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L’Equateur élit son président, un duel serré entre gauche et droite

Les Equatoriens votaient dimanche au second tour d’une présidentielle opposant un jeune économiste, le poulain de l’ex-dirigeant socialiste Rafael Correa, et un ancien banquier conservateur, sur fond d’aggravation par la pandémie de Covid-19 de la sévère crise économique que traverse leur pays.

« L’accès aux bureaux de vote se déroule de manière fluide et ordonnée », a déclaré la présidente du Conseil national électoral (CNE), Diana Atamaint, annonçant de premiers résultats partiels « à partir de 19h00 » heure locale (00h00 GMT), deux heures après la clôture.

Quelque 13,1 millions d’électeurs doivent élire le successeur de l’impopulaire Lenin Moreno, qui achèvera son mandat de quatre ans le 24 mai.

Un duel serré se joue entre Andrés Arauz, un quasi inconnu de 36 ans, mais adoubé par M. Correa qui a dirigé l’Equateur pendant dix ans, et Guillermo Lasso, un vétéran conservateur de 65 ans, aspirant pour la troisième fois à la présidence.

Le premier s’est prononcé dimanche pour « un gouvernement d’unité nationale ». Ne votant pas car inscrit au Mexique où il préparait un doctorat, M. Arauz a appelé à tourner la page, s’engageant à « donner des solutions aux problèmes des Equatoriens ».

Se disant prêt à donner sa « vie au peuple », M. Lasso a appelé les indécis à voter pour lui. De Guayaquil (sud-ouest), sa ville natale, il a promis « un Equateur libre et démocratique » où tous « puissent atteindre la prospérité ».

– Crise, sur-endettement et Covid-19 –

Le PIB de ce pays pétrolier à l’économie dollarisée de 17,4 millions d’habitants a accusé une contraction de 7,8% en 2020, tandis que la dette globale a atteint 63,88 milliards de dollars (63% du PIB). L’Equateur est en outre très touché par la pandémie, avec quelque 340.000 cas, dont plus de 17.000 morts.

« La situation est chaotique. Il n’y a pas de travail (…) c’est pour ça que nous devons changer », a déclaré à l’AFP Santiago Esteiner, 64 ans, un électricien dans le secteur automobile, en votant pour M. Arauz.

« Ce pays a besoin d’emplois », estimait aussi Enrique Lumaño, 34 ans, un employé du BTP qui penchait plutôt pour M. Lasso.

Le candidat de la coalition Union pour l’espérance (Unes, gauche), qui parie sur la social-démocratie, est arrivé en tête du premier tour le 7 février avec 32,72% des voix, contre 19,74% à son rival du mouvement Créer des opportunités (Creo, droite), adepte du libre-échange.

Les résultats ont été contestés par Yaku Pérez, un avocat indigène de gauche, arrivé troisième avec un écart de seulement 0,35% sur le deuxième.

Sur fond de polarisation entre corréistes et anti-corréistes, le vote des amérindiens devrait peser. S’ils ne constituent que 7% de la population, ils sont une force redoutée.

Ils ont organisé les violentes manifestations de 2019 contre l’austérité, qui ont fait 11 morts et plus de 1.300 blessés, et ont contribué à renverser trois présidents entre 1997 et 2005.

C’est la première fois qu’un des leurs parvenait si loin à une présidentielle. Mais le parti Pachakutik, la deuxième force au parlement depuis le scrutin de février, a appelé à voter nul.

Ils sont néanmoins divisés et le doute plane sur le choix que vont faire les 19,39% d’électeurs qui se sont prononcés pour M. Pérez, quand les sondages donnent MM. Arauz et Lasso au coude-à-coude.

– Indigènes, indécis et vote nul –

Le directeur de l’institut Market, Blasco Peñaherrera, parie sur un scrutin « incertain », avec 15% d’indécis.

Deux modèles sont en jeu, entre retour du socialisme et accentuation du virage à droite0 entamé par Lenin Moreno au grand dam de son prédécesseur et ex-allié Rafael Correa.

L’ancien président vit en Belgique, le pays de son épouse. S’il reste populaire, son tempérament polémique et la corruption éclaboussant son gouvernement lui nuisent. En 2020, il a lui-même été condamné à huit ans de prison, ce qui l’a empêché de viser la vice-présidence.

Si Andrés Arauz l’emporte, « le premier point à l’ordre du jour du gouvernement sera le retour de Correa », estime le politologue Santiago Basabe, de la Faculté latino-américaine de sciences sociales (Flacso).

« Nous aurons une relation très dynamique, très profitable pour le pays (…) mais celui qui gouvernera, ce sera moi ! », a toutefois affirmé à l’AFP le protégé de Rafael Correa, qui entend « renégocier l’accord » signé avec le Fonds monétaire international (FMI) contre un prêt de 6,5 milliards de dollars.

De son côté, M. Lasso souhaite un « déficit zéro pour ne pas aggraver la dette ». S’il gagne, il lui faudra composer avec l’Unes qui, sans avoir la majorité absolue, a formé le premier groupe parlementaire.

Pour l’analyste Oswaldo Moreno, le vainqueur devra « se concerter avec de nombreux acteurs », a fortiori en cas de nombre important de votes nuls qui « légitimerait de futures manifestations » affectant « la gouvernance ».

Yaku Pérez a averti dimanche que les indigènes seraient « en première ligne » en poursuivant leur « résistance » si le prochain président, quel qu’il soit, ne tenait pas ses promesses, notamment de défense de l’environnement et d’accélération de la vaccination contre le Covid-19.

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