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Sophie Pétronin, de longues années au service des enfants du Mali

Sophie Pétronin, 75 ans, a été libérée ce jeudi 8 octobre après presque quatre ans de captivité. Elle était installée depuis près de 20 ans au Mali où elle dirigeait une ONG venant en aide aux enfants souffrant de malnutrition.

Née à Bordeaux le 7 juillet 1945, Sophie Pétronin avait eu « un déclic » en 1996 en se rendant avec une amie à Gao, à 1.200 km au nord-est de la capitale malienne Bamako, raconte son fils Sébastien Chadaud-Pétronin dans un article publié sur le site de son comité de soutien.

Là, elle « constate à quel point le peuple du nord est démuni », même s’il est « accueillant, très hospitalier, plein de générosité, de respect et de tolérance », ajoute le site internet de l’Association d’Aide à Gao (AAG) qu’elle avait fondée et dirigeait.

Après une jeunesse dans le Sud-Ouest, cette laborantine de profession était partie dans les années 1970 travailler à Annemasse (sud-est de la France) puis en Suisse. En 2000, elle suit une formation médicale, tout spécialement en médecine tropicale, avant de s’installer définitivement l’année suivante à Gao où elle dirige un centre d’accueil pour orphelins.

« C’était une femme très intégrée dans la population dont elle parle le dialecte », dit à l’AFP son neveu Lionel Granouillac. « Elle se sentait en sécurité, elle avait foi en ce qu’elle faisait », ajoute celui qui est trésorier du comité de soutien près de Bordeaux.

Facilement repérée dans sa petite voiture rouge, « on l’appelait +maman Sophie+. Elle distribuait des denrées alimentaires. Les parents venaient la consulter. Elle a sauvé des centaines d’enfants », dit-il.

Dans un livre publié en 2013, « Le fil de lumière », Sophie Pétronin écrivait : « Ce que je vais faire dans votre océan de misères n’est pas grand-chose, mais une vie sauvée est une vie qui vit. Les enfants sont innocents, ils ont le droit de grandir ».

« Redoubler de prudence » 

Sophie Pétronin était néanmoins consciente du danger : « Le risque d’attentat et d’enlèvement visant les occidentaux est toujours très élevé dans tout le Mali. Nous devons redoubler de prudence », écrit-elle dans un rapport 2016 de son association.

Alors que le nord du Mali tombe au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, l’humanitaire échappe de justesse en avril à des islamistes armés qui avaient pris pendant plusieurs mois le contrôle de Gao.

Elle est exfiltrée vers l’Algérie grâce à l’aide de rebelles touaregs, rentre quelques semaines en France dans une maison de famille du sud de la France puis repart au Mali.

« Elle disait que ce n’était pas simple sur place mais que ça allait », affirmait son époux Jean-Pierre Pétronin au lendemain de l’enlèvement de la septuagénaire par des hommes armés, le 24 décembre 2016.

« C’est quand même dingue d’en arriver là, après tout ce qu’elle a fait ces dernières années à Gao pour les enfants de 0 à 4 ans. Mais les terroristes, eux, s’en moquent », ajoutait-il alors.

Aucun groupe n’avait revendiqué le rapt jusqu’à ce que la principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, diffuse en juillet 2017 une vidéo montrant six étrangers enlevés au Mali et au Burkina Faso entre 2011 et 2017, dont Sophie Pétronin.

Début mars 2018, ce « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans » avait diffusé une vidéo dans laquelle la Française ne s’exprimait pas. La dernière vidéo où apparaissait Sophie Pétronin avait été reçue mi-juin 2018. Elle y semblait très fatiguée, le visage émacié, et en appelait au président français Emmanuel Macron.

La famille, « très soudée » selon M. Granouillac, n’avait jamais baissé les bras pour obtenir la libération de l’humanitaire.

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