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la Turquie sévèrement condamnée pour la détention du journaliste Ahmet Altan

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a sévèrement condamné mardi la Turquie pour la détention du célèbre journaliste et écrivain turc Ahmet Altan, poursuivi pour son implication présumée dans le putsch manqué de 2016.

« Rien ne démontre que les actions du requérant se soient inscrites dans un plan destiné à renverser le gouvernement » turc, soulignent les magistrats européens qui siègent à Strasbourg (France).

Ceux-ci constatent la violation de dispositions de la Convention européenne des droits de l’homme relatives à la liberté d’expression, au « droit à la liberté et à la sûreté » et à celui « de faire statuer à bref délai par un tribunal sur la légalité de la détention ».

Dans un arrêt distinct, la CEDH a également condamné Ankara pour la détention de Murat Aksoy, un journaliste d’opposition incarcéré quelques semaines après la tentative de putsch du 15 juillet 2016.

« Il n’y avait pas de raisons plausibles de soupçonner M. Aksoy d’avoir commis une infraction pénale », estime la CEDH.

Arrêté une première fois en septembre 2016, Ahmet Altan, 71 ans, avait été condamné à la prison à vie en février 2018 pour « tentative de renversement de l’ordre constitutionnel », jugement annulé par la cour de cassation turque, rappelle la CEDH.

Rejugé, il avait été condamné en novembre 2019 à 10 ans et demi de prison pour « complicité avec un groupe terroriste ».

La justice turque lui reproche d’être en lien avec le mouvement du prédicateur islamique Fethullah Gülen, qu’Ankara accuse d’avoir ourdi la tentative de coup d’Etat de juillet 2016 – ce que M. Gülen nie.

Ahmet Altan, qui a fondé le journal d’opposition Taraf, s’est notamment fait connaître en dehors de la Turquie par son récit de sa vie en prison.

Son livre « Je ne reverrai plus le monde » a paru en France aux éditions Actes Sud.

– « Messages subliminaux » –

Intellectuel respecté dans son pays, il a toujours formellement nié son implication dans la tentative de coup d’Etat, rejetant des accusations « grotesques ».

Il était notamment accusé d’avoir envoyé des « messages subliminaux » lors d’une émission retransmise en direct sur une chaîne pro-Gülen à la veille du putsch manqué, un élément qui a ensuite disparu de l’acte d’accusation.

La CEDH, bras judiciaire du Conseil de l’Europe, vigie des droits de l’homme sur le continent européen, a ordonné à la Turquie de verser respectivement 16.000 euros et 11.500 euros à Ahmet Altan et Murat Aksoy pour « dommage moral ».

Ces décisions interviennent quelque mois après une visite controversée, en septembre 2020, du président italo-islandais de la CEDH, Roberto Spano, en Turquie au cours de laquelle il avait été fait docteur honoris causa par l’Université d’Istanbul.

Cette distinction avait suscité de vives critiques dans les milieux intellectuels turcs alors que des milliers d’entre eux ont été frappés par la répression de la tentative de coup d’Etat de 2016.

Mehmet Altan, le frère de Ahmet Altan, s’était ainsi demandé dans une lettre ouverte à Roberto Spano « à quel point il est réjouissant de devenir un membre honoraire d’une institution qui a condamné des centaines d’universitaires au chômage et à la pauvreté en les virant de manière injuste ».

Lui-même écrivain et universitaire, Mehmet Altan avait été accusé comme son frère d’être impliqué dans la tentative de coup d’Etat et a été emprisonné pendant près de deux ans sans jamais retrouver son poste à l’université, en dépit de son acquittement.

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