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Au Yémen, les fossoyeurs débordés par les morts du Covid-19

Dans le décor montagneux de Taëz, la troisième ville du Yémen ravagé par la guerre, des dizaines de tombes fraîchement creusées attendent les sépultures des morts du Covid-19, de plus en plus nombreux.

Au cimetière Al-Saïd, c’est un défilé permanent d’hommes, dont la plupart ne portent ni masques ni gants, transportant des cercueils à bout de bras, parfois à l’aide de camions.

Le Yémen, pays d’environ 30 millions d’habitants, a recensé officiellement à ce jour plus de 4.700 cas de coronavirus, dont 946 décès. Mais tests et statistiques précises manquent dans ce pays en proie au chaos.

Le gouvernement, appuyé par l’Arabie saoudite, est engagé dans une guerre depuis plus de six ans contre les Houthis, des rebelles soutenus par l’Iran qui contrôlent une importante partie du territoire.

Assiégés depuis des années par les Houthis, les habitants de Taëz (sud-ouest) ont du mal à faire face au nombre grandissant de morts. Ils vivent sous la menace permanente d’attaques et ne peuvent plus que creuser rapidement les tombes pour enterrer leurs morts.

« Nous recevons neuf à dix corps par jour », raconte à l’AFP Chabane Qaed, un responsable du cimetière. « Nous sommes allés au marché pour faire appel à des volontaires pour nous aider avant de nous résigner à utiliser un bulldozer pour faire le travail. »

Des enfants, pieds nus et pelle à la main, aident comme ils le peuvent.

Une cérémonie funéraire rassemblant des hommes en tenues traditionnelles se déroule dans un coin du cimetière tandis qu’un engin continue de creuser de nouvelles tombes un peu plus loin.

Ailleurs, des femmes vêtues de noir récitent des sourates du Coran, rassemblées autour d’une tombe.

– « Négligence et défaillance » –

Selon l’ONU, le nombre d’infections dans ce pays pauvre de la péninsule arabique a plus que doublé au cours des dernières semaines par rapport au début de la pandémie. Le Yémen enregistre environ une centaine de nouveaux cas quotidiens.

Compte tenu de l’insuffisance des dépistages, des retards dans les demandes de traitement et des difficultés d’accès aux centres de soins, l’ONU estime que le bilan officiel ne reflète pas la réalité.

Les chiffres sont probablement beaucoup plus élevés au Yémen, dont le système de santé s’est effondré et qui vit, selon l’ONU, la pire crise humanitaire au monde.

« Pourquoi le gouvernement ne fait-il rien pour arrêter la propagation de la pandémie? », « Qui porte la responsabilité de la catastrophe sanitaire à Taëz? », peut-on lire sur des banderoles déployées samedi par des manifestants devant le cimetière.

« Il y a de la négligence et de la défaillance de la part du gouvernement, qui ne remplit pas son rôle comme il le devrait », estime Ahmed Al-Boukari, un habitant de la ville.

« Lors de la vague précédente (de contaminations), les mesures n’étaient déjà pas à la hauteur de la catastrophe. La deuxième vague semble être plus sévère encore, et les autorités ne protègent pas la vie des gens, comme elles devraient le faire », ajoute-t-il.

Le Yémen a reçu la semaine dernière un premier lot de 360.000 doses du vaccin anticoronavirus AstraZeneca par le biais du mécanisme d’aide international Covax, après qu’un comité du gouvernement a réclamé un « état d’urgence sanitaire » et un « couvre-feu partiel ».

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