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Confinement, précarité,… « peu importe les difficultés » pour un étudiant malgache

« Même avant le confinement, on était dans une situation précaire », déplore Mampiandry Randrimiharisoa, étudiant malgache arrivé à Lyon depuis un an, qui multiplie les astuces avec sa compagne pour joindre les deux bouts.

Tirant un chariot de marché, le jeune homme de 23 ans, cheveux tirés en chignon sur le crâne, patiente dans la longue file d’attente qui s’étire devant la faculté de médecine, dans le 8e arrondissement. Comme lui, des centaines d’étudiants sont venus chercher des produits alimentaires et de première nécessité distribués par l’association Gaélis.

Une aubaine pour l’étudiant en sciences de l’éducation et sa compagne, qui « rognent sur l’alimentation car le reste de leur budget est constitué de charges fixes » – loyer, électricité, internet…

Pour tenir leur budget alimentaire limité à 140 euros par mois, ils comparent dans les différents supermarchés les prix de chaque produit.

Dans leur deux-pièces coquet, obtenu à grand-peine à leur arrivée en France et garni de mobilier de récupération, le couple affiche sa désillusion, déplorant avoir été mal informé avant leur départ sur les obstacles qui allaient se dresser sur leur route.

Aux tracasseries administratives liées à leur statut d’étudiants étrangers et le non-accès aux logements du Crous ou aux bourses durant leur première année, s’est ajoutée leur méconnaissance du marché du travail et, pour couronner le tout, la survenue de la crise sanitaire.

Mampiandry, qui travaillait à Madagascar, avait économisé pendant deux ans pour financer la reprise de ses études en France. Pour plus de confort, il pensait trouver « facilement » un emploi étudiant, quitte à en cumuler plusieurs afin d’épargner.

Las, ses candidatures n’ont reçu que des réponses négatives « même pour des emplois pas qualifiés », entraînant un « manque de confiance en lui ».

« On avait tout faux sur notre perception de la vie étudiante en France », résume le jeune homme issu d’un milieu modeste et seul parmi ses six frères et soeurs à poursuivre des études supérieures.

– « 800 euros » pour deux –

Ils vivent à deux sur un budget d' »à peu près 800 euros », dont une partie provient des économies de la mère de sa compagne.

« 800 euros, c’est le salaire moyen annuel d’un cadre à Madagascar, », relève-t-il. Alors, « peu importe les difficultés », relativise le jeune homme qui souhaite « être utile à son pays » en y devenant enseignant spécialisé dans la prise en charge du handicap, et qui s’interdit donc toute complainte.

Depuis septembre, Mampiandry est employé comme vacataire par l’université pour gérer la salle informatique. « Je n’ai pas de revenu fixe car je travaille en fonction des heures effectuées mais cet emploi nous a vraiment aidés », précise-t-il.

Sa compagne Tsarisa Rakotozafy, va bientôt débuter un travail de télé-enquêtrice pour l’université. « Ca va alléger ma mère mais ça ne va pas changer grand chose à notre budget », estime-t-elle.

Ces emplois apportent une respiration financière bienvenue mais travailler pèse sur leurs études, selon Mampiandry, qui peinait déjà à acquérir l’autonomie réclamée par les cours en distanciel mis en place depuis le confinement.

« Etudiant, c’est un travail à plein temps qui ne génère pas de revenu et avec les heures de travail à côté, on n’a plus de temps libre et on est donc en pression continue », explique-t-il de sa voix calme, dont le débit lent masque son « stress ». Un état que Mampiandry éprouve « pour la première fois de sa vie ».

Le couple ne baisse pas les bras : « Quand l’un est à la limite de ce qu’il peut supporter, l’autre essaie de fournir un soutien psychologique et vice versa », selon Mampiandry.

Tsarisa, elle, tient à aller jusqu’au bout de son cursus pour « rendre fière » sa mère. « Et à la clé, j’aurai quelque chose à apporter à mon pays », poursuit la jeune femme.

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