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Le Sénat affiche ses divisions devant la juge nommée par Trump à la Cour suprême

Le processus de confirmation de la juge Amy Coney Barrett, nommée par Donald Trump à la Cour suprême, a débuté lundi au Sénat par un dialogue de sourds, les républicains louant une magistrate « brillante », les démocrates fustigeant une démarche précipitée à 22 jours de l’élection et en pleine pandémie.

« Cela va être une longue semaine de querelles », a reconnu d’emblée Lindsey Graham, un proche du président qui préside la commission judiciaire du Sénat, chargée d’auditionner la magistrate.

« Essayons d’être respectueux, rappelons-nous que le monde nous regarde », a-t-il ajouté, en estimant que la juge Barrett était « talentueuse » et « intègre ».

Pour lui, c’est une « femme formidable » appelée à remplacer « une autre femme formidable », la juge féministe et progressiste Ruth Bader Ginsburg, morte le 18 septembre après 27 ans au sein du temple du Droit américain.

La juge Barrett a un profil aux antipodes de la défunte: catholique pratiquante, mère de sept enfants, dont deux adoptés et un petit dernier atteint de trisomie 21, elle est très bien vue dans les milieux chrétiens traditionalistes dont elle partage les valeurs, à commencer par une opposition affichée à l’avortement.

Si elle obtient le feu vert du Sénat — une obligation constitutionnelle –, elle rejoindra cinq magistrats conservateurs et trois progressistes et ancrera solidement la Cour suprême des Etats-Unis à droite.

– « Sa foi » –

Certains progressistes craignent que ses convictions religieuses n’orientent sa lecture du Droit, mais, dans un pays où seul un quart de la population se déclare athée ou sans religion, les démocrates ont pris soin de ne pas l’attaquer sur ce point.

« Sa foi ne doit pas entrer en considération », a déclaré à la presse Joe Biden, le rival de Donald Trump, en marge d’un déplacement, en optant pour un autre angle d’attaque: les critiques exprimées par la juge contre la loi de l’ex-président Barack Obama qui a étendu la couverture maladie de millions d’Américains.

Elle « a dit qu’elle voulait se débarrasser » de l’Obamacare, a estimé le candidat démocrate. « Le président veut s’en débarrasser. Restons concentrés sur l’essentiel: dans un mois, les Américains vont perdre leurs assurance santé! »

Une semaine après l’élection, la Cour suprême doit effectivement examiner un recours d’élus républicains contre cette loi.

Les démocrates ont mis en avant les avancées permises depuis son adoption, donnant des exemples de bénéficiaires et affichant leurs photos sur de grandes pancartes face à la juge Barrett, qui doit s’exprimer après les élus.

« Les républicains doivent répondre haut et fort que NOUS allons fournir de meilleurs soins médicaux beaucoup moins chers », a tweeté en parallèle Donald Trump.

– « Coup de force » –

Se gardant d’attaquer personnellement cette mère de famille venue avec ses enfants, les démocrates ont concentré leurs flèches sur leurs confrères républicains accusés de mépriser les électeurs.

Le vote « a commencé dans 40 Etats et les Républicains poussent, à pleine vitesse, pour consolider une Cour qui perpétuera leur politique », a déploré Dianne Feinstein.

Une dizaine de jours après les tests positifs au Covid-19 de trois sénateurs républicains, Sheldon Whitehouse a également jugé « irresponsable » de réunir les élus au Congrès. « Les Américains savent ce que ce coup de force retors, précipité et hypocrite signifie pour leur accès aux soins de santé en pleine pandémie », a-t-il lancé.

Le sénateur Mike Lee, porteur du virus il y a dix jours mais qui assure avoir reçu l’autorisation du médecin du Congrès, a pris la parole peu après.

Il s’est dit certain que la juge avait « de la compassion » pour les personnes affichées en photo. « Mais ce n’est pas la question », a-t-il ajouté: « nous comprenez que ce n’est pas votre travail de juge » de donner votre opinion.

– Peu de leviers –

La juge Barrett a assuré à plusieurs reprises distinguer ses convictions personnelles de son travail de juge.

« Les tribunaux ne sont pas faits pour résoudre chaque problème ou corriger chaque tort dans notre vie publique. Les décisions de politique publique (…) doivent être prises par les branches politiques qui sont élues et rendent des comptes au peuple », doit-elle déclarer aux sénateurs, selon une copie de ses déclarations liminaires.

Juste avant elle, la sénatrice Kamala Harris prendra la parole. Colistière de Joe Biden, cette ancienne procureure au style acérée, est particulièrement attendue.

Malgré ces joutes oratoires, les démocrates ont peu de moyens de bloquer le processus. Les républicains disposent en effet d’une majorité de 53 sièges sur 100 à la chambre haute du Congrès.

Même si deux de leurs élues — Lisa Murkowski et Susan Collins — comptent faire défection, ils ont a priori assez de voix pour donner le feu vert à la juge Barrett dès la semaine prochaine.

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