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Des groupes français de défense des droits humains menacent de poursuites pour racisme policier

Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) ont menacé la France mercredi de déposer une plainte pour profilage racial par la police lors d’une identification sur la base de la couleur ou des origines ethniques supposées du pays.

Amnesty International, Human Rights Watch et quatre autres groupes ont donné au gouvernement quatre mois pour agir pour mettre fin aux «contrôles d’identité discriminatoires» ou faire face à des poursuites judiciaires.

Cette décision intervient alors que les allégations de racisme policier s’intensifient, empoisonnant les relations entre la force et les résidents de tours d’habitation avec de grandes populations d’immigrants.

En décembre, le président Emmanuel Macron a reconnu un problème de discrimination à l’égard des personnes d’origine africaine ou arabe.

« Quand vous avez une couleur de peau qui n’est pas blanche, vous êtes beaucoup plus stoppé (par la police). Vous êtes identifié comme un facteur problématique. Et cela ne peut pas être justifié », a-t-il déclaré au portail d’information vidéo Brut. Il s’exprimait après qu’une vidéo montrant des officiers blancs battant un producteur de musique noir non armé dans son studio parisien soit devenue virale en novembre.

La lettre d’avertissement de 350 pages envoyée mercredi au Premier ministre Jean Castex, au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et au ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti comprend des témoignages de victimes présumées de profilage racial dans neuf villes françaises.

Les groupes ont exigé une modification du code pénal pour «interdire explicitement la discrimination lors des contrôles d’identité». Leurs autres demandes comprenaient la mise en place d’un mécanisme indépendant pour entendre les allégations de profilage racial et donner aux personnes soumises à un contrôle d’identité un enregistrement écrit de l’opération. L’absence d’action de l’État pourrait conduire au tout premier recours collectif contre l’État, a déclaré l’avocat Antoine Lyon-Caen.

L’avertissement intervient quelques jours avant le début d’un sommet convoqué par Macron pour discuter de la manière d’améliorer les relations entre la police et les communautés à la suite des manifestations de masse en novembre qui sont devenues violentes.

Une étude réalisée en 2009 à Paris par l’Open Society Justice Initiative et l’organisme de recherche français CNRS a montré que les Noirs étaient six fois plus susceptibles d’être arrêtés pour leur carte d’identité que les Blancs.

Les personnes aux traits considérés comme «arabes» étaient huit fois plus susceptibles d’être invitées à montrer leurs papiers. Dans un rapport plus récent en 2017, le médiateur français des droits de l’homme a déclaré que les jeunes hommes «considérés comme noirs ou arabes» étaient 20 fois plus susceptibles de se voir demander une pièce d’identité que les jeunes hommes blancs.

Les groupes de défense des droits demandent depuis longtemps que les personnes ciblées par les contrôles d’identité reçoivent un reçu qu’elles pourraient produire pour éviter qu’on leur demande à plusieurs reprises leurs papiers.

L’ex-président socialiste François Hollande a promis de lutter contre le profilage racial au cours de son mandat de 2012-17, mais les propositions de tester un système de récépissé ont été torpillées par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bernard Cazeneuve.

Macron, dans l’interview Brut, a annoncé son intention de créer un site Web sur lequel les gens pourraient déposer des plaintes pour discrimination. Ses propos ont provoqué la colère des syndicats de police, qui nient tout problème de racisme institutionnel et se plaignent d’être les victimes d’un public de plus en plus hostile.

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