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Cloué à Washington par la pandémie, Blinken invente les « voyages virtuels »

« Heureux d’être +au+ Mexique! » Sur le papier, le programme a tout d’une visite officielle. Mais sur le papier seulement: cloué à Washington par la pandémie, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, dont la principale mission serait de parcourir le monde, a inventé vendredi le « voyage virtuel ».

Dans le langage du département d’Etat, le chef de la diplomatie américaine s’est donc « rendu » vendredi matin au Mexique, pour « rencontrer » son homologue Marcelo Ebrard.

Il a même « visité » la frontière américano-mexicaine entre El Paso, au Texas, et Ciudad Juarez, où une série de responsables lui ont fait des exposés sur la situation de ce point de passage emblématique — un signal fort pour démontrer que le gouvernement de Joe Biden tourne la page de la politique migratoire draconienne de Donald Trump et de son « mur » controversé.

Le ministre américain a ainsi promis de s’attaquer aux « raisons déchirantes qui poussent les gens à risquer leur vie et leur sécurité pour entrer aux Etats-Unis à tout prix », tout en appelant les migrants à s’abstenir d’entreprendre un tel voyage. « La frontière est fermée aux migrations irrégulières », a-t-il lancé, tentant de mélanger humanité et fermeté.

Et comme lors d’un déplacement normal, une poignée de journalistes accrédités ont été invités à « voyager » avec Antony Blinken, assistant au début des entretiens avant d’être évincés de la salle.

Sauf que… ce n’est pas un déplacement normal.

– « Protéger » le personnel –

Contrairement à son prédécesseur républicain Mike Pompeo, qui a continué de parcourir le monde malgré le coronavirus, le nouveau secrétaire d’Etat démocrate, bien que déjà vacciné, a décidé pour l’instant de respecter la règle gouvernementale interdisant tout voyage non « essentiel ».

Seule une poignée d’émissaires chargés de dossiers brûlants, comme le Yémen, est autorisée à ce stade à se rendre sur le terrain.

Car un voyage ministériel, ce sont des dizaines de personnes impliquées — conseillers, agents de sécurité, journalistes… Et l’administration Biden affiche son respect des règles sanitaires, en rupture avec un certain laxime de l’ère Trump.

D’autant que certains diplomates américains en poste à l’étranger commencent à déplorer la lenteur de la vaccination.

« Afin de protéger notre personnel, dans les ambassades et ici, nous avons décidé de faire cela virtuellement pour ne pas devoir attendre le moment où il sera sûr de voyager », a expliqué à la presse la secrétaire d’Etat adjointe pour les Amériques Julie Chung.

Elle a vanté un programme « créatif », avec « rencontre » des diplomates américains sur place, « échange » avec des étudiants… « C’est le nouveau monde dans lequel nous vivons, à travers des plateformes virtuelles », a-t-elle justifié.

Un « nouveau monde » avec ses avantages — pas de longs vols, pas de décalage horaire quand ce sera le tour de l’Europe ou de l’Asie — mais aussi ses inconvénients.

Alors qu’Antony Blinken, depuis les dorures du département d’Etat, drapeaux américain et mexicain derrière lui, conversait par écrans interposés, la retransmission vidéo simultanée était quasiment inaudible pour cause de grésillements fastidieux.

Après le Mexique, le secrétaire d’Etat devait « aller » dans l’après-midi au Canada pour « rencontrer » le Premier ministre Justin Trudeau, autre voisin avec lequel le président Biden a lui-même eu mardi son premier « sommet » bilatéral virtuel.

Antony Blinken devrait faire d’autres vrais-faux voyages par visioconférence dans les prochaines semaines. Aucune date n’est encore fixée officiellement pour un premier déplacement en personne.

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