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Macron annonce un nouveau tour de vis, avec probables couvre-feux

Emmanuel Macron devrait annoncer mercredi soir des couvre-feux dans plusieurs grandes villes de France où le Covid-19 s’emballe, au milieu d’autres nouvelles mesures restrictives censées freiner l’épidémie et éviter un reconfinement général aux conséquences économiques et sociales catastrophiques.

C’est à 19h55 que le chef de l’Etat prendra la parole dans la salle des fêtes de l’Elysée pour cette interview très attendue de 45 minutes, sur TF1 et France 2, qui sera consacrée en totalité ou presque à la crise sanitaire « dramatique », selon son entourage.

En attendant, le gouvernement a rétabli par décret l’état d’urgence sanitaire, qui avait pris fin le 10 juillet, à partir du 17 octobre à 0H00 sur l’ensemble du territoire national, « afin que les mesures strictement proportionnées aux risques sanitaires encourus puissent être prises ».

Ce régime offre un cadre juridique permettant d’encadrer certaines restrictions allant jusqu’au confinement.

Parmi les mesures que M. Macron devrait annoncer, figure le couvre-feu – un « confinement nocturne » selon certains – qui pourrait être imposé de 21H00 à 06H00 dans les zones les plus touchées à partir de ce week-end, comme Paris et sa banlieue, Marseille, Lyon, Montpellier, Lille ou Toulouse.

Le président pourrait également recommander un nombre maximum de personnes qu’il est possible d’accueillir chez soi.

« En cas de couvre-feu, tous les acteurs seront concernés. Comment expliquer à un restaurateur qui doit fermer qu’un théâtre peut rester ouvert ? », assure l’entourage de M. Macron, ajoutant qu’il faut des mesures « bien plus longues » que 15 jours.

« La différence du nombre de morts se chiffre par dizaine de milliers selon les choix qui seront faits. Y compris l’horaire d’un couvre-feu compte: une heure change la donne », souligne-t-on de même source.

L’hypothèse d’un couvre-feu a divisé ces dernières heures le gouvernement. Selon une source gouvernementale, au moins quatre ministres, dont des poids lourds, étaient contre, pointant notamment le risque d’une fracture sociale, avec les cols blancs pouvant se réfugier en télétravail à la campagne pendant que les caissières et autres travailleurs en première ligne seraient réduits au métro-boulot-dodo.

« La situation de notre pays est extrêmement difficile », a souligné devant le Sénat le Premier ministre Jean Castex qui sera amené à détailler les nouvelles mesures lors d’une conférence de presse jeudi après-midi avec les ministres Bruno Le Maire (Economie), Olivier Véran (Santé), Gérald Darmanin (Intérieur) et Elisabeth (Travail).

Les professionnels de l’hôtellerie restauration indépendante se sont alarmés dès mardi soir d’un possible couvre-feu qui selon eux « condamnerait à la faillite des milliers d’établissements ».

Emmanuel Macron devrait de nouveau fortement recommander les entreprises à avoir recours au télétravail tandis que les dispositions actuellement en vigueur pour les établissements scolaires et universitaires seront prolongées, comme l’a indiqué mardi soir le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer.

Par avance, le Medef Paris a dénoncé un éventuel télétravail à 100%, qui amplifierait, selon lui, la crise économique dans la capitale et qui « va fragiliser encore les entreprises ».

– « Electrochoc » –

C’est surtout dans la sphère privée que l’exécutif espère voir les mentalités changer. « Le diagnostic qu’on porte c’est que dans tous les endroits où l’on a organisé les choses – le travail, les écoles et les collèges – ne sont pas des endroits où l’on a des difficultés. Les endroits où l’on se contamine sont sur les espaces de la vie privée où il faut que collectivement on ait un électrochoc », insiste un ministre.

C’est pourquoi le président, à défaut de pouvoir l’interdire pour des raisons juridiques, devrait recommander un nombre maximum de personnes qu’il est possible d’accueillir chez soi.

Les derniers chiffres montrent encore une augmentation globale du nombre de personnes en réanimation (1.633 pour une capacité actuelle nationale d’environ 5.000 lits) et 84 décès en 24 heures, avec un bilan global de près de 33.000 morts en sept mois.

Une résurgence inquiétante de la pandémie qui conduit d’autres pays européens à durcir aussi les mesures pour éviter un confinement dévastateur pour l’économie.

Mercredi, la Catalogne a annoncé la fermeture des bars et restaurants pendant 15 jours, alors que la chancelière Angela Merkel veut imposer de nouvelles restrictions en Allemagne.

Emmanuel Macron devrait également annoncer de nouvelles aides aux secteurs économiques et sociaux à faire face à la crise, dans la lignée de son « quoi qu’il en coûte » prononcée en mars. « Les Français ont autant peur pour leur santé que pour leur emploi. Il faut parler des deux », relève un proche du président.

– « Les Français en ont marre » –

« Le président de la République va annoncer un tour de vis », et « s’il faut passer par des mesures restrictives la mairie avancera avec l’Etat », a affirmé à l’AFP une responsable de la mairie de Paris qui a prévu de se réunir jeudi après-midi avec la préfecture de police pour « organiser la mise en oeuvre des mesures ».

L’opposition exige, pour sa part, « plus de cohérence » et dénonce la stratégie de l’exécutif qui a mené selon elle à une nouvelle situation de crise. Et si à droite le président (LR) du Sénat Gérard Larcher estime qu’il faudra accepter des « couvre-feux », à gauche, les patrons d’EELV Julien Bayou et du PCF Fabien Roussel jugent que cela signerait « un constat d’échec » de l’exécutif.

« Les Français en ont marre » et « l’acceptabilité de mesures fortes est moins grande qu’en mars », répond un membre du gouvernement, ajoutant que l’exécutif est confronté à « des mauvais choix depuis le mois de mars ».

bur-leb-jri-jmt/jk/swi

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