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Quarante ans après le 10 mai, la Mitterrandie réunie cherche des raisons d’espérer

Quarante ans après la victoire de François Mitterrand, le 10 mai 1981, la Mitterrandie a cherché dimanche au Creusot (Saône-et-Loire) des raisons d’espérer un retour de la gauche au pouvoir, au moment où seul un électeur sur quatre envisage de voter pour elle en 2022.

L’ancien président François Hollande, les ex-Premiers ministres Lionel Jospin et Bernard Cazeneuve, la maire de Paris Anne Hidalgo, les anciens ministres Pierre Joxe ou Jean Glavany, Gilbert Mitterrand (fils de l’ancien président): les « compagnons » de route de Mitterrand, comme M. Jospin les a décrits, s’étaient donné rendez-vous pour célébrer le 40e anniversaire de l’élection, mais aussi une « figure emblématique qui nous a laissé un immense héritage », selon les mots de David Marti, maire PS du Creusot.

Plusieurs tables rondes ont été organisées, d’où ressortait un fort sentiment de nostalgie.

« François Mitterrand incarnait une conception et un sens de l’Etat qui doit nous servir de leçon », a affirmé M. Cazeneuve. « Il avait le sens de l’amitié » et de la « loyauté », qualités qu' »on finit par oublier » aujourd’hui, dans cette période marquée par « la malveillance » et « l’oubli des contributions » de « ceux qui nous ont précédés ».

Jean Glavany a raconté comment il était devenu chef de cabinet de Mitterrand, avec les moments « d’exaltation » de la première cohabitation, « un jeu de go ou d’échec pour lequel Mitterrand était orfèvre ». Pierre Joxe a expliqué que « le travail méthodique » de Mitterrand pour amener la gauche au pouvoir était « une leçon intéressante pour l’avenir ».

Lionel Jospin a évoqué « le parcours fécond d’un grand leader et d’un chef d’Etat », qui « laissait les premiers ministres gouverner et respectait les ministres ».

– « Malentendu » –

M. Jospin a expliqué qu’il ne se rendrait pas à l’invitation du président Emmanuel Macron, qui souhaite réunir prochainement les anciens de l’Elysée sous François Mitterrand, car « pour ce qui est de la manière dont se structure et agit le pouvoir d’aujourd’hui, tout rapprochement avec ce que Mitterrand a fait ne peut résulter que d’un malentendu ».

La gauche en France est mal en point, à un an de la présidentielle à laquelle elle risque de partir divisée. L’opinion publique, comme ailleurs en Europe, se classe en outre de plus en plus majoritairement à droite, selon une enquête publiée mardi par la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol).

L’ex-Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis (2014-2017), lointain successeur de François Mitterrand, dresse un constat sombre dans le Journal du Dimanche.

« La gauche fête le 10 mai et la victoire de François Mitterrand en étant divisée et sans idées », écrit-il: « Son total dans les intentions de vote est le plus faible depuis cinquante ans. Jean-Luc Mélenchon ne conçoit l’unité que derrière sa radicalité. Les écologistes sont obsédés par l’idée de devancer les socialistes, qui soutiennent mollement Anne Hidalgo. La gauche se prépare à faire de la figuration à la présidentielle et refuse de bâtir un accord aux législatives, ce qui annonce plusieurs candidatures dans chaque circonscription, menant inéluctablement à sa marginalisation ».

Pour autant, l’ex-président Hollande voit dans la mémoire du 10 mai 1981 l’occasion de profiter des « expériences » passées.

« La gauche était déjà divisée en 1981 mais il y avait ce grand Parti socialiste », a-t-il rappelé. « Il faut toujours une force et une incarnation, une force qu’il faut imaginer, organiser, penser. Il reste un an. En un an, il faut faire ce que François Mitterrand a mis dix ans à faire », entre le congrès de la refondation du PS à Epinay en 1971 et la victoire en 1981. « C’est l’accélération de l’histoire », a-t-il ironisé.

Pourtant, « le cycle ouvert en 1981 est-il refermé? Le socialisme en a-t-il fini avec sa mission réformatrice? Je ne le crois pas », a martelé M. Hollande. « Le socialisme, s’il est repensé, renouvelé, avec l’urgence écologiste, le socialisme est la réponse la plus appropriée pour assurer la cohésion sociale et nationale. C’est aux nouvelles générations d’y travailler, une construction politique se fait toujours avec de l’ancien et du neuf, dans la réinvention ».

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