« Chaque jour compte »: sept militants écologistes ont été jugés en appel à Paris jeudi pour avoir décroché et emporté trois portraits officiels d’Emmanuel Macron en 2019, dans le but de dénoncer « l’inaction climatique » du gouvernement.
L’avocat général a demandé la confirmation du jugement de première instance, qui les avait condamnés, le 16 octobre 2019, à 500 euros d’amende pour « vol en réunion ». Ils étaient huit mais seuls sept d’entre eux, âgés de 24 à 37 ans, ont fait appel.
La défense a plaidé la relaxe, en particulier sur le fondement d’un récent arrêt de la Cour de cassation sur la liberté d’expression.
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 10 décembre.
Les 21 et 28 février 2019 à Paris, trois portraits présidentiels avaient été dérobés dans les mairies des IIIe, IVe et Ve arrondissements de la capitale, dans le cadre d’une campagne nationale « Décrochons Macron », menée par le mouvement Action non-violente COP21 (ANV-COP21).
Comme pour les quelque 150 « réquisitions » symboliques revendiquées par le mouvement partout en France, ces actions s’étaient effectuées en quelques minutes, « à visage découvert » et « sans dégradation ».
Jeudi à l’audience, les prévenus, dont six étaient présents, ont reconnu les faits et défendu leur action.
« C’est un autre moyen d’expression qu’on a mis en place et qui correspond à un monde dans lequel il y a eu un rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui dit que chaque jour compte », a expliqué l’un des prévenus, Etienne, âgé de 26 ans.
« Le pire c’est de faire semblant et c’est que ce fait Emmanuel Macron », a estimé Cécile Marchand, qui comparaissait elle aussi. « La réalité des faits, au niveau national, c’est que la France ne respecte même pas les lois qu’elle s’est elle-même fixée ».
Cités par la défense, trois témoins se sont exprimés à la barre: Jean-Pascal Van Ypersele, climatologue et ancien vice-président du GIEC, Agnès Catoire, membre de la Convention citoyenne pour le climat et Cécile Duflot, ex-ministre et directrice d’Oxfam France.
Depuis le premier procès de « décrocheurs », en mai 2019 à Bourg-en-Bresse, des décisions disparates ont été rendues en fonction des juridictions.
La condamnation des militants à Paris en octobre 2019 était intervenue un mois après une relaxe à Lyon: le tribunal avait alors invoqué « l’état de nécessité », jugeant « légitime » l’action de désobéissance civile « face au défaut de respect par l’Etat d’objectifs pouvant être perçus comme minimaux dans un domaine vital ».
Cette décision lyonnaise a cependant été infirmée en appel le 14 janvier, avec une peine de 250 euros d’amende ferme pour deux militants.
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