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Caroline Vernet ou le défi tardif d’une ex-espoir du tennis

Ex-espoir du tennis stoppée à l’adolescence par une maladie de croissance, Caroline Vernet réalise enfin son rêve de jouer au niveau professionnel à 27 ans après une lente reconstruction. Par la petite porte.

A un âge où les illusions sont habituellement évanouies pour celles et ceux qui n’ont pas percé, la Lyonnaise vient de disputer ses deux premiers tournois sur le circuit ITF, l’échelon international le plus bas, à Monastir en Tunisie.

Loin des lumières de Roland-Garros, qui a débuté dimanche, avec Caroline Garcia, son ancienne partenaire en interligues, et Kristina Mladenovic aux côtés de laquelle elle a représenté la France en moins de 14 ans, Caroline Vernet a glané ses premiers points WTA/ITF en disputant deux huitièmes de finale.

Avec en ligne de mire un premier classement à la WTA, l’entité qui organise le circuit mondial féminin.

« A 14 ans, j’étais -2/6, N.1 française de l’année d’âge devant Garcia et Mladenovic. Une maladie de croissance au dos et une autre au pouce m’empêchant de tenir ma raquette ont anéanti mes rêves. Il était trop risqué à mon âge d’opérer. C’était la conséquence d’une gestion inadaptée de mon entraînement », explique à l’AFP la joueuse, déjà déscolarisée à l’époque et contrainte d’arrêter le tennis prématurément.

Avant ce coup d’arrêt, elle avait notamment battu aux Petits As de Tarbes, le Mondial des 14 ans, l’Ukrainienne Elina Svitolina, aujourd’hui N.5 mondiale…

– « Sûre d’être pro » –

« Depuis l’âge de 9 ans, je n’envisageais pas de faire autre chose. J’étais sûre d’être pro et formatée pour l’être », confie-t-elle.

Son monde et son projet de vie se sont alors écroulés.

Adolescence compliquée, études incertaines, petits boulots, dépression: la suite est brutale avant une reconstruction, à partir de 25 ans, autour du tennis, encore.

De quoi avoir plus de recul sur les performances, bonnes ou mauvaises, et une certaine force mentale.

« J’ai repris sérieusement en 2018 avec le classement de 4/6. La technique est toujours là accompagnée d’un gros travail de réathlétisation et, après avoir +pris+ huit classements, je suis aujourd’hui -15, aux portes des 60 premières françaises », détaille-t-elle.

Mais à ce niveau de compétition, l’immense défi est de trouver les 30.000 à 40.000 euros nécessaires pour financer sa saison, une tâche encore plus délicate en période de Covid-19.

« Deux semaines à Monastir, où terrains et club-hôtel sont sur le même complexe, pour deux tournois, m’ont coûté mille euros d’hébergement et nourriture, plus le voyage. Je suis évidemment déficitaire », reconnaît Caroline Vernet qui a récolté quelques milliers d’euros grâce à une plateforme de financement participatif « pour démarrer, pas plus ».

– Un financement à trouver –

Et la joueuse, pro sans en avoir le statut, entourée par une mini-structure dirigée par son coach et futur mari, ne peut pas non plus vraiment travailler hors du tennis sous peine de s’entraîner moins.

« Je ne me fixe aucune limite d’objectif, désormais avec un corps d’athlète tout neuf qui ne ressent plus de douleurs. L’âge n’est pas un critère et j’ai encore une marge de progression », assure-t-elle, confiant avoir « déjà battu une joueuse 700e mondiale et une adversaire N.40 française ».

Et à Monastir, qu’a-t-elle découvert ? « Une ambiance assez sympa », témoigne-t-elle, se dépeignant « comme novice à ce niveau, une sorte de grande soeur au milieu de jeunes de 18 à 21 ans ».

« Je communique plus avec les joueuses qu’en France. Peut-être parce que nous sommes toutes dans la même galère à regarder le porte-monnaie et à chercher des points pour nous en sortir », poursuit-elle.

« En qualifications, il n’y a pas d’arbitre et on ne change pas les balles à l’inverse du tableau final, où il y a un juge de chaise mais pas de juges de lignes », évoque-t-elle également.

Un environnement bien loin du confort, même en temps de Covid, de Roland-Garros qu’adolescente, elle rêvait de disputer.

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