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Pour le « calvaire » de Yanis, 28 ans requis contre son beau-père

Pour le « calvaire » subi par Yanis, 5 ans, mort par une « triste nuit d’hiver » en 2017 parce qu’il avait fait pipi au lit, l’accusation a requis vendredi 28 ans de réclusion criminelle contre son beau-père et cinq ans de prison dont 30 mois avec sursis contre sa mère.

L’avocat général devant la cour d’assises du Pas-de-Calais à Saint-Omer, Patrick Leuleu, s’en est dit « convaincu »: « L’intention d’homicide, qui est un élément difficile dans ce dossier, est caractérisée ».

Car le principal accusé, Julien Masson, 34 ans, « un homme adulte, pénalement responsable », ne « pouvait pas ignorer que les violences exercées » contre Yanis « auraient des conséquences ».

Et d’énumérer: « Vous avez les coups, vous avez les violences, cette hypothermie grave », Yanis ayant « été immergé habillé dans le canal », proche du cabanon d’Aire-sur-la-Lys où le couple passait le week-end.

Le ministère public a réclamé également un suivi socio-judiciaire de cinq années avec injonction de soins contre cet homme dont il a stigmatisé « l’insuffisance, l’absence » d’explications. Il n’aura montré à la cour qu’un « rideau de fumée ».

Quant à la mère, Emilie Inglard, 23 ans au moment des faits, dans la nuit du 5 au 6 février, « elle va s’associer à cette décision de punition », estimant que cela « remettra les idées en place » à son fils. .

« Madame, vous avez gravement failli le soir des faits », conclut l’avocat général, s’adressant à elle.

L’accusé a fini par admettre jeudi soir, sur la défensive, sa « responsabilité », mais nié toute intention criminelle, assurant avoir provoqué la mort « accidentellement ».

Selon l’enquête, il a quitté vers 00H30 le cabanon, un lieu « sinistre, effrayant » selon Patrick Leleu, pour emmener l’enfant courir au bord du canal proche, par une température de cinq degrés. Il voulait le punir d’avoir fait « pipi au lit ».

– « Frustration » –

A l’arrivée des secours près de trois heures plus tard, Yanis gisait défiguré sur une veste, en hypothermie et trempé, le corps couvert d’une trentaine de contusions, pour certaines anciennes. Il avait une dent cassée, des traces de strangulation et une plaie sanguinolente au cuir chevelu.

« J’ai mis un coup de lampe (…) sec, j’ai pas voulu faire fort », a dit son beau-père jeudi, reconnaissant pour la première fois que ce coup pouvait avoir provoqué le décès, et quelques violences antérieures au jour du drame.

« Ce qu’il nous dit ne correspond pas, (…) n’explique pas la moitié des plaies », qui révèlent « un véritable calvaire », a lancé vendredi matin Me Anne Simar, avocate d’une des parties civiles.

« Les proches veulent la vérité ! », ont clamé les sept avocats des parties civiles.

Ils ont soulevé les « incohérences du récit » avec les « vérités scientifiques », comme la présence d’algues sur l’enfant, l’accusé jurant ne pas l’avoir immergé dans le canal.

« Ce pipi au lit n’était qu’un prétexte », dans un contexte de tension extrême au sein du couple, où l’enfant « pouvait être encombrant », a estimé l’avocat de l’association Enfance et partage, Jean-Philippe Broyart.

Quelques heures avant le drame, Yanis, « cet enfant battu, malheureux », avait dit à son beau-père vouloir retourner vivre chez son père, a-t-il rappelé, les psychiatres y voyant un possible catalyseur pour cet homme « sensible, vulnérable à la frustration ».

– « Enfants fantômes » –

Mais la mère « aurait pu, aurait dû sauver Yanis », a jugé Me Yves Crespin, avocat de l’association l’Enfant bleu.

La jeune femme assure n’avoir « pas pris conscience » à temps des violences de son compagnon. Marquée par l’absence de son père dans l’enfance, elle était « en quête affective » permanente, dépendante et passive, selon des experts psychiatre et psychologue.

Chaque jour, deux enfants « meurent de maltraitance en France », a rappelé Me Broyart, déclenchant des sanglots dans la salle.

Au moment de délibérer, a ajouté Me Crespin, « vous n’oublierez pas Yanis, l’un de ces enfants fantômes, qui passent sous les radars ».

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