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Les Burkinabè aux urnes pour une présidentielle sous menace jihadiste

Les Burkinabè votaient dimanche pour élire leur président dans un contexte tendu, illustré par la fermeture de bureaux en cours de journée face à des « menaces », dans ce pays en proie à des attaques jihadistes incessantes.

Roch Marc Christian Kaboré, élu en 2015 et qui brigue un second mandat, fait figure de favori. Il est opposé à 12 adversaires, dont Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition, et Eddie Komboïgo, candidat du parti de l’ex-président Blaise Compaoré, dont le régime tombé il y a six ans fait l’objet d’une nostalgie croissante.

Quelque 6,5 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour ce double scrutin présidentiel et législatif.

« Il y a un certain nombre de bureaux de vote qui avaient ouvert dans l’Est et dans d’autres régions qui ont dû fermer en raison des menaces », a déclaré à la mi-journée, le président de la Commission électorale Newton Ahmed Barry, sans plus de précision sur le nombre de bureaux fermés et la nature de ces menaces.

« Des individus ont interdit aux populations de prendre part au vote », a-t-il ajouté lors d’un bilan à la mi-journée, estimant néanmoins que « dans l’ensemble (…) tout se passe bien ».

La fermeture de bureaux de vote a été confirmée à l’AFP par une source sécuritaire dans l’Est: « compte tenu des menaces d’individus armés, ils (bureaux) ont refermé ».

– « Pas la priorité » –

A Arbinda, dans le nord du pays, « en tant normal on a cent bureaux de vote mais on a pu (en) ouvrir vingt-cinq », a expliqué le président de la Commission électorale.

Début novembre, la Cour constitutionnelle avait constaté que l’élection ne pourrait se tenir sur 17,7% du territoire, faute d’une présence de l’Etat, administrative et sécuritaire, suffisante.

Dans certains endroits du Nord, « il n’y a pas d’élection, et c’est loin d’être la priorité des populations qui cherchent d’abord à éviter de se faire tuer par une partie ou l’autre du conflit », avait souligné à l’AFP un expert des questions de sécurité dans la région de Dori.

Ailleurs, les électeurs qui ont jusqu’à 18h pour déposer leurs bulletins dans les urnes, ont pu voter sans problème.

« J’attends beaucoup de bonnes choses pour le pays à venir: d’abord un président qui sera à la hauteur de la situation sécuritaire et aussi des députés qui vont voter des lois à même de nous apporter le développement », a témoigné à la sortie de son bureau de vote dans la capitale Christian Koula.

« On attend beaucoup de la sécurité. On sait que ce n’est pas facile mais on aimerait qu’il y ait la paix, qu’il y ait le pardon entre les Burkinabè et qu’on puisse vivre ensemble tranquille », a estimé Abdoulaye Koula, un autre électeur de Ouagadougou.

– Opposition désunie –

Considérés comme les deux outsiders les plus sérieux, Diabré et Komboïgo, ainsi que quatre autres candidats, ont fait monter la pression samedi en dénonçant des risques de fraude, menaçant de ne « pas accepter des résultats entachés d’irrégularité ».

M. Diabré a jugé « inconcevable » qu’un parti puisse gagner « dès le premier tour ».

M. Kaboré est donné favori face à une opposition qui n’a pas réussi à s’unir, malgré un bilan très critiqué sur le plan de la sécurité par ses détracteurs et les observateurs, qui le taxent d’immobilisme.

Dimanche matin, après avoir voté dans son quartier de Ouagadougou, il a réagi à ces accusations de fraude: « les polémiques, c’est pour un autre jour ».

Pays sahélien, le Burkina Faso vit ses heures les plus sombres depuis l’indépendance de cette ancienne colonie française en 1960, s’enfonçant depuis cinq ans dans une spirale de violences jihadistes et intercommunautaires.

– Milices –

Les attaques des groupes jihadistes – certains affiliés à Al-Qaïda, d’autres à l’organisation Etat islamique -, souvent entremêlées de violences intercommunautaires, et la répression violente des forces de sécurité ont fait au moins 1.200 morts et chassé de leurs foyers un million de personnes, qui s’agglutinent dans les grandes villes.

Aucune mesure spécifique n’a été prise pour que ces déplacés puissent voter.

Signe de la tension ambiante dans le pays, un citoyen américain a été tué samedi par des forces de sécurité devant un camp militaire de Ouagadougou.

Dans les zones touchées par les exactions jihadistes, les autorités affirment que des forces de sécurité ont été déployées pour sécuriser le scrutin, mais aucun chiffre ou détail n’a été donné.

Des milices villageoises ont été créées par les autorités début 2020 avec l’aval de toute la classe politique ou presque. Leur nombre réel reste inconnu – plusieurs milliers selon les estimations – mais elles devaient jouer un rôle dans la sécurisation du scrutin dans les campagnes.

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