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une décision judiciaire relance la colère aux Etats-Unis

Des violences ont éclaté mercredi à Louisville, dans le Kentucky, où des manifestants sont spontanément sortis dans les rues après l’inculpation indirecte d’un seul des trois policiers impliqués dans la fusillade ayant causé la mort d’une Afro-Américaine, Breonna Taylor, en mars lors d’une perquisition.

Un agent a été touché par un tir, a confirmé à l’AFP une porte-parole de la police de cette ville, sans donner plus de détails. Son état n’était pas immédiatement connu. Sur place, le périmètre était bouclé par la police, a constaté l’AFP. Le bureau du FBI à Louisville a indiqué mener l’enquête.

Plus tôt, quelques centaines de personnes rassemblées sur Jefferson Square, une place du centre-ville, avaient été dispersées par la police peu avant l’heure du couvre-feu, instauré à 21H00 locale (01H00 GMT jeudi).

Des manifestations ont spontanément éclaté dans plusieurs villes du pays, secoué depuis des mois par une vague de mobilisations antiracistes, notamment à New York, Boston ou encore Philadelphie.

Brett Hankison, l’un des trois agents ayant fait feu dans l’appartement de la jeune femme de 26 ans, est poursuivi pour mise en danger de la vie d’autrui, en l’espèce trois voisins de la victime, a annoncé mercredi le procureur du Kentucky.

Aucun chef d’inculpation n’a été retenu contre ses deux collègues, Jonathan Mattingly et Myles Cosgrove.

Une décision « scandaleuse et insultante », selon l’avocat de la famille de la jeune femme, Ben Crump.

– Etat d’urgence –

« Breonna Taylor mérite qu’il lui soit rendu justice », a déclaré à Louisville Decorryn Adams, une jeune femme réclamant que sa « vie ne soit pas en danger simplement à cause de la couleur de (sa) peau ». « Il doit être inculpé de meurtre », a exigé de son côté Levell Hudson, un Afro-Américain de 17 ans.

Avant l’annonce de mercredi, la municipalité avait décrété l’état d’urgence. Un important dispositif policier était en place et plusieurs personnes ont été arrêtées dès l’après-midi.

L’infirmière avait été tuée en pleine nuit à son domicile le 13 mars quand les trois policiers s’y étaient présentés munis d’un mandat d’arrêt.

A leur arrivée, son compagnon avait ouvert le feu avec une arme détenue légalement. Les agents avaient riposté et Breonna Taylor avait été atteinte de plusieurs balles. Son compagnon a ensuite expliqué avoir cru à un cambriolage, les agents ne s’étant pas annoncés. Eux assurent s’être présentés avant d’entrer, une version corroborée par un témoin, selon le procureur de l’Etat Daniel Cameron.

L’agent Hankison a tiré dix balles, dont plusieurs ont terminé leur course dans l’appartement voisin de celui de Breonna Taylor, « mettant trois personnes en danger grave de blessures physiques ou de mort », a expliqué le procureur.

Quant aux deux policiers non inculpés, qui avaient été mis à pied, l’enquête a conclu à la légitime défense.

« Selon la loi du Kentucky, l’usage de la force (par les agents) Mattingly et Cosgrove était justifié pour se protéger. Cette justification nous empêche de les poursuivre pour la mort de Breonna Taylor », a dit le procureur.

Selon les médias locaux, Brett Hankison s’est présenté dans une prison de la région puis a été remis en liberté après avoir payé une caution fixée à 15.000 dollars, une somme très basse comparée à d’autres cas similaires. Licencié par la police de Louisville en juin, il risque jusqu’à 15 ans de prison.

– « Honte » –

« Ma soeur, le système pour lequel tu travaillais si dur t’a laissée tomber », a réagi sur Instagram Juniyah Palmer, la soeur de Breonna Taylor.

Selon l’avocat Ben Crump, il s’agit d' »un nouvel exemple d’absence de responsabilité pour le génocide des gens de couleur perpétré par des policiers ».

« C’est ironique et typique que les seuls chefs d’inculpation de cette affaire concernent des coups de feu tirés dans l’appartement d’un voisin blanc », alors qu’une personne de couleur a été tuée, a-t-il ajouté.

Le nom de Breonna Taylor, dont la mort n’avait dans un premier temps pas attiré beaucoup d’attention, est scandé depuis des mois dans le cadre des grandes manifestations contre le racisme qui traversent les Etats-Unis.

De nombreux responsables démocrates ont dénoncé la décision de mercredi, à l’image du sénateur Bernie Sanders la qualifiant de « honte ».

L’adversaire de Donald Trump à la présidentielle, Joe Biden, a dit « comprendre la frustration », mais a dans le même temps appelé au calme: les Américains « ont le droit de manifester pacifiquement, mais la violence n’est jamais acceptable », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le président républicain a lui affiché, lors d’une conférence de presse, son soutien aux déclarations du procureur de l’Etat.

« Je sais que ces charges annoncées aujourd’hui ne satisferont pas tout le monde », a admis le procureur Cameron, avouant avoir eu « une discussion difficile » avec la famille de Breonna Taylor.

Mais « chercher la justice par la violence n’est pas rendre la justice, c’est de la vengeance », a-t-il déclaré.

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