Les Brésiliens ont voté dimanche pour leurs maires au 2e tour de municipales qui ont valeur de test à deux ans de la présidentielle et où les duels de Sao Paulo et Rio de Janeiro ont concentré l’attention.
Dans quelques grandes villes, comme Porto Alegre, une gauche progressiste incarnée par une nouvelle génération de candidats espère l’emporter, alors que le Parti des travailleurs (PT) de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva a perdu des dizaines de municipalités au 1er tour.
L’institut Ibope a annoncé qu’il ne publierait pas de sondages de sortie des bureaux de vote, qui venaient de fermer. Les résultats étaient attendus vers 22H00 (lundi 01H00 GMT).
Ces municipales – premier test électoral à mi-mandat pour Jair Bolsonaro – vont donner une idée des forces en présence avant la présidentielle de 2022 où le chef de l’Etat d’extrême droite se représente.
Les partis traditionnels du centre et du centre droit sont sortis renforcés du 1er tour du 15 novembre. Autre revers pour M. Bolsonaro, neuf des 13 candidats qu’il avaient soutenus ont été battus. A Rio comme à Fortaleza (nord), ses candidats devraient être défaits dimanche soir.
Sans parti depuis un an, Jair Bolsonaro « n’est pas en grande forme pour 2022 », estime le politologue David Fleischer, de l’Université de Brasilia.
« Le gouvernement fédéral est une catastrophe », estime une électrice de Sao Paulo, Vanise Santos, « nous voulons un gouvernement qui fasse le boulot », ajoute-t-elle alors que le déni de M. Bolsonaro face à la pandémie de coronavirus lui a valu une avalanche de critiques.
Les électeurs avaient été encouragés à apporter leur propre stylo et ont dû voter masqués, en observant la distanciation dans les files d’attente pour ce scrutin assombri par l’épidémie qui a fait plus de 172.000 morts en huit mois au Brésil.
Quelque 38 millions de Brésiliens devaient élire pour quatre ans les maires et conseillers municipaux de 57 villes, dont 18 des 26 capitales d’Etat.
– Sao Paulo et Rio –
A Sao Paulo, capitale économique du Brésil et plus grande métropole d’Amérique latine avec 12,5 millions d’habitants, le maire sortant Bruno Covas, du PSDB (centre droit), est favori, selon l’institut Datafolha, avec 55% des intentions de vote devant Guilherme Boulos (45%), du Parti socialisme et liberté (Psol).
M. Boulos, est, à 38 ans, le nouveau visage d’une gauche qui tente de renaître de ses cendres et est perçu comme un possible successeur de Lula, leader historique.
Contaminé par le coronavirus, il n’a pas pu aller voter. En quarantaine, il est apparu sur le balcon de son domicile exhibant un panneau « On va inverser le cours des choses ».
Mais M. Covas, 40 ans, est aussi un battant. Il lutte depuis sa mairie contre un cancer de l’appareil digestif et a comme mentor le gouverneur de Sao Paulo, Joao Doria, probable adversaire de Bolsonaro à la présidentielle.
A Rio de Janeiro, la messe est dite pour le maire sortant et ex-pasteur évangélique Marcelo Crivella, promis à une humiliante défaite dans la ville de 6,7 millions d’habitants. Il a été soutenu par le président Bolsonaro.
L’ancien maire Eduardo Paes (2009-2016), du parti DEM (centre droit) devrait largement l’emporter.
« Dès demain, nous travaillerons dur. Je donnerai mon sang, et tous mes efforts pour que Rio se remette en mouvement », a promis M. Paes en votant à Rio.
« On demande plus de sécurité dans les favelas et plus de travail, avec tout ce chômage », expliquait un électeur dans la grande favela de Rocinha, Antonio Reinaldo.
La ville de Recife (nord-est) a vu un psychodrame familial avec une lutte très serrée et acrimonieuse entre cousins et tenants de la jeune garde progressiste: Joao Campos, 26 ans, du Parti socialiste brésilien (PSB, centre gauche), et Marilia Arraes, 36 ans, du PT.
A Porto Alegre (sud) Manuela d’Avila, jeune elle aussi (39 ans) concourait sous l’étiquette du Parti communiste du Brésil, alliée au PT. Elle était dans un mouchoir de poche avec le candidat centriste Sebastiao Melo.
Ce scrutin s’est déroulé alors que le plus grand pays d’Amérique latine voit arriver une deuxième vague de coronavirus, après avoir été plongé dans la récession et avoir enregistré un niveau record de chômage, avec 14 millions de sans-emploi.
Les villes brésiliennes sont confrontées au manque de moyens dans la santé – particulièrement criant avec la pandémie – l’éducation, les transports publics ou le logement, mais aussi à l’endettement, la corruption et la violence.
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