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18 ans de réclusion pour l’instigateur italien à l’ego frustré

Un restaurateur italien à l' »ego frustré », principal organisateur de l’enlèvement à Nice en 2016 de Jacqueline Veyrac, une riche hôtelière de 80 ans, pour venger son échec à la tête d’une grande adresse gastronomique, a été condamné mercredi à 18 ans de réclusion criminelle.

Trente ans de réclusion avaient été requis à l’encontre de cet homme bavard de 67 ans, Giuseppe Serena, jugé avec 12 co-accusés depuis le 4 janvier par la cour d’assises des Alpes-Maritimes et considéré comme « l’instigateur » de ce rapt et d’une précédente tentative en 2013.

« Des réquisitions très élevées, équivalant à la peine de mort, vu son âge et sa santé fragile », avait dénoncé son avocat Me Corentin Delobel, « abasourdi » après le verdict. « A mon avis, on va faire appel », a-t-il ajouté, contestant « une décision disproportionnée ».

Devenu en 2007 gérant de La Réserve, une table mythique du bord de mer que Mme Veyrac lui avait louée, M. Serena avait connu le succès mais coulé l’affaire en moins de deux ans par sa mauvaise gestion, rejetant la faute sur la famille Veyrac, également propriétaire du Grand Hôtel, un cinq étoiles de la Croisette à Cannes.

– « Vos ongles ont été précieux » –

Au procès, il a fini par présenter des excuses et avouer une responsabilité dans l’enlèvement: « Non, ce n’était pas la haine (…) et pas non plus la soif de l’argent. Oui, peut-être mon ego frustré ».

Il a aussi surpris la cour par son culot: « Je m’excuse et je vous embrasse et je vous dis comme je disais à l’époque de La Réserve +Merci Tante Jacqueline+! », a-t-il dit à Mme Veyrac pour la saluer alors qu’elle quittait la salle après être venue déposer.

Mme Veyrac était venue sobrement raconter son calvaire, ligotée 48 heures au fond d’un Renault Kangoo stationnée dans une rue isolée avant de parvenir à se libérer sans payer de rançon: « Je n’ai pas grand-chose à dire, sauf que ma vie a changé depuis. Quand je sors, je suis un peu stressée ».

Discrète lors de la première tentative d’enlèvement, elle avait porté plainte sans rien ébruiter. L’enquête avait piétiné, malgré un ADN arraché à un ravisseur griffé. « Vos ongles ont été précieux, Madame », la remerciera à l’audience le président de la cour.

Confondu par cet ADN et également impliqué dans l’organisation de l’enlèvement de 2016, Philip Dutton, 52 ans, un Britannique sans ressources, a été condamné à 14 ans de réclusion. Ancien militaire venu de l’île de Jersey à Nice appâté par la perspective d’une rançon, il a aidé l’enquête en avouant, peut-être pas tout, mais dès le début.

Les trois hommes de main recrutés au quartier sensible des Moulins pour kidnapper Mme Veyrac près de chez elle ont écopé pour deux d’entre eux de 14 ans de réclusion, une peine portée à 15 ans pour le troisième en raison de son casier judiciaire chargé.

– Grand absent –

La cour a tranché le cas particulier de Luc Goursolas, 50 ans, « personnage étonnant » selon l’avocate générale qui avait requis entre 4 et 8 ans de prison à son encontre. Connu dans les rédactions comme « l’ami des policiers », cet ancien paparazzi niçois sulfureux avait posé des balises GPS sous la voiture de la victime.

« Vous ne retournez pas en prison », lui a dit le président de la cour Patrick Veyron, prononçant une peine de deux ans dont un an avec sursis. Luc Goursolas encourait la perpétuité pour complicité d’enlèvement mais la cour l’a seulement jugé coupable de ne pas avoir dénoncé MM. Dutton et Serena.

Il affirmait avoir été sollicité pour suivre l’amant adultère de M. Serena dans le cadre de ses activités officieuses de détective privé.

La cour d’assises a prononcé cinq acquittements dans ce dossier, notamment pour un jeune mécanicien des Moulins surnommé « le gros » dont l’ADN avait été retrouvé sur le scotch et le matelas ayant servi à la séquestration.

Elle a en revanche condamné pour association de malfaiteurs l’intermédiaire ayant présenté l’équipe des Moulins à M. Serena à 4 ans de prison, et une connaissance italienne de M. Serena à 17 mois de prison.

Grand absent du procès et considéré comme le troisième cerveau du rapt, Enrico Fontanella, 67 ans, ancien majordome et vieille connaissance de M. Serena, a vu son cas disjoint pour des raisons de santé.

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