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Le Groenland porte au pouvoir la gauche écologiste, opposée à un projet minier controversé

Le Groenland a porté au pouvoir un parti de gauche écologiste au terme de ses élections législatives, selon les résultats publiés mercredi, sonnant le glas d’un projet controversé de mine de terres rares et d’uranium qui a été au coeur de la campagne dans le territoire autonome danois de l’Arctique.

Avec 36,6% des suffrages, Inuit Ataqatigiit (IA), jusqu’ici dans l’opposition, s’est imposé de plus de 2.000 voix face au Siumut, formation social-démocrate qui domine la vie politique groenlandaise depuis l’autonomie de 1979. Favorable à la mine, cette dernière dirigeait le gouvernement local sortant.

Selon les projections basées sur les résultats définitifs, annoncés tard dans la nuit au Groenland, IA obtiendra 12 des 31 sièges de l’Inatsisartut, le Parlement local, contre 8 jusqu’à présent.

Après une victoire en 2009, c’est seulement la deuxième fois que le parti détrône le Siumut de son rang de premier parti du Groenland, immense territoire seulement peuplé de 56.000 habitants dont quelque 41.000 électeurs.

Le Siumut, en déclin ces dernières années et affaibli par des querelles fratricides, réalise toutefois un score meilleur que prévu par les sondages. Avec 29,4% des voix, il gagne plus de deux points par rapport au dernier scrutin et devrait remporter un fauteuil supplémentaire, avec dix sièges.

Sans majorité absolue, le scénario le plus probable est désormais qu’IA s’allie avec une ou deux petits partis pour former une coalition gouvernementale.

Après avoir remercié les électeurs pour la victoire lors d’un débat télévisé réunissant les chefs de partis après les résultats, son dirigeant Mute Egede a annoncé qu’il allait engager immédiatement des discussions pour « étudier les différentes formes de coopération » avant la formation d’une coalition gouvernementale.

Ouvertement opposé à l’exploitation du gisement d’uranium et de terres rares de Kuannarsuit à la pointe sud du territoire, IA entend stopper le projet qui est à l’origine de la tenue anticipée du scrutin, à l’issue d’une crise politique en février.

– Premier ministre à 34 ans –

« Le message des électeurs est très clair: ils ne sacrifieront pas l’environnement au service de l’économie », observe Mikaa Mered, universitaire spécialiste des pôles à SciencesPo Paris.

IA a d’ailleurs promis de signer l’accord de Paris sur le climat, que le Groenland est l’un des rares à ne pas avoir ratifié.

Porté par un groupe australien à capitaux chinois, Greenland Minerals, le projet minier de Kuannarsuit présente des risques environnementaux trop élevés, notamment de déchets radioactifs, selon ses opposants.

« La santé publique est ce qu’il y a de plus important. Nous savons que le projet aura des conséquences sur l’environnement », avait plaidé M. Egede, lors du dernier débat télévisé lundi soir.

A 34 ans, ce député qui siège à l’Inatsisartut depuis 2015 a pris les rênes de la formation gauche-verte il y a un peu plus de deux ans. Il devrait devenir le plus jeune Premier ministre au monde, même s’il pas chef de gouvernement de plein exercice.

« Je suis peut-être jeune, mais c’est aussi ma force », a-t-il dit mercredi matin.

A Narsaq, village d’un millier d’habitants près duquel se trouve le gisement de Kuannarsuit à la pointe sud du Groenland, IA a réalisé un score triomphal de 67,7% des suffrages.

Selon un sondage publié lundi, 63% des Groenlandais sont contre ce projet minier, considéré comme l’un des plus importants gisements au monde pour les terres rares et situé en plein milieu des seules terres agricoles du territoire. Mais sur l’exploitation minière en général la tendance est inverse (52% pour, 29% contre).

Depuis 2009, la gigantesque île recouverte de glaces gère elle-même ses ressources naturelles, mais son budget n’est viable que grâce aux apports du Danemark, pays qui contrôle la diplomatie, la défense et la monnaie.

Copenhague, qui verse plus de 520 millions d’euros par an au gouvernement groenlandais, soit un tiers de son budget total, lui couperait les vivres si le territoire décidait de devenir indépendant, une possibilité reconnue par la Constitution danoise.

Ces dernières années, Nuuk a donc cherché à diversifier ses revenus propres, notamment avec la pêche, qui représente 90% de ses exportations, les projets miniers ou encore le tourisme.

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