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A Marcq-en-Baroeul, l’usine Carambar n’a plus le coeur à rire

Production au point mort, dialogue social « enlisé », arrêts de travail… une grève des salariés de l’usine Carambar à Marcq-en-Baroeul (Nord) contre une baisse de salaires qu’ils jugent « inacceptable » se prolonge jusqu’à faire craindre, à terme, une pénurie des célèbres caramels.

« C’est dur. On s’enlise dans un conflit depuis plusieurs semaines » souffle André Jorisse, secrétaire (FO) du CSE alors qu’un feu de palettes brûle devant l’usine historique, la seule au monde à produire, depuis 1954, l’iconique bâtonnet caramélisé.

Fin 2020, la direction a annoncé aux 112 salariés son projet de fermeture du site de Marcq-en-Baroeul, près de Lille, pour un déménagement à l’été sur la commune voisine de Bondues. Peu après, « on a appris qu’il y avait aussi un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) », raconte à l’AFP David Poure, délégué syndical FO et conducteur de machines, qui travaille sur le site depuis plus de 20 ans.

Le projet prévoit 105 offres de reclassement, avec « des baisses de salaires » pouvant aller jusqu’à 25%, selon les syndicats. « On va faire exactement le même travail 8 km plus loin, donc on ne voit pas pourquoi on devrait être moins bien payés », s’étonnent-il. « On veut bien participer au projet » de déménagement « mais il ne faut pas gratter sur les salariés encore plus ».

Depuis décembre, les débrayages s’enchainent et la production est désormais totalement arrêtée. « Énormément de salariés sont en arrêt maladie. Beaucoup ne comprennent pas, restent chez eux ou viennent avec la boule au ventre. C’est incroyable », renchérit M. Jorisse.

– Marché en déclin –

Se disant « consciente » de l' »effort demandé aux collaborateurs », la direction justifie sa décision par la volonté de « préparer l’avenir » en regroupant son activité sur un site « plus moderne », dans une vaste zone industrielle.

En outre, « on a un vrai problème de compétitivité » et « certains niveaux de rémunération sont déconnectés du marché », explique à l’AFP Thierry Gaillard, PDG du groupe » Carambar & Co » – racheté en 2017 par le fonds d’investissements Eurazeo qui possède notamment Lutti, Krema, Michoko et Malabar.

Il rappelle que ce plan intervient dans un « marché du bonbon en déclin », une décroissance « accélérée par la crise du Covid-19 » et « une forte concurrence ».

Toutefois, « les salariés conserveront leur ancienneté » et « le salaire sera maintenu pour environ 50% des offres de reclassement. Pour les autres, ce sera un ajustement contenu, jusqu’à 15% » de baisse maximum, assure M. Gaillard, soulignant que « les négociations avec les partenaires sociaux sont en cours ».

Ces chiffres cachent « une confusion » entre « la rémunération et le salaire de base », estime l’avocat du CSE et des syndicats, Me Stéphane Ducrocq. Dans les faits, « tous les salariés ont un certain nombre de compléments de salaires qui vont, eux, baisser de 32 à 52% », soit une baisse totale de la rémunération nette pouvant aller jusqu’à 22%

Il se dit « surpris » par le rythme « insuffisant » des négociations – une réunion hebdomadaire – « alors que les salariés sont dehors ». « Quand il y a un conflit social, il faut le résoudre! En plus, tout le monde y perd », s’alarme-t-il.

– « Déchirement » –

La crise pourrait-elle entraîner une pénurie des confiseries à l’emballage jaune estampillé d’une blague? « Aujourd’hui, il n’y a plus rien qui sort, donc tôt ou tard, on va forcément vers une pénurie », prévient David Poure.

« On a des pistes de sortie de crise », tempère M. Gaillard, et à ce stade « la grande majorité des magasins sont encore approvisionnés ». Mais « il pourrait y avoir des ruptures » si le conflit perdure pendant « des semaines ».

Le départ du site historique de Marcq-en-Baroeul, d’où sortent chaque année 7.500 tonnes de caramels, sera dans tous les cas « un déchirement », affirme le maire (LR) de la ville Bernard Gérard.

« Il y a un vrai attachement des habitants à ce site. Marcq-en-Baroeul, c’est le Carambar! », s’exclame-t-il. Un « lancer de Carambar » était même organisé au printemps depuis une vingtaine d’années dans la ville, rappelle-t-il.

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