanitaire, selon le nouveau classement des autorités.

Mais en région marseillaise, les élus ont clamé leur incompréhension en assurant, chiffres à l’appui, que la nouvelle vague épidémique avait atteint un plateau localement.

La décision du gouvernement a aussi été vécue par le monde économique marseillais – cafetiers et restaurateurs en tête – comme « un reconfinement ». Un appel à un rassemblement vendredi, devant le tribunal de commerce de Marseille, a été lancé.

M. Muselier ou l’ex-maire de secteur RN Stéphane Ravier, désormais conseiller municipal, ont annoncé qu’ils y participeraient.

– Menace sur Roland Garros –

La grogne ne s’est pas limitée à Marseille. Les bars et les restaurants devront fermer à 22H00 à partir de lundi dans 11 métropoles, dont Paris, Lyon ou Nice, toutes en « zone d’alerte renforcée ».

« Comment les gens vont manger ? Une entrée, un plat en 10 minutes ?! C’est de la foutaise, le virus ne circule pas plus au restaurant que dans les transports ! », s’est insurgé Noël Ajoury, président de l’Umih sur la Côte d’Azur.

Dans les villes en « alerte renforcée », la jauge des rassemblements est aussi abaissée à 1.000 personnes (contre 5.000 auparavant), ce qui devrait affecter le tournoi de tennis de Roland Garros, qui débute dimanche. Les rassemblements de plus de 10 personnes dans l’espace public sont également interdits.

Si la situation ne s’améliore pas, d’autres métropoles pourraient passer à des niveaux d’alerte supérieurs, a d’ailleurs prévenu Olivier Véran.

Selon le dernier bilan national, 16.096 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés en 24 heures, un niveau jamais atteint depuis le lancement des tests à grande échelle dans le pays.

En outre, l’épidémie a encore fait 52 morts en 24 heures, soit un total de 31.511 depuis début mars.

En Île-de-France, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a prévenu qu’elle était contrainte de déprogrammer 20% des opérations chirurgicales dès ce week-end: « L’enjeu des 15 prochains jours sera de ne pas devoir passer à 50% d’opérations déprogrammées », a résumé son directeur adjoint François Crémieux.

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