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nouvelle journée de répression meurtrière, au moins dix morts

Au moins dix manifestants pro-démocratie ont été tués et plusieurs blessés mercredi en Birmanie par les forces de sécurité qui continuent à tirer à balles réelles, un échec pour la communauté internationale dans l’incapacité d’interrompre la spirale de violence meurtrière.

La junte semble plus déterminée que jamais à éteindre le vent de fronde qui souffle sur le pays depuis le coup d’Etat qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi le 1er février.

A Mandalay, deuxième ville du pays, deux protestataires ont été touchés par des tirs mortels à la tête et à la poitrine, a indiqué un médecin sous couvert d’anonymat par peur des représailles.

A une centaine de kilomètres de là, à Monywa, au moins sept personnes ont été tuées tandis qu’un homme de 20 ans a péri dans une autre ville de la région, a-t-on appris de sources médicales qui sont revenues à ce stade sur leur premier bilan qui faisait état de huit morts.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré ce jeune manifestant couvert de sang, transporté loin des barricades par ses amis. Sur d’autres, une série de détonations a été entendue, tandis que des contestataires scandaient: « notre révolte doit réussir ».

« Les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc, mais aussi des balles réelles », a relevé un secouriste présent sur les lieux.

Le recours de plus en plus fréquent à la force létale n’empêche pas les protestataires de continuer à descendre dans les rues pour demander le départ des généraux putschistes et la libération des centaines de détenus emprisonnés ces dernières semaines.

La situation a été très tendue à Rangoun, la capitale économique, notamment dans certains quartiers nord où un dispensaire a recueilli une vingtaine de blessés. « Certains ont été touchés par des balles en caoutchouc (…) d’autres ont été battus », a détaillé un responsable de l’établissement.

Coupures d’internet, renforcement de l’arsenal législatif, vagues d’interpellations, recours aux armes létales: la junte n’a cessé d’intensifier sa riposte depuis son coup d’Etat.

La journée de dimanche avait déjà été particulièrement meurtrière avec au moins 18 morts dans les rangs des manifestants, d’après les Nations Unies.

Une des victimes a été enterrée ce mercredi, des centaines de personnes chantant autour de son cercueil couvert de fleurs: « La démocratie est notre cause ».

– Six journalistes inculpés –

La répression se poursuit aussi sur le terrain judiciaire.

L’ex-président de la République, Win Myint, déjà inculpé pour ne pas avoir respecté des restrictions liées au coronavirus, est désormais accusé d’avoir enfreint la Constitution, a indiqué à l’AFP l’avocat Khin Maung Zaw.

Aung San Suu Kyi, toujours détenue au secret, est elle visée par quatre chefs dont « incitation aux troubles publics ».

Six journalistes birmans, dont Thein Zaw, un photographe de l’agence américaine Associated Press (AP), ont été inculpés.

Ils sont poursuivis pour avoir « causé la peur parmi la population, répandu de fausses informations (…) ou incité des employés du gouvernement à la désobéissance », d’après leur avocate.

D’après ce texte récemment amendé par la junte pour tenter de mettre un terme à la campagne de désobéissance civile lancée dans les heures qui ont suivi le coup d’Etat, ils encourent jusqu’à trois ans de détention.

Les six hommes sont détenus dans la tristement célèbre prison d’Insein de Rangoun où de nombreux prisonniers politiques ont effectué de lourdes peines sous les dictatures précédentes.

« Les journalistes indépendants doivent être autorisés à rapporter les informations librement et en toute sécurité sans crainte de représailles », a réagi Ian Philips, vice-président des informations internationales chez AP, demandant la libération immédiate de Thein Zaw.

– Imbroglio à l’ONU –

L’armée fait toujours la sourde oreille aux condamnations internationales.

Même l’ambassadeur birman aux Nations unies, Kyaw Moe Tun, a rompu de manière spectaculaire avec les généraux putschistes la semaine dernière en appelant à « mettre fin au coup d’Etat ».

Depuis, la junte lui a désigné un remplaçant aux Nations Unies, tandis que Kyaw Moe Tun assure toujours représenter le pays, un imbroglio juridique qui devra être tranché par l’ONU.

Les entretiens vont se poursuivre à l’international.

Le Royaume-Uni a demandé une nouvelle réunion du Conseil de sécurité vendredi. Début février, ses 15 membres avaient publié une déclaration commune qui exprimait leur préoccupation sans toutefois condamner le coup d’Etat, Pékin et Moscou, alliés traditionnels de l’armée birmane, s’opposant à une telle formulation.

Les derniers soulèvements populaires de 1988 et de 2007 ont été réprimés dans le sang par les militaires.

L’armée, qui conteste le résultat des élections de novembre remportées massivement par le parti d’Aung San Suu Kyi, a promis la tenue d’un nouveau scrutin. Sollicitée, elle n’a pas répondu aux multiples requêtes de l’AFP pour commenter ces évènements.

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