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Alors que la pandémie fait rage, les Etats-Unis veulent bientôt vacciner leurs adolescents

L’autorisation imminente du vaccin anti-Covid de Pfizer pour les adolescents aux Etats-Unis pourrait aider à relancer une campagne de vaccination en décélération, mais elle suscite également un débat éthique au moment où d’autres pays attendent toujours d’avoir suffisamment de doses pour vacciner leurs populations les plus à risque.

Début avril, l’alliance Pfizer/BioNTech a déposé une demande d’extension de l’autorisation en urgence de son vaccin pour les 12-15 ans aux Etats-Unis. Lundi, les médias américains ont rapporté que l’Agence américaine des médicaments (FDA) devrait effectivement l’autoriser pour cette tranche d’âge d’ici le début de la semaine prochaine.

« Nous assurons le public que nous travaillons à étudier cette demande aussi rapidement et de façon aussi transparente que possible », a déclaré la FDA, refusant de commenter davantage.

Les résultats des essais menés sur 2.260 adolescents aux Etats-Unis ont démontré « des réponses d’anticorps robustes » après les injections et le vaccin était « bien toléré », avaient annoncé fin mars Pfizer/BioNTech.

Ce vaccin est pour le moment autorisé pour les personnes de 16 ans et plus. Son extension, également en cours d’étude par l’Agence européenne des médicaments, permettrait d’ouvrir la vaccination à des millions de personnes supplémentaires.

« Il y a environ 17 millions d’enfants entre 12 et 15 ans » aux Etats-Unis, a dit dimanche sur CBS l’ancien chef de la FDA, Scott Gottlieb. « Je pense qu’environ 5 à 7 millions pourraient se faire vacciner durant l’été », a-t-il estimé.

Un apport bienvenu, au moment où le rythme des injections réalisées chaque jour ralentit dans le pays, après un pic début avril.

Environ 56% des adultes américains ont reçu au moins une dose de vaccin (plus de 145 millions de personnes), mais le gouvernement est aujourd’hui confronté à des difficultés d’accès à une partie de la population restante, et au scepticisme d’autres.

– « Vision court-termiste » –

Face à la perspective de commencer à vacciner les adolescents dès maintenant, de nombreux experts se montrent toutefois très critiques.

« Vacciner les enfants américains avant les personnes de 70 et 80 ans mondialement n’est pas une bonne chose », a tweeté Vinay Prasad, professeur associé au département d’épidémiologie de l’Université de Californie à San Francisco.

« Dans un monde idéal, où les approvisionnements sont illimités, oui, je dirais que tout le monde doit être vacciné », a déclaré à l’AFP la Dr Priya Sampathkumar, de la Mayo Clinic.

« Mais vacciner plus de monde aux Etats-Unis ne nous aidera pas si les variants en Inde ou en Asie du Sud sont hors de contrôle, et arrivent jusqu’à nous », a-t-elle estimé. « Donc c’est avoir une vision court-termiste (…) de ne pas envoyer de vaccins là où on en a le plus besoin. »

« La grande majorité des personnels de santé dans le monde n’ont (…) aucun accès aux vaccins », a abondé auprès de l’AFP Craig Spencer, urgentiste et enseignant à l’université de Columbia. Le virus « fait rage dans le monde et nous discutons de comment nous allons vacciner une population très peu à risque. »

Le gouvernement Biden a promis de fournir à d’autres pays 60 millions de doses du vaccin d’AstraZeneca contre le Covid-19, pas encore autorisé aux Etats-Unis, mais pour de nombreux experts ce n’est pas suffisant.

– Rouvrir les écoles –

Les enfants sont moins exposés aux cas graves de la maladie. Les autorités sanitaires américaines recensaient fin avril 277 morts du Covid-19 parmi les 0-17 ans depuis le début de la pandémie (sur plus de 550.000 décès au total).

Les vacciner permet ainsi surtout de protéger les adultes autour d’eux.

Si les jeunes enfants, en particulier ceux de moins de 10 ans, sont moins susceptibles de transmettre le virus, ce n’est pas forcément le cas des adolescents.

Leur immunisation permettra donc de participer à freiner l’épidémie, et de tendre vers le pourcentage de population vaccinée nécessaire pour se rapprocher d’une immunité collective.

De plus, les vacciner devrait aider à faciliter la réouverture des écoles, priorité affichée du président Joe Biden.

Environ 30% des élèves de moins de 18 ans ont toujours cours de façon « hybride » (parfois en personne, parfois à distance), selon la société Burbio qui étudie les données par districts.

L’autorisation de l’Agence des médicaments « est un incroyable pas en avant pour protéger nos enfants », a estimé auprès de l’AFP Lee Savio Beers, présidente de l’American Academy of Pediatrics. « Si le vaccin n’est pas essentiel pour retourner à l’école en personne, c’est un outil important (…) et il devrait permettre aux familles et au personnel de se sentir plus à l’aise », a-t-elle estimé.

D’autres entreprises mènent également des essais cliniques de leur propre vaccin anti-Covid sur les adolescents, dont Moderna, Johnson & Johnson, et Novavax.

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