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Deux documentaristes suédois en procès pour avoir violé le cimetière marin de l’Estonia

Deux Suédois sont jugés à partir de lundi pour avoir illégalement exploré l’épave de l’Estonia, dans le cadre d’un documentaire qui a relancé les interrogations sur le naufrage en 1994 du ferry estonien ayant fait 852 morts, surtout des Suédois et des Estoniens.

Le réalisateur Henrik Evertsson et l’analyste Linus Andersson, dont le procès s’est ouvert lundi matin à Göteborg (Ouest de la Suède), sont poursuivis pour avoir filmé avec un sous-marin télécommandé l’épave du ferry, interdite d’accès depuis 1995 par un accord international.

Leur documentaire « Estonia: la découverte qui change tout », diffusé en septembre sur la chaîne Discovery, avait révélé l’existence d’un trou de quatre mètres dans la coque, jusqu’ici inconnu.

La révélation avait relancé les doutes sur l’enquête officielle et poussé les pays riverains à entamer des démarches pour autoriser de nouvelles inspections officielles.

L’Estonia avait très rapidement sombré, de nuit, lors d’une tempête le 28 septembre 1994 entre Tallinn (Estonie) et Stockholm. Seules 137 personnes sur les 989 passagers et membres de l’équipage à bord ont survécu à la catastrophe, un des naufrages les plus meurtriers de l’ère moderne.

Le « cimetière marin », sanctuarisé par un accord entre la Suède, l’Estonie et la Finlande, interdit toute plongée sur l’épave gisant par 85 mètres de fond, où se trouvent encore de nombreux corps.

Les deux prévenus, les premiers à être jugés pour avoir enfreint l’accord, encourent une amende ou une peine pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement. Ce sont les gardes-côtes finlandais qui les avaient détectés en septembre 2019.

Les autres membres de l’équipe du documentaire ne sont pas poursuivis car ils ne sont pas ressortissants des pays signataires du traité.

Une commission d’enquête internationale avait conclu en 1997 à une déficience du système de verrouillage de la porte escamotable de proue de l’Estonia, ce qui avait permis à l’eau de s’engouffrer sur le pont réservé aux voitures.

Mais la version est restée contestée depuis des années, notamment par des survivants et des proches de victimes, sur fond de spéculations allant d’une collision avec un sous-marin à une explosion à bord.

Selon des experts interrogés dans le documentaire, seule une force massive venue de l’extérieur aurait pu provoquer une rupture de quatre mètres.

Jusqu’aux révélations du documentaire, les pays concernés s’étaient montrés extrêmement réticents à réexaminer les causes de la catastrophe.

Après sa diffusion, le gouvernement estonien avait appelé à ouvrir « dès que possible » une nouvelle enquête. En décembre, la Suède s’est dit prête à lever l’interdiction de mener de nouvelles plongées d’inspection de l’épave, avec un changement de loi devant entrer en vigueur mi-2021. jll/hdy/map/lch

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