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Les Boliviens ont voté dans le calme pour élire leur nouveau président

Les Boliviens ont voté dans le calme dimanche pour élire leur président dans un pays pourtant fortement polarisé, après un année de grave crise politique et la démission du dirigeant de gauche Evo Morales.

Les bureaux de vote ont commencé à fermer à 17H00 locales (21H00 GMT), ont constaté des journalistes de l’AFP. Ils peuvent toutefois rester ouverts encore une heure quand des électeurs patientent à l’extérieur.

Le gouvernement intérimaire a indiqué en fin d’après-midi que le scrutin s’était déroulé paisiblement, mis à part quelques incidents isolés. « La journée s’est déroulée dans la tranquillité dans tout le pays jusqu’à maintenant », a indiqué dans un communiqué le vice-ministre à la Sécurité, Wilson Santamaria.

Le protocole sanitaire lié à la pandémie de coronavirus, imposant notamment une distanciation physique, a néamoins ralenti le processus de vote, certains électeurs ayant dû parfois patienter plus de deux heures pour accomplir leur devoir de citoyen, selon un journaliste de l’AFP.

Pour la première fois depuis 20 ans, Evo Morales (2006-2019), emblématique dirigeant de la gauche sud-américaine, n’est pas candidat à la présidence. Le 10 novembre 2019, il avait démissionné en pleine crise politique, accusé de fraude par l’opposition, alors qu’il briguait un quatrième mandat.

Son dauphin et ex-ministre de l’Economie, Luis Arce, 57 ans, candidat pour le Mouvement vers le socialisme (MAS), et son principal rival, l’ex-président centriste Carlos Mesa, 67 ans, sont les favoris parmi six candidats.

Cependant les résultats ne devraient pas être connus rapidement : le tribunal électoral a fait savoir samedi que, pour éviter de générer des tensions, aucun résultat préliminaire ne serait divulgué.

« Nous n’aurons pas le résultat officiel et final dimanche soir. Nous allons nous donner quelques heures de plus, et il est important que les citoyens fassent preuve de patience car le résultat sera fiable, quoiqu’un peu plus lent », a justifié son président, Salvador Romero.

Cette suspension de dernière minute « n’est pas très judicieuse » car « cela pourrait générer des doutes » sur les résultats, a estimé M. Arce, après avoir voté dans une école de La Paz.

« Ce n’est pas idéal, mais nous comprenons que (le tribunal électoral) a choisi cette voie pour garantir la sûreté absolue du vote et surtout le décompte officiel » des voix, a réagi M. Mesa, qui a voté un quartier résidentiel de la capitale.

Selon les derniers sondages, M. Arce arrive en tête des intentions de vote au premier tour, mais ne devrait pas échapper à un second tour, prévu le 29 novembre.

Quelque 7,3 millions de Boliviens sont appelés à élire leur président, mais aussi leur vice-président, et à renouveler l’ensemble du Parlement, actuellement dominé par le MAS.

De nombreux Boliviens craignent toutefois une répétition des violences qui avaient fait 36 morts l’an dernier. Ils se sont rués ces derniers jours dans les commerces pour s’approvisionner en nourriture, gaz et essence.

« Je ne sais vraiment pas ce qu’il va se passer, j’ai peur que cela soit encore pire », a confié à l’AFP Virginia Luna, 41 ans.

 Nouveau cycle ?

« Ces élections ouvrent un nouveau cycle pour l’histoire politique du pays, la fin du cycle de gouvernement d’Evo Morales et de la crise politique », estime le politologue Carlos Cordero, de l’Université Mayor de San Andrés (UMSA).

De facto, ce scrutin mettra fin au gouvernement intérimaire dirigé par la conservatrice Jeanine Áñez. Elle a retiré sa candidature face aux fortes critiques sur sa gestion de la pandémie, qui a fait plus de 8.400 morts dans ce pays de 11 millions d’habitants.

Pour assurer la transparence du scrutin, la composition du tribunal électoral a été renouvelée. Des observateurs ont été dépêchés par l’Organisation des Etats américains (OEA), l’Union européenne, l’Union des organisations électorales d’Amérique (UNIORE) et la Fondation Carter.

L’ONU, l’UE et l’Eglise catholique ont appelé à un vote « pacifique » et au respect des résultats.

Depuis l’Argentine où il est réfugié, Evo Morales, qui ne pouvait pas se représenter, a lui-même lancé dimanche un appel pour que « le résultat des élections soit respecté par tous ».

« Il est très important que tous les Boliviens et tous les partis politiques attendent calmement que chaque vote (…) soit pris en compte », a déclaré M. Morales.

La Constitution déclare vainqueur au premier tour le candidat qui obtient la majorité absolue ou 40 % des voix avec un avantage de 10 points sur le second. Sinon un second tour a lieu.

En 2019, le dépouillement avait été suspendu pendant plus de 20 heures. A sa reprise, Evo Morales avait été déclaré vainqueur dès le premier tour.

L’opposition avait dénoncé des fraudes et des heurts avaient eu lieu entre partisans et détracteurs du MAS dans plusieurs villes du pays. Lâché par la police et l’armée, Evo Morales avait finalement démissionné, avant de fuir au Mexique puis en Argentine.

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