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avec le virus, le crowdfunding explose au Venezuela

« Sauvez mes grands-parents », « en soins intensifs, il a besoin de votre aide »: au Venezuela, les appels aux financements participatifs (crowdfunding) pour faire face au Covid-19 ont explosé dans un pays en plein marasme économique.

Quatre membres de sa famille atteints par le virus, pas d’économies et un système de santé public saturé: Gabriela Rodriguez, 31 ans, a mis sa voiture en gage et posté une annonce sur « Gofundme », la plateforme la plus connue du pays.

« C’est un cauchemar, une horreur », raconte la jeune femme, qui a perdu son travail dans une agence de voyage en raison de la pandémie et survit désormais avec 80 dollars par mois en gérant des comptes sur les réseaux sociaux.

Loin des 300 dollars par jour qu’il lui faudrait pour payer les médicaments de sa mère, 59 ans, de ses grands-parents de 80 et 67 ans et d’un cousin de 52 ans. Faute de places dans les hôpitaux qui sont débordés, Gabriela les soigne elle-même à domicile.

Le Venezuela fait face depuis début mars à une deuxième vague épidémique de coronavirus avec notamment le variant brésilien du Covid-19, que les autorités disent « plus virulent ».

Le pays a enregistré 165.000 cas dont plus de 20.000 en mars, pour un peu moins de 1.700 décès depuis le début de la pandémie, selon les chiffres officiels. L’opposition et des ONG estiment que ces chiffres sont largement sous-évalués.

– Chanteuse, politicien, animateur –

Le pays, qui a pour le moment reçu moins d’un million de vaccins russe et chinois, attend aussi des vaccins à travers le mécanisme Covax de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Les établissements publics sont pour l’heure débordés et l’hospitalisation dans les cliniques privée, également prises d’assaut, coûte entre 100 et 300 dollars par jour. Inaccessible pour la grande majorité des Vénézuéliens dans un pays en plein marasme et où le salaire minimum est de 1 dollar par mois.

Secoué par une profonde crise politique, le Venezuela est confronté à la pire crise économique de son histoire récente. A cela s’ajoute les sanctions économiques américaines et européennes pour tenter d’évincer du pouvoir le président Nicolas Maduro, dont la réélection en 2018 est considérée comme frauduleuse par une partie de la communauté internationale.

« C’est gofundme ou mourir », raconte Maria Angelina Castillo, atteinte d’un cancer et qui a lancé un appel pour ses traitements.

Selon le gouvernement, 23.500 lits réservés pour des patients Covid sont disponibles à travers le pays, mais « la demande est en train de dépasser largement l’offre », souligne le Dr Jaime Lorenzo, de l’ONG Medicos Unidos Venezuela. « La saturation est grande et cela se répercute sur les réseaux sociaux » où les appels à l’aide se multiplient, constate-t-il.

En tapant Covid-19, sur le moteur de recherche de Gofundme au Venezuela, on tombe sur pas moins de 2.300 demandes.

Argent, médicaments, bonbonnes d’oxygène… Les demandes d’aide pullulent et n’épargnent personne.

Une chanteuse et même un politicien ont demandé des dons pour se soigner alors qu’un célèbre animateur, qui avait lancé une campagne, est désormais décédé.

« Je sais que la situation est dure pour tout le monde, mais si vous pouvez, aidez moi avec un don même minime », a écrit Gabriela sur son annonce. « Quand ma mère a été en crise, ils ne pouvaient l’accueillir nulle part. Cela a été le plus grand désespoir de ma vie », raconte-t-elle, la voix brisée par l’émotion.

Elle a pour le moment réuni 1.075 dollars sur les 5.000 demandés.

Sans ces dons, dit-elle, « je serais en train d’enterrer ma grand-mère en ce moment ».

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