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nouvelles violences sur fond de Brexit malgré les appels au calme

Le gouvernement britannique a réitéré vendredi son appel au calme après de nouveaux affrontements entre émeutiers et la police en Irlande du Nord, où le Brexit ébranle une paix fragile.

Depuis plus d’une semaine, la province britannique est secouée par des violences sans précédent depuis plusieurs années, surtout dans des zones loyalistes à majorité protestante où les conséquences de la sortie de l’Union européenne ont crée un sentiment de trahison et d’amertume.

Malgré des appels de Londres, Dublin et Washington à cesser les violences, la capitale Belfast s’est une nouvelle fois embrasée dans la nuit de jeudi à vendredi.

Dans un quartier ouest, la police anti-émeutes, prise en étau entre les deux camps, a été visée par des cocktails Molotov et des pavés alors qu’elle tentait d’empêcher des centaines de manifestants républicains de se diriger vers les unionistes. Ils ont été repoussés par un canon à eau.

Ces violences, qui ont blessé jusqu’ici plus de 70 policiers, font resurgir le spectre des « Troubles » et leurs 3.500 morts, qui ont opposé durant trois décennies sanglantes républicains, principalement des catholiques partisans de la réunification avec l’Irlande, et unionistes protestants, fervents défenseurs de l’appartenance au Royaume-Uni.

– « Engager le dialogue » –

Face à cette escalade, le gouvernement britannique, qui a dépêché sur place le ministre de l’Irlande du Nord Brandon Lewis, a réitéré son appel au calme, resté jusqu’ici lettre morte.

« La violence n’a aucun rôle à jouer pour résoudre les problèmes », a insisté vendredi le ministre des Transports, Grant Shapps, sur Sky News, estimant la situation « très inquiétante ». « Nous devons nous assurer que les gens se parlent pour résoudre leurs problèmes », a-t-il ajouté, « mais pas par la violence ».

La soeur de Lyra McKee, une journaliste abattue lors d’affrontements en 2019 à Londonderry, a enjoint les responsables politiques nord-irlandais à « engager le dialogue avec ceux qui disent être si insatisfaits qu’ils optent pour la violence », estimant que certains les ont « ignorés » tandis que d’autres ont « allumé le feu ».

« Il nous faut un bon et vrai leadership avant que quelqu’un soit tué », a plaidé Nichola McKee Corner auprès de la chaîne irlandaise RTE.

Jeudi, les Premiers ministres britannique et irlandais avaient déjà appelé au « dialogue », joignant leurs voix à celles des dirigeants d’Irlande du Nord, unionistes comme républicains, pour condamner ces violences « inacceptables ».

La Maison Blanche a également appelé au calme, se disant « préoccupée » alors que Joe Biden, fier de ses origines irlandaises, avait déjà exprimé ses inquiétudes concernant les conséquences du Brexit pour la paix dans la province.

– « Paix en surface » –

Depuis l’accord du Vendredi saint conclu en 1998, règne une « paix en surface », avance néanmoins Fiona McMahon, une habitante de 56 ans. « C’est profondément enraciné, ce n’est pas seulement à cause du Brexit ».

Celui-ci est toutefois venu fragiliser le délicat équilibre entre communautés dans la province, en nécessitant l’introduction des contrôles douaniers entre le Royaume-Uni et l’UE.

Afin d’éviter le retour d’une frontière physique entre la province britannique et la République d’Irlande, membre de l’UE, ces contrôles se tiennent dans les ports nord-irlandais. Mais ces nouvelles dispositions perturbent les échanges commerciaux et sont dénoncées par les unionistes comme une frontière entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne, et une trahison de la part de Londres.

« Il y a des moyens politiques pour parler du protocole » nord-irlandais, a souligné John O’Dowd, un député local du parti républicain Sinn Fein sur la BBC. « N’essayons pas de trouver des excuses à des groupes criminels qui ne devraient pas exister 23 ans après l’accord du Vendredi saint ».

La semaine dernière, des violences avaient d’abord éclaté à Londonderry, avant de gagner un quartier loyaliste de Belfast et ses environs pendant le week-end de Pâques.

La police a évoqué jeudi des troubles d’une ampleur jamais vue « depuis plusieurs années » et prévenu que se trouvaient parmi les manifestants, dont de jeunes adolescents « encouragés » par des adultes, des groupes paramilitaires susceptibles d’attiser les tensions.

La décision des autorités nord-irlandaises de ne pas poursuivre des responsables du Sinn Fein ayant assisté aux obsèques d’un ancien chef paramilitaire, malgré les restrictions anti-Covid, a également mis le feu aux poudres.

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