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« C’était juste » d’aider la princesse Latifa à s’évader, se rappelle un des protagonistes

« J’ai été arrêté comme un gros criminel, accusé d’enlèvement juste pour avoir aidé Latifa » : le Français Christian Elombo garde le sentiment que sa participation à l’évasion ratée de la princesse émiratie en 2018 était un peu « irréelle », mais « juste ».

Après trois ans de quasi-silence, ce coach sportif désormais établi à Londres, raconte à l’AFP comment il a été, en 2018, l’un des rouages de la tentative d’évasion de Latifa al-Maktoum, fille du puissant souverain de Dubaï, qui voulait quitter le pays.

Une histoire digne d’un roman d’espionnage qui s’est terminée avec des commandos interceptant un bateau en haute mer. Et qui lui a coûté des mois de prison à Oman et au Luxembourg.

Aujourd’hui encore, le sort de la princesse est incertain et inquiète l’Onu.

Au terme d’un plan orchestré par un sulfureux Franco-Américain, Hervé Jaubert, la princesse Latifa et Tiina Jauhiainen, sa professeure finlandaise de capoeira, quittent subrepticement les Émirats Arabes Unis le 24 février 2018.

A Oman, elles retrouvent Christian Elombo, un ami de Mme Jauhiainen installé dans le sultanat, qui les conduit en bateau jusqu’à un navire affrété par Hervé Jaubert. Ce dernier sera arraisonné début mars par un commando dans les eaux internationales, au large de Goa, et ses occupants ramenés aux Émirats.

Christian Elombo, lui, est resté à Oman sur les conseils de Jaubert, « James Bond de pacotille qui (lui) avait assuré que les autres protagonistes ne risquaient rien et que leur départ serait louche »…

Deux jours après l’embarquement, c’est le choc : « une trentaine de personnes m’attendaient chez moi, 5 ou 6 voitures de policiers, armes à la main. Je me suis dit +il y en a un peut-être qui n’attend qu’un mouvement brusque de ma part pour tirer+. Je suis resté calme », raconte-t-il.

Emprisonné à Oman, mis à l’isolement, il est interrogé sans relâche sur sa participation à un « enlèvement ». « Comment kidnappe-t-on quelqu’un qui veut partir ? J’ai choisi d’aider Latifa parce que c’était juste. Elle savait ce qu’elle voulait. Elle n’a pas choisi d’être la fille +de+… »

– Latifa, « toujours pas libre » –

Il affirme avoir subi une véritable « torture psychologique », réveillé n’importe quand, menacé de ne jamais sortir des geôles omanaises. Et « sans jamais une seule visite consulaire » alors que sa sœur Jackye, avocate d’affaires au Luxembourg, s’activait sans répit en coulisses. Pour tenir, « je visionnais des films dans ma tête, me fixais des buts, m’entraînais ».

Au bout de deux mois, il est finalement expulsé, part au Luxembourg mais est presque aussitôt emprisonné : les Émirats ont émis une notice rouge auprès d’Interpol. Il sera libéré plus d’un mois après, les Émiratis n’ayant pas envoyé dans le délai d’un mois le dossier censé étayer leur notice rouge.

Trois ans après, il lui reste un goût amer de cette aventure. Vis-à-vis de la diplomatie française, à ses yeux aux abonnés absents (« même après coup, personne ne m’a jamais contacté »), de la justice luxembourgeoise, qui l’a incarcéré alors qu’elle n’y était pas obligée, ne l’a pas libéré immédiatement à l’expiration du délai imparti aux Emirats et lui a proposé une assistance juridique mais, trois ans après, « n’a toujours pas payé (son) avocat ».

Des séquelles aussi, même si elles se sont atténuées : les voitures aux vitres teintées qu’il regarde à deux fois, le pâté de maison dont il fait plusieurs fois le tour si une voiture a l’air de le suivre…

Il dit qu’il lui a fallu du temps pour reprendre le cours de sa vie « tellement chamboulée » et refaire confiance. « Aujourd’hui, tout cela parfois me semble irréel. Le fait d’en parler, je revois tout un tas de scènes ».

Pourtant, « si c’était à refaire », le Français de 43 ans, « le referait ». Mais « différemment, sans se fier à un pseudo espion qui a mal planifié, pas évalué les répercussions… Le seul payé dans cette histoire ! », lance-t-il.

« Pour toute personne suffisamment proche comme Latifa l’était, j’aurais fait la même chose », affirme celui qui était surnommé « commando » quand il était petit, pour son côté intrépide, casse-cou. Mais malheureusement « aujourd’hui elle n’est toujours pas libre », regrette-t-il.

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