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interpellations d’opposants avant des manifestations et un discours de Poutine

La police russe procédait mercredi à des raids visant le mouvement de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, avant des manifestations destinées à parasiter le grand discours annuel du président Vladimir Poutine.

Le président russe, qui doit s’exprimer à partir de midi (09H00 GMT), est attendu sur les tensions croissantes avec l’Occident autour du sort de son détracteur, hospitalisé en prison et mourant selon ses proches, mais aussi du déploiement militaire russe près de l’Ukraine et des relations délétères avec les Etats-Unis.

Sur le plan domestique, la crise économique et sanitaire due au Covid-19 doit figurer en bonne place dans ce discours, d’autant que des législatives sont prévues en septembre.

Le mouvement d’Alexeï Navalny, en grève de la faim depuis trois semaines pour dénoncer ses conditions de détention, a appelé à des manifestations à 19H00 locales. Plus d’une centaine de villes sont concernées, de Vladivostok (09H00 GMT) à Kaliningrad (17H00 GMT), en passant par Moscou, Saint-Pétersbourg et Vladimir (16H00 GMT), où l’opposant est incarcéré.

« Il ne s’agit plus seulement de la liberté de Navalny, mais de sa vie », avait souligné samedi son allié Léonid Volkov.

Ses avocats l’ont jugé « très faible » mardi et ont réclamé un transfert dans un hôpital civil moscovite.

Des perquisitions ont déjà visé des locaux liées à l’organisation de l’opposant dans une vingtaine de villes mardi et mercredi, selon l’ONG spécialisée OVD-Info.

De premières interpellations ont également eu lieu mercredi, à l’instar de celle de Lioubov Sobol, figure de l’opposition moscovite, et de la porte-parole de M. Navalny, Kira Iarmysh.

Le ministère de l’Intérieur avait prévenu qu’il prendrait « toutes les mesures » nécessaires en réponse aux manifestations non autorisées.

Le précédent mouvement de contestation, après l’arrestation en janvier de M. Navalny, avait donné lieu à plus de 11.000 arrestations.

En outre, dès la semaine prochaine, la justice doit examiner une demande du Parquet visant à classer comme « extrémistes » les organisations liées à l’opposant, ce qui exposerait tous ses militants à de lourdes peines de prison.

– Guerre à l’opposition –

« Poutine a vraiment déclaré la guerre, une guerre totale, contre ceux qui ne sont pas d’accord avec lui », a jugé dimanche Vladimir Milov, un proche d’Alexeï Navalny.

Le discours annuel de M. Poutine, devant notamment le Parlement, le gouvernement et les gouverneurs régionaux, est l’occasion de fixer ses priorités pour le pays. Il est peu probable qu’il y évoque le sort de son détracteur dont il ne prononce jamais le nom.

Mais des annonces importantes y sont attendues. L’année dernière, M. Poutine y avait esquissé une réforme constitutionnelle qui avait finalement abouti à un référendum lui donnant le droit de rester au Kremlin jusqu’en 2036.

En matière de politique étrangère, les chancelleries occidentales guetteront tout indice quant à ses intentions en Ukraine, aux frontières de laquelle plus de 100.000 soldats russes ont été massés ces dernières semaines.

A Washington, Kiev et Bruxelles, on craint l’escalade militaire, estimant que Moscou pourrait bien préparer un prétexte pour entrer en Ukraine, comme en 2014 avec l’annexion de la Crimée.

La Maison Blanche voudra, elle, entendre M. Poutine sur la relation bilatérale, au plus bas, et peut-être sur la proposition d’un sommet en terrain neutre cet été avec Joe Biden.

Si chacun assure vouloir dialoguer, Moscou et Washington viennent aussi d’échanger de nouvelles volées de sanctions et d’expulsions croisées de diplomates.

– Covid et élections –

Sur le plan intérieur, M. Poutine a indiqué que sa priorité serait la relance après une année de pandémie aux effets néfastes pour une économie anémique et un pouvoir d’achat en berne depuis de longues années.

Il a dit, lors d’une réunion préparatoire de son discours, vouloir les meilleurs résultats « pour le développement de l’économie, le soutien aux entreprises, le soutien à la population ».

« Chaque rouble doit être utilisé de manière efficace », a-t-il souligné.

La thématique est d’autant plus importante, dans le contexte des législatives de l’automne.

Si Vladimir Poutine reste populaire, son parti, réputé corrompu, ne l’est guère. Selon le baromètre de l’institut Levada de mars, les intentions de vote pour Russie Unie sont à 21%.

Une impopularité sur laquelle M. Navalny comptait justement s’appuyer.

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