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Incapables de trouver un abri convenable, les Syriens déplacés s’installent dans les ruines antiques d’Idlib

Abdelaziz al-Hassan ne voulait pas vivre dans un camp surpeuplé après avoir fui la guerre dans le nord-ouest de la Syrie, alors sa famille a planté une tente dans les ruines d’un temple romain.

Lui, sa femme et ses trois enfants font partie des près d’un million de Syriens qui ont fui leurs foyers l’hiver dernier lors d’une offensive soutenue par la Russie contre le dernier bastion de l’opposition syrienne, Idlib.

Dans le site de Baqirha, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, près de la frontière turque, ils font désormais partie des dizaines de Syriens déracinés par la guerre qui se sont installés parmi des ruines romaines et byzantines vieilles de plusieurs siècles.

Hassan et sa famille ont installé une tente en forme de tunnel entre les trois murs survivants d’un temple du deuxième siècle au dieu grec Zeus, sur un site parsemé de colonnes brisées et d’un socle.

Derrière leur tente, le linge était suspendu à une corde tendue entre les anciens murs. Sur les pierres séculaires, des panneaux solaires trempés au soleil près d’un pot noirci sur un petit poêle à bois.

Hassan dit que le site est une bien meilleure option que de vivre dans l’un des nombreux camps de déplacés informels qui ont poussé le long de la frontière, en particulier au milieu de la pandémie de coronavirus.

«J’ai choisi cet endroit car il procure une tranquillité d’esprit, loin des endroits surpeuplés et criblés de maladies», a déclaré l’homme d’âge moyen à la barbe poivre et sel.

Un enfant syrien joue dans un camp de fortune de Syriens déplacés par la guerre sur le site de Baqirha, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, non loin de la frontière turque, le 1er novembre 2020 (AFP Photo)

La Syrie regorge de sites archéologiques, des temples romains et des châteaux croisés aux caravansérails de l’époque ottomane.

Beaucoup ont été endommagés, bombardés ou pillés au cours d’un conflit vieux de neuf ans qui a tué plus de 380 000 personnes et déplacé des millions de personnes.

Le nord-ouest de la Syrie abrite 40 villages classés au patrimoine mondial de l’UNESCO du premier au septième siècle qui, selon l’organisme culturel des Nations Unies, donnent un aperçu de «la vie rurale de la fin de l’Antiquité et de la période byzantine».

Parsemés de vestiges de temples et d’églises, les sites illustrent «la transition de l’ancien monde païen de l’Empire romain au christianisme byzantin», dit-il.

À Baqirha, Zeus Bomos, ou Zeus de l’autel, a été construit il y a près de 2 millénaires, selon les historiens, dans une zone plus large qui a ensuite prospéré grâce à la production d’huile d’olive.

Maamoun Abdel Karim, chef de l’autorité syrienne des antiquités, a déclaré que Baqirha était exceptionnel pour ses bâtiments bien préservés, comprenant également deux églises du VIe siècle.

Mais malgré toute la grande architecture, Hassan a admis qu’il y avait quelques inconvénients à vivre là où il habite, y compris une longue marche pour ses enfants jusqu’à l’école du village.

Il a également déclaré que la zone était remplie d’insectes et de serpents venimeux.

« Il y a deux jours, près de l’ouverture de la tente, j’ai tué une vipère », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse (AFP). Et «tous les deux jours, nous devons tuer un scorpion».

« Mais nous n’avons pas encore trouvé meilleur qu’ici. »

Une vue aérienne montre le camp de fortune de Syriens déplacés par la guerre sur le site de Baqirha, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, non loin de la frontière turque, le 1er novembre 2020 (Photo AFP)
Une vue aérienne montre le camp de fortune de Syriens déplacés par la guerre sur le site de Baqirha, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, non loin de la frontière turque, le 1er novembre 2020 (Photo AFP)

Le beau-frère de Hassan, Saleh Jaour, et sa douzaine d’enfants ont également fait des anciennes ruines de Baqirha leur nouvelle maison, après avoir fui les bombardements l’hiver dernier qui ont tué sa femme et un fils.

« J’ai choisi cette région parce qu’elle est proche de la frontière turque. Si quelque chose arrive, nous pouvons fuir vers la Turquie à pied », a déclaré le corpulent de 64 ans vêtu d’une longue robe sombre.

À vol d’oiseau, la frontière turque se trouve à seulement 4 kilomètres (2,5 miles).

« Cet endroit est loin de la foule et du bruit », a-t-il ajouté, se disant lui aussi surpris par le nombre de personnes vivant à proximité des camps.

Les familles de Hassan et Jaour ont fui leurs maisons plus au sud lors d’une offensive menée par le régime entre décembre de l’année dernière et mars à Idlib.

Un accord de cessez-le-feu conclu par la Turquie et la Russie, alliée du régime, a depuis en grande partie endigué les combats, mais moins d’un quart sont revenus.

Les autorités locales ont demandé aux familles vivant sur le site archéologique de Baqirha de partir, mais elles ont refusé jusqu’à ce qu’elles se voient offrir un autre abri.

« Nous nous sommes habitués à cet endroit », a déclaré Jaour, réticent à déraciner à nouveau la famille au début de la saison hivernale pluvieuse.

« Où pouvons-nous aller? »

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