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Chez les commerçants, la colère… et la grande peur de l’avenir

« On a envie d’être là dans cinq ans, dans dix ans »: au-delà de la colère immédiate et des inquiétudes sur les ventes pour la fin d’année, certains commerçants, durement éprouvés par le reconfinement, vont jusqu’à poser la question de leur avenir à plus ou moins long terme.

Il y a de la « colère », mais aussi beaucoup d’inquiétude. Pour Lola Mourier, qui tient depuis 15 ans une petite boutique de prêt-à-porter dans le cœur historique d’Arles (Bouches-du-Rhône), « la colère ne sert à rien. On n’est pas les seuls à être dans ce cas-là, on le voit au niveau européen et mondial ».

« S’il faut en passer par là pour pouvoir avancer et après revivre plus normalement plus tard, il faut le faire », confie-t-elle à l’AFP vendredi. « Il ne faut pas oublier aussi qu’il y a des gens à l’hôpital, qu’il y a des personnels soignants qui se battent au quotidien », qui « ont plus de raisons d’être en colère que nous, je pense. »

– « Ci-gît le commerce » –

Malgré tout, se pose la question de l’avenir du commerce: « On a envie d’être là dans cinq ans, dans dix ans et on a envie que les autres s’en sortent aussi parce qu’il faut que les autres tiennent pour l’attractivité du centre-ville », explique-t-elle encore.

« On sent des commerçants inquiets pour leur avenir », estime aussi Stéphane Paglia, président de la Chambre de commerce et d’industrie du pays d’Arles. « Pour les hôteliers-restaurateurs dans une ville touristique comme Arles, il y a une grande anxiété car on ne voit pas de perspective claire. Lors du premier confinement, il y avait de l’allant pour repartir mais maintenant c’est plus dur. »

Jean Castex a indiqué jeudi que, « si les données sanitaires le permettent », « des premières mesures d’allègement pourrait intervenir à compter du 1er décembre », « strictement limités aux commerces ». Mais peu de commerçants trouvent leur compte dans ces annonces, et surtout pas le secteur de l’hôtellerie-restauration, pour lequel n’existe « aucune espérance de réouverture rapide », dixit l’Union des métiers des industries de l’hôtellerie.

A Nantes, entre 120 personnes selon la police et 300 personnes selon l’association « Plein centre » se sont réunies vendredi sur la place du Commerce pour déposer une gerbe de fleurs: « Ci-gît le commerce nantais ». Tout autour de la place, des commerçants avaient placardé cette affiche sur leurs devantures fermées.

« Je suis en décoration, ameublement, cadeau, autant vous dire que le mois de novembre, ça pèse deux mois et demi de chiffre d’affaires », a expliqué à l’AFP Sandrine Wroblewski. « C’est irrécupérable, d’être fermé comme ça en deux jours avec rien pour se retourner, c’est insupportable. On a le sentiment d’une profonde injustice, parce qu’on est considérés comme nonessentiel, il y a une espèce de dédain qui est très difficile à vivre. »

– « L’ambiance se tend » –

« On espérait tous un petit peu, on est déçus », réagit Sophie Gondreau, gérante d’un magasin de chaussures pour enfants à Grenoble. « Le gouvernement a beau nous proposer des aides, c’est mieux que rien, mais on voudrait bosser. »

« Castex a été catégorique sur le fait que les mariages resteraient limités à six personnes, il n’a même pas laissé entrevoir un espoir », déplore aussi Brigitte Poupon, propriétaire depuis 32 ans d’une boutique de robes de mariées et de cocktails à Dijon. Et « quand bien même on rouvrirait le 1er décembre, le maintien de l’attestation empêchera certains de mes clients qui viennent de loin de se déplacer. »

« Les plus en souffrance sont ceux qui ont créé ou repris un commerce il n’y a pas très longtemps », alerte aussi Patrick Seguin, président de la CCI Bordeaux-Gironde. « Là, on est en train de créer de la paupérisation. L’ambiance se tend. Certains parlent de manifestations ».

« La colère gronde de plus en plus », estime aussi Thierry Radice, de l’association de commerçants « Les vitrines d’Annecy ». « Les gens ont l’impression qu’il y a deux poids deux mesures entre les petits commerces et les grandes surfaces avec des règles sanitaires qui ne sont pas similaires ». Mais « fermer les grandes surfaces, qui ont bénéficié du premier confinement de manière considérable », comme il le demande, serait-il suffisant pour apaiser les colères et les craintes?

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