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poussés par la faim, des déplacés prennent le risque de retourner vers leurs terres

Ils ont fui les violences mais poussés par la faim, des déplacés du nord du Mozambique meurtri par une insurrection jihadiste risquent le tout pour le tout et retournent vers leur village, dans l’espoir de trouver de la nourriture ou tirer quelque chose de leurs terres.

Près de 670.000 personnes ont fui les attaques de groupes armés affiliés au groupe Etat islamique, qui terrorisent depuis plus de trois ans la province stratégique du Cabo Delgado, riche en gaz naturel.

La plupart sont hébergés dans des familles d’accueil, d’autres vivent dans des abris temporaires, souvent dans des conditions difficiles. Certains se sont réinstallés dans des camps aménagés dans plusieurs villages, loin des violences.

Mais depuis plusieurs mois qu’ils sont là, loin de chez eux, sans rien, ni travail ni argent, la nourriture manque. Et l’aide humanitaire ne suffit pas.

Alors certains prennent le risque insensé de retourner vers leurs villages.

Ces derniers temps, les attaques dans la province du Cabo Delgado sont moins fréquentes, mais la région est toujours occupée par les insurgés et pour des questions de sécurité, les autorités locales recommandent d’éviter certaines routes.

Ces déracinés espèrent trouver quelque chose, même pas grand’chose, au fond d’un grenier, récupérer ce qu’il pourrait rester de leurs anciennes plantations.

– « Des châtaignes » –

La plupart d’entre eux sont d’anciens agriculteurs, éleveurs ou pêcheurs. Dans les camps, ils sont nombreux à raconter qu’ils avaient une ferme, une terre, des chèvres.

Mussa Cesar, 43 ans, dit être retourné dans son village de Quissanga. Il a marché huit heures pour y arriver.

Une fois là, il est allé dans son champ. « Je reste environ trois jours, je cultive et je reviens », explique-t-il, assis sous un arbre à jouer à un jeu de dames traditionnel.

Il a pris des risques mais il a pu ramener un peu de manioc pour nourrir sa famille. « Nous ne pêchons pas, nous avons peur », dit-il.

Ilal Dady, 22 ans, père d’un enfant, dit lui aussi être retourné chez lui, fouiller ses greniers. « J’ai trouvé des châtaignes et d’autres choses pour nourrir ma famille ».

Les violences ont provoqué une crise humanitaire dans le nord du Mozambique. Environ 1,3 million de personnes ont besoin d’aide humanitaire, selon les Nations unies. Parmi elles, 950.000 sont confrontées à une « grave famine ».

Le conflit a fait 2.500 morts, dont plus de la moitié de civils, selon l’ONG ACLED.

– « Bouches à nourrir » –

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a commencé en décembre des distributions de bons permettant d’acheter de la nourriture.

Mais ce programme est difficile à maintenir car « les magasins locaux sont confrontés à des difficultés de réapprovisionnement en produits de base », explique Cristina Graziani, responsable du bureau local du PAM à Pemba, la capitale du Cabo Delgado.

Avant l’insurrection, la province était déjà l’une des plus pauvres du Mozambique, pays lui-même classé parmi les plus pauvres du monde.

Dans le quartier de Paquite Quete à Pemba, déplacés et locaux se disputent l’aide alimentaire.

« Je suis allée à une distribution mais on nous a renvoyé », raconte Josina Fernando, 34 ans, qui héberge une trentaine de déplacés. Des bouches supplémentaires à nourrir …

« Je n’ai jamais vu la couleur d’un bon alimentaire », dit pour sa part Nassab Hassane, un déplacé de 44 ans, installé temporairement chez un membre de sa famille, avec 27 autres personnes.

L’aide alimentaire est distribuée aux personnes enregistrées, explique le PAM. Et les registres sont tenus par les autorités locales de chaque village, pour éviter tout conflit entre les déplacés et les autochtones, précise Mme Graziani.

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