in

Newark, symbole de la résurgence du Covid dans le nord-est des Etats-Unis

Avec son taux de cas positif à 19%, la ville de Newark, aux portes de New York, incarne la résurgence du coronavirus dans le nord-est des Etats-Unis, région jusqu’ici préservée par cette deuxième vague qui frappait déjà le reste du pays et l’Europe depuis plusieurs semaines.

Dans les rues d’Ironbound, l’un des quartiers animés de cette ville de 280.000 habitants – la plus peuplée du New Jersey- tout tourne au ralenti. Et avec la chute de la température et le crachin, les nombreuses terrasses aménagées pour cause de pandémie sont vides.

« Depuis qu’ils ont annoncé, il y a deux semaines, que les taux (de cas positifs) à Newark étaient quasiment le double de ceux de l’Etat (du New Jersey), c’est une ville morte », se lamente Belinda Luis, co-propriétaire de la salle de sport Evolution Fitness.

Ville où la population blanche est très minoritaire, avec un revenu par ménage qui n’atteint pas le quart de la moyenne du New Jersey, Newark enregistre actuellement plus de 200 nouveaux cas de Covid-19 par jour.

Malgré les critiques, le maire Ras Baraka a décrété un couvre-feu de 21H00 à 05H00 en semaine à partir de ce jeudi, qui s’ajoute à la fermeture obligatoire des commerces non essentiels à 20H00 chaque soir, mise en place fin octobre.

« Nous ne faisons pas la moitié des choses que nous avions faites » au printemps, au premier pic de la pandémie, a expliqué jeudi M. Baraka, lors d’un point presse. « D’ailleurs, peut-être que nous devrions, parce que la propagation est au même niveau. »

« Il y a encore des gens qui ne veulent pas porter de masques », se désole Bola Ayuba, étudiant à l’université Rutgers, qui a un campus à Newark. « Ils n’y croient pas. »

Si Newark est un cas extrême, c’est tout le New Jersey qui est désormais frappé par cette seconde vague redoutée depuis des mois.

Cet Etat, qui présente l’une des plus fortes densités de population du pays, a enregistré pas moins de 3.517 nouveaux cas lors des dernières 24 heures, plus de sept fois le total constaté il y a un mois.

Le gouverneur démocrate Phil Murphy a décrété, à partir de jeudi, la fermeture à 22H00 des restaurants et des bars dans tout l’Etat.

Pour autant, il revendique une approche graduée, jugeant la situation « différente » de la première vague: la meilleure capacité à tester et les équipes de traceurs autorisent une stratégie ciblée, a-t-il expliqué jeudi.

Stratégie mesurée également dans l’Etat voisin de New York, où le taux de positivité reste limité à 2,95% pour l’instant.

Le gouverneur Andrew Cuomo a lui aussi annoncé, à partir de vendredi, la fermeture obligatoire des bars et restaurants à 22H00 et l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes.

Le maire de New York, Bill de Blasio, a aussi évoqué jeudi la possibilité de fermer les écoles de la ville si le taux de cas positif atteignait 3% (2,60% actuellement).

– La lassitude s’installe –

Après avoir résisté efficacement à la résurgence intervenue dans de nombreuses régions du pays, le nord-est des Etats-Unis est désormais en alerte, de la Pennsylvanie au Maine.

« La lassitude est en train de s’installer », constate Ras Baraka. L’annonce de l’arrivée prochaine d’un vaccin a aussi tourné quelques têtes.

Le gouverneur Phil Murphy voit arriver avec crainte la fête de Thanksgiving, le 26 novembre, traditionnel moment de retrouvailles en famille aux Etats-Unis, plus encore que Noël.

Tout rassemblement dépassant les membres d’un même foyer « et vous risquez de transformer votre salle à manger en foyer de Covid », a-t-il mis en garde jeudi.

A Ironbound, quartier à forte population brésilienne et hispanique, beaucoup s’alarment des libertés que prennent de nombreux habitants de Newark avec le protocole sanitaire.

« Durant tout ce temps, les restaurants brésiliens ont continué à accueillir des fêtes, discrètement, dans le jardin, ou ils ont créé des bunkers », assure Belinda Luis, qui possède également un restaurant.

Et maintenant que Newark est placé sous un régime plus strict que le reste de l’Etat, dit-elle, « les gens vont dans ces boîtes de nuit à côté, reviennent avec le virus et c’est Newark qui paye le prix ».

« Si ça ne redescend pas (le taux de contamination), ils vont tout fermer de nouveau », redoute celle dont la salle de sport est restée fermée de mars à mi-août. « Ca détruit la ville. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    « une voie à explorer », selon Fesneau

    L’Irak ferme des camps de déplacés, dernier « refuge » pour des familles vulnérables