in

le procès s’est ouvert à Paris

Le carnage a probablement été évité de justesse, grâce à l’intervention de passagers qui ont maîtrisé le tireur. Le procès de l’attentat déjoué du train Thalys à l’été 2015, commandité par le coordinateur des attaques du 13-Novembre, s’est ouvert lundi à Paris.

L’audience devant la cour d’assises spéciale a débuté à 10H30, avec un long rappel du président des consignes sanitaires, afin que « ce Covid ne perturbe pas le déroulement des débats ».

Il a ensuite demandé aux quatre accusés, dont trois s’expriment via un interprète en arabe, de se présenter. Debout dans le box, le tireur du Thalys, Ayoub El Khazzani, Marocain aujourd’hui âgé de 31 ans, est vêtu d’une chemise en jean bleu ciel, ses cheveux noirs retenus dans un petit chignon. Il décline son identité, dans un français un peu hésitant, et son ancienne profession : « pâtisserie ».

A ses côtés dans le box, Bilal Chatra, qui avait joué le rôle d’éclaireur sur la route des migrants entre la Turquie et l’Allemagne, Redouane El Amrani Ezzerrifi et Mohamed Bakkali, le logisticien présumé des attentats du 13-Novembre. Ces deux derniers sont accusés d’avoir aidé El Khazzani à arriver en Europe, ce qu’ils nient.

Ayoub El Khazzani avait rejoint le groupe Etat islamique en Syrie en mai 2015. A l’été, il avait pris la route vers l’Europe depuis la Turquie avec son commanditaire, venu piloter depuis la Belgique la cellule jihadiste qui préparait aussi les attentats du 13-Novembre à Paris: Abdelhamid Abaaoud.

Selon les enquêteurs, l’attaque du Thalys s’inscrit dans une série d’attaques jihadistes projetées depuis la Syrie: celle, avortée, contre une église de Villejuif, en région parisienne, perpétrée en avril 2015 par Sid-Ahmed Ghlam, récemment condamné à la réclusion à perpétuité, les attentats de novembre à Paris puis ceux du 22 mars 2016 à Bruxelles.

Le 21 août 2015, en fin d’après-midi, El Khazzani, alors 25 ans, monte en gare de Bruxelles dans le train Amsterdam-Paris. Il entre aux toilettes, retire sa chemise, place un pistolet dans sa ceinture et une kalachnikov en bandoulière. Son sac posé sur le ventre est ouvert, chargeurs et munitions à portée de main.

Devant les toilettes, deux passagers attendent. Quand la porte s’ouvre et qu’ils se retrouvent face à cet homme torse nu, armé, « l’air en transe », ils croient d’abord à une plaisanterie. Avant de comprendre.

Le premier passager se jette sur lui, le deuxième parvient à attraper la kalachnikov. Ayoub El Khazzani sort son pistolet, lui tire dans le dos, et récupère le fusil d’assaut.

Trois Américains en vacances, dont deux militaires, sont alertés par le bruit. Ils se jettent sur lui, le désarment et le maîtrisent avec l’aide d’autres passagers. Le train est arrêté en gare d’Arras, l’auteur de l’attaque interpellé.

« Il avait assez de munitions pour tuer 300 personnes », insiste Me Thibault de Montbrial, qui représente les Américains et ne doute pas qu’un « attentat de masse » a été évité.

– 18 mois de silence –

Après un an et demi de silence, 130 morts à Paris et 32 à Bruxelles, Ayoub El Khazzani avait demandé à être entendu par les enquêteurs. Il leur avait assuré qu’Abdelhamid Abaaoud, tué par la police peu après le 13-Novembre, lui avait demandé de ne viser que les Américains, pas les civils.

Un argument jugé « pas sérieux », alors que le même Abaaoud préparait à ce moment-là les attaques du 13-Novembre contre des civils. La présence des Américains dans ce train était en outre impossible à anticiper.

Célébrés en héros en France, où ils ont reçu la légion d’honneur à l’Elysée, et à leur retour aux Etats-Unis, les trois Américains aujourd’hui âgés de 28 ans seront présents à l’audience jeudi et vendredi, quand sont prévus les témoignages des passagers du train, a indiqué leur avocat devant la cour.

Mark Moogalian, le professeur franco-américain blessé par balles, est lui présent dans la salle avec sa femme.

En 2018, Moogalian, sa femme et les trois jeunes Américains avaient joué leur propre rôle dans un film de Clint Eastwood, « le 15H17 pour Paris ». Le réalisateur de 90 ans devrait à ce titre être entendu comme témoin par visioconférence la semaine prochaine.

Le procès, qui doit durer jusqu’au 17 décembre, s’ouvre dans un contexte de forte menace terroriste après une succession de trois attentats en un mois, devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, à Conflans-Saint-Honorine et à Nice.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    échanges de tirs entre l’armée marocaine et le Polisario

    Ntamack forfait pour l’Ecosse, Carbonel appelé