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le président exige la levée des barrages au 10e jour des manifestations

Le président colombien Ivan Duque a exigé vendredi la levée des barrages routiers qui se sont multipliés lors des manifestations de ces dix derniers jours contre sa politique, violemment réprimées dans plusieurs villes du pays.

« Oui au dialogue, oui pour construire, mais définitivement non aux barrages parce que les barrages ne sont pas pacifiques, ils portent atteinte aux droits d’autres personnes », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec des journalistes au palais présidentiel à Bogota.

M. Duque, qui a fait état de 733 barrages depuis le début du mouvement le 28 avril, a exigé la fin de ces actions affectant l’approvisionnement dans différentes régions, notamment en carburants, médicaments et aliments.

« Le rejet de ces expressions qui sont violentes doit être catégorique », a ajouté le président conservateur.

Il a exprimé cette exigence à la veille de sa première rencontre avec des jeunes, les plus actifs dans la mobilisation initiée contre un projet de réforme fiscale, depuis retiré, et qui exige désormais un changement de politique pour améliorer les conditions de vie.

La pandémie de Covid-19, avec près de trois millions de cas, dont plus de 76.000 décès, sur 50 millions d’habitants, a aggravé la récession dans ce pays, l’un des plus inégalitaires du continent.

La 4e économie d’Amérique latine pâtit d’une chute de 6,8% de son Produit intérieur brut (PIB) en 2020, d’un chômage de 16,8% et d’une pauvreté à 42,5%, alors que près de la moitié de la population active vit d’emplois informels.

– « Résoudre cette situation » –

Sous la pression sociale, le gouvernement a lancé cette semaine une série de réunions avec diverses organisations, commençant par des partis politiques, des magistrats et des médias.

M. Duque, dont la popularité est en berne à 33% et qui achèvera son mandat de cinq ans en août 2022, s’est à nouveau dit vendredi disposé à rencontrer aussi le comité national de grève, initiateur du mouvement et qui rassemble des secteurs divers.

« Nous sommes prêts à nous asseoir avec le comité de grève (…) à les écouter (…) ceux qui protestent, ceux qui ne protestent pas et à résoudre cette situation », a-t-il affirmé.

Ce comité avait auparavant affirmé qu’il ne dialoguerait que si le gouvernement accepte de discuter notamment d’un revenu social équivalent à 250 dollars pour les plus pauvres, ainsi que de la « démilitarisation » des régions du pays où des soldats ont été envoyés en renfort, comme dans la ville de Cali (sud-ouest).

Selon le bilan communiqué par le gouvernement, lors de la rencontre avec la presse, ces dix jours se soldent par 26 morts, dont huit ne sont pas liés aux manifestations, ainsi que 1.506 blessés, parmi lesquels 680 civils et 826 agents des forces de l’ordre, tandis que 90 personnes sont portées disparues.

Le chef de l’Etat a exprimé sa « douleur » pour les victimes et défendu le « droit légitime » à la manifestation pacifique, en promettant une « tolérance zéro » envers les abus commis par la police et l’armée.

– Dénonciations internationales –

La répression des manifestations a été condamnée par la communauté internationale, notamment l’ONU, l’Union européenne, les Etats-Unis et des ONG de défense des droits humains.

Le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, s’est joint vendredi aux critiques, en condamnant les actes de « torture et assassinats commis par les forces de l’ordre ».

Mais le ministère des Affaires étrangères a rejeté vendredi ces « prises de position extérieures qui manquent d’objectivité et qui cherchent à aggraver la polarisation » de la société.

Le ministre de la Défense, Diego Molano, a pour sa part dénoncé « une campagne de stigmatisation des opérations de la force publique sur les réseaux sociaux » pour monter la société contre elle.

Bien que la plupart des manifestations soient pacifiques et festives, certaines ont été entachées par de violents affrontements et des destructions de commerces, de bus et de postes de police que le gouvernement a qualifiées de « vandalisme alimenté par des groupes armés illégaux ».

Il a dénoncé l’infiltration du mouvement par des groupes armés, dont des rebelles de l’Armée de libération nationale (ELN) et des dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), qui ont rejeté l’accord de paix signé en 2016 par cette guérilla.

A l’étranger, plusieurs centaines de Colombiens ont exprimé leur soutien à la mobilisation, notamment en Argentine, en Espagne, au Pérou et en Uruguay.

« Je ressens beaucoup de tristesse, de rage, de douleur, d’impuissance (…) Ils tuent la jeunesse. Il y a des massacres chaque nuit par la police », a déclaré à l’AFP Gisselle Rios, 35 ans, à Barcelone.

Des rassemblements sont également prévus samedi au Mexique et en France.

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