Les professionnels de la montagne devront encore attendre pour savoir s’ils pourront débuter leur saison aux vacances de Noël, une décision qui sera prise « dans les dix prochains jours », leur a annoncé lundi Matignon, en fonction d’une situation sanitaire pour l’heure toujours très dégradée.
« La question » d’ouvrir ou de laisser fermées les stations de ski pour les vacances de fin d’année « n’est à ce jour pas tranchée, les deux options étant encore envisagées compte tenu des incertitudes sur l’évolution de la situation sanitaire », ont annoncé les services du Premier ministre dans un communiqué.
« Compte tenu des temps de préparation nécessaires pour permettre une éventuelle ouverture pour les vacances de fin d’année, une décision sera prise dans les dix prochains jours », a précisé Matignon, en indiquant que les critères sanitaires seront « essentiels », mais aussi la coordination avec les « pays voisins ».
Une « coordination européenne est menée à l’initiative de la France », a-t-on indiqué à Matignon. Pour l’heure, certains pays comme l’Italie et l’Allemagne penchent pour rester fermés, tandis que d’autres comme l’Autriche hésitent.
A la mi-journée les organisations du secteur, Association nationale des maires de stations de montagne, Domaines skiables de France…, de l’hôtellerie restauration – Umih, GNI – et du tourisme – Alliance France Tourisme, UNPLV (plateforme de locations touristiques) avaient participé à une visio-conférence organisée par Matignon avec Jean Castex entouré notamment des ministres de l’Économie, Bruno Le Maire et du Travail, Élisabeth Borne.
Lors d’un point sur la pandémie, leur a été brossé le tableau d’une situation sanitaire particulièrement tendue dans la région alpine: la Haute-Savoie présente encore le taux d’incidence le plus élevé de France (485,4/100.000 hab) juste devant la Savoie voisine (385,9/100.000) et l’Isère (365,2/100.000).
Cela fait craindre aux autorités que les hôpitaux déjà engorgés par les malades du Covid-19 ne puissent pas accueillir les accidentés du ski.
– Protocole sanitaire peaufiné –
« On souhaite ardemment une ouverture mais pas au détriment de la santé publique », a déclaré à l’AFP Jean-Luc Boch, président de l’Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM).
« Il nous semble raisonnable de laisser place à la santé pour avoir une réponse ferme entre le 5 et le 8 décembre », a renchéri de son côté Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France (DSF).
Les professionnels ont assuré que « tout sera fait pour mettre en place des dispositifs de tests, les gestes barrières, pour que la saison démarre comme les années dernières », a rapporté Raymond Mudry, vice-président du conseil départemental de Haute-Savoie.
Un protocole sanitaire est peaufiné depuis des semaines sous l’égide du préfet de la Savoie en cas de réouverture des stations, un enjeu crucial pour le secteur de l’or blanc – 350 stations en France, 10 milliards de retombées économiques, 120.000 emplois saisonniers – qui réalise 13,5% de sa fréquentation lors de l’avant-saison et 13% environ à Noël.
Pour Hervé Gaymard, le président du conseil départemental de Savoie qui représente « 45% du ski français », « l’important est que quand les stations ouvriront, tout aura été anticipé ». Selon lui l’interrogation principale concerne le secteur de l’hôtellerie-restauration, alors que « certaines activités peuvent rester fermées, même si l’on rouvre les stations ».
Didier Chenet, président du GNI, le syndicat patronal des indépendants du secteur, a appelé à davantage d’aides en cas de fermeture, évoquant le « problème des loyers » des exploitants, qui doivent régler les leurs et ceux des saisonniers, ce qui « peut représenter des sommes considérables ».
Alors que les restaurants resteront très probablement fermés sur le reste du territoire pendant les fêtes de fin d’année, M. Chenet a aussi souligné qu’en montagne, où la « quasi-totalité des hôtels sont des hôtels-restaurants », si « l’on ferme administrativement les restaurants, il faut fermer aussi les hôtels ».
Ces derniers pourront ainsi « être dans le périmètre des établissements aidés, ce qui n’est pas le cas actuellement », a-t-il souligné, en demandant « une aide proportionnelle au chiffre d’affaires ».
La principale organisation de l’hôtellerie restauration, l’Umih, a également souhaité que « les restaurants puissent accueillir leurs clients sur place » et rappelé que les protocoles sanitaires constituent « des barrières efficaces contre la propagation du virus ».
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