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Dominic Cummings, influent Brexiter conseiller de Boris Johnson, va quitter Downing Street

Dominic Cummings, le très influent mais controversé architecte de la campagne pour le Brexit, s’apprête à quitter son poste de conseiller spécial du Premier ministre Boris Johnson d’ici à la fin de l’année, affaibli par des luttes intestines à Downing Street.

Les « rumeurs sur mes menaces de démissionner sont inventées », a-t-il dit à la BBC, après des spéculations selon lesquelles il emboîterait le pas au directeur de la communication du 10 Downing Street et son allié du camp « Leave », Lee Cain.

Mais ma « position n’a pas changé depuis mon blog de janvier », a-t-il précisé, dans lequel il avait écrit vouloir se rendre « largement inutile » d’ici à la fin 2020.

Le départ annoncé de ce Brexiter pur jus a entraîné la livre sterling à la hausse, certains cambistes y voyant un signal positif pour les négociations post-Brexit.

Des luttes pour le pouvoir à « N°10 » ont déjà conduit Lee Cain à démissionner mercredi, des députés conservateurs s’étant opposé à sa nomination comme directeur de cabinet, selon les médias britanniques.

Dominic Cummings, bientôt 49 ans, s’était fait de nombreux ennemis, y compris dans le camp conservateur, depuis sa nomination avec l’arrivée au pouvoir de Boris Johnson en juillet 2019, avant le ras-de-marée électoral de ce dernier en décembre.

Le poids considérable qu’il a pris auprès du Premier ministre, son approche combative et son désir de vouloir tout contrôler, selon la presse, a conduit à un climat de tension permanent au sein de l’exécutif et des conservateurs.

A couteaux tirés avec l’administration, en raison de son désir de refaçonner la fonction publique, il est soupçonné d’avoir été à l’origine d’une série de limogeages d’assistants ministériels accusés de ne pas défendre avec assez de vigueur la cause du Brexit.

Selon une source gouvernementale citée par la BBC, son départ sera acté d’ici à Noël.

« Les conseillers vont et viennent », a commenté le ministre des Transports, Grant Shapps, sur Sky News. « Il nous manquera, mais nous évoluons vers une phase différente », le Brexit et le déploiement de tests massifs durant la pandémie, que M. Cummings a contribué à mettre en place, touchant au but.

« Dans tous les gouvernements, il faut des gens qui secouent les choses et proposent des idées, c’est ce qu’il a été », a-t-il ajouté.

– Rétablir le dialogue –

Ces bouleversements au coeur du pouvoir interviennent alors que le Royaume-Uni et l’Union européenne ont entamé un sprint final de négociations pour tenter d’aboutir à un accord commercial avant la fin de la période de transition post-Brexit le 31 décembre.

Un « no deal » à l’issue de cette période, durant laquelle les règles européennes continuent de s’appliquer, impliquerait le rétablissement de droits de douane et de quotas entre Londres et les 27, potentiellement dommageables pour des économies déjà fragilisées par la pandémie.

Selon le journal The Times, Boris Johnson souhaite renouer un dialogue apaisé avec les députés conservateurs et adopter une approche « moins dogmatique » face à l’Union européenne.

Certains y voient aussi une tentative de modérer sa ligne après l’élection du nouveau président américain Joe Biden, pro-Européen.

« C’est tout simplement faux », a réagi un porte-parole de Boris Johnson, sans confirmer le départ de M. Cummings. « La position du gouvernement (…) est inchangée », a-t-il poursuivi: il veut un accord respectant « totalement la souveraineté du Royaume-Uni ».

Pour le député conservateur Bernard Jenkin, le départ de Dominic Cummings permettra de rétablir « le respect, l’intégrité et la confiance » qui « faisaient défaut ces derniers mois » entre les parlementaires et l’exécutif. « Aucun Premier ministre ne peut se permettre d’avoir un seul conseiller (…) qui domine les communications de son gouvernement », a-t-il dit sur la BBC.

Dans l’opposition travailliste, le député David Lammy, a estimé sur Twitter que le Brexiter aura eu « l’une des influences les plus néfastes de l’histoire moderne sur le gouvernement britannique », laissant derrière lui une culture d' »intimidation, de tromperie, d’hypocrisie et d’orgueil démesuré ».

En mai, Boris Johnson avait volé au secours de son conseiller lors du scandale suscité par ses déplacements en plein confinement, alors interdits. Cette affaire, qui avait choqué l’opinion publique, avait embarrassé le dirigeant, déjà vivement critiqué sur sa gestion de la crise sanitaire.

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