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Les Guinéens choisissent leur président dans un climat de tension

Les Guinéens choisissaient dimanche leur prochain président lors d’un scrutin à haut risque, pour lequel le président sortant Alpha Condé a appelé à « éviter toute violence » et qui constitue le premier rendez-vous d’un calendrier électoral ouest-africain chargé.

Alpha Condé a voté en fin de matinée dans une école pour enfants sourds de Conakry, à quelques centaines de mètres de sa résidence officielle.

« Mon souhait est que l’élection soit libre, démocratique et transparente, et que tout se passe dans la paix et la tranquillité. Nous allons faire en sorte de sécuriser tous les bureaux de vote. Nous appelons tous les candidats à éviter tout acte de violence », a dit M. Condé, vêtu d’un costume clair.

« Je souhaite bonne chance à la Guinée », a-t-il ajouté.

Dans le quartier de Kaloum, épicentre du pouvoir à Conakry, le vote a débuté avant même l’heure prévue à l’école Federico Mayor, un oasis éducatif au bord de l’Océan atlantique, selon des journalistes de l’AFP.

On entre, on donne son nom avec sa carte d’électeur et les agents le cherchent sur des listes interminables. Puis ils donnent les bulletins, on se retire derrière l’isoloir, on met celui de son choix dans une enveloppe, puis dans l’urne transparente. On trempe ensuite son doigt dans un pot d’encre violette indélébile, pour ne pas aller voter ailleurs.

Les forces de sécurité sont en nombre mais restent discrètes.

Les bureaux de vote doivent en principe rester ouverts jusqu’à 18H00 (GMT et locales).

Cette élection se déroule dans un climat de crispation qui fait redouter des troubles, surtout autour de l’annonce des résultats, dans un pays accoutumé à ce que les antagonismes politiques fassent couler le sang.

– « On veut la paix » –

Mohamed Fode Camara, électeur à Kaloum, dit effectivement « craindre le jour de la proclamation des résultats. « On veut la paix, pas la bagarre ».

Douze candidats et candidates sont en lice pour diriger ce pays de 12 à 13 millions d’habitants, parmi les plus pauvres du monde malgré ses immenses ressources naturelles.

L’issue devrait se jouer entre Alpha Condé, 82 ans, et son adversaire de longue date, Cellou Dalein Diallo, 68 ans.

L’un sanguin, l’autre policé, ils s’étaient affrontés en 2010, premières élections jugées démocratiques après des décennies de régimes autoritaires, puis en 2015. M. Condé l’avait emporté les deux fois.

Alpha Condé revendique d’avoir redressé un pays qu’il avait trouvé en ruines après des décennies de régimes autoritaires et d’avoir fait avancer les droits humains.

M. Diallo propose de « tourner la page cauchemardesque de 10 ans de mensonges », fustigeant répression policière, corruption, chômage des jeunes et pauvreté.

« Nous attendons beaucoup de changements, surtout pour l’emploi des jeunes », explique après son vote Alpha Barry, T-shirt clair, oreillettes sur la tête, un des très rares à porter un masque. A 37 ans, il affirme être sans emploi malgré un diplôme de médecine décroché il y a sept ans.

Le scrutin de 2020 n’échappe pas aux tensions des précédents. Pendant des mois, l’opposition s’est mobilisée contre la perspective d’un troisième mandat de M. Condé. La contestation a été durement réprimée. Des dizaines de civils ont été tués.

Le nombre de mandats présidentiels est limité à deux. Mais pour M. Condé, la Constitution qu’il a fait adopter en mars pour, dit-il, moderniser le pays remet son compteur à zéro.

L’opposition a remis en cause la légitimité de cette Constitution. Mais M. Diallo a décidé de participer à la présidentielle.

Menée à coups de grands meetings fiévreux, la campagne a été émaillée d’invectives, d’incidents et d’obstructions, et de heurts qui ont fait plusieurs blessés entre militants.

L’importance des appartenances ethniques ajoute à la volatilité de la situation.

– Ne pas se laisser « voler » la victoire –

Pas question de se laisser « voler » à nouveau la victoire, répète le camp de Cellou Dalein Diallo, qui se méfie des organes jugés inféodés au pouvoir, malgré l’envoi d’observateurs africains.

Le ministère de la Sécurité a prévenu qu’il était « interdit » à quiconque d’autre que les institutions « reconnues » de publier un résultat.

La publication d’un résultat national devrait prendre quelques jours au moins.

Un éventuel second tour est programmé le 24 novembre.

Le recours aux distorsions électorales ou aux modifications constitutionnelles figure parmi les reculs de la démocratie constatés par ses défenseurs ces dernières années en Afrique de l’Ouest, autrefois jugée pionnière.

Dès le 31 octobre, la présidentielle en Côté d’Ivoire, où le sortant Alassane Ouattara postule également à un troisième mandat, s’annonce elle aussi à hauts risques. Des présidentielles sont également prévues d’ici à fin 2020 au Burkina Faso, au Ghana et au Niger.

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