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A Benghazi, la « passion » des motards pour montrer un autre visage de la Libye

« Il y a ceux qui combattent et ceux qui ont une passion », prêchent les « bikers » de Benghazi, deuxième ville de Libye, où ils défilent régulièrement sur leurs motos rutilantes pour « donner une belle image » de leur pays miné par les conflits.

Dans une symphonie de pétarades accompagnant leur nuée d’engins aux chromes étincelants, des dizaines de motards libyens, tout de cuir vêtus, font chauffer le bitume des rues de Benghazi (est), berceau de la révolte ayant entraîné la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Avant de s’élancer pour un nouveau défilé dans ce paysage urbain toujours marqué par les stigmates de la guerre, les motards du « Benghazi Motorcycles Club » se sont réunis devant le siège de leur association, dont l’emblème est un moteur ailé rappelant l’aigle mythique de la marque américaine Harley-Davidson.

Les bras sur les larges guidons de leurs imposantes Harley, Yamaha et Kawasaki, ils se rangent en file par deux puis s’engouffrent sur leurs bolides dans les artères baignées de soleil.

Face à ce cortège inhabituel, des badauds filment le passage des deux-roues vrombissants et des automobilistes enjoués klaxonnent, ajoutant leur pierre au brouhaha ambiant.

– « Passionnés » –

« Le Benghazi Motorcycles Club compte 120 membres, tous des passionnés », s’enorgueillit son président Ahmed al-Fitouri, du haut de sa silhouette massive, arborant des cheveux longs et une barbe fournie.

Le club a été fondé en 2014 à l’initiative d’une poignée d’amateurs, au moment où la Libye connaissait sa seconde guerre civile, après celle de 2011.

Tandis que les combats y faisaient rage, les aficionados de grosses cylindrées n’hésitaient pas à se réunir en processions, bravant l’insécurité générale.

Pour M. Al-Fitouri, la moto est aussi un moyen de montrer sa ville sous un nouveau jour, d’apporter un semblant de normalité au quotidien d’un pays miné par les divisions et les violences.

« Nous avons été filmés par des chaînes françaises et britanniques et nous avons montré que tous les Libyens ne faisaient pas la guerre (…). Il y a ceux qui combattent et ceux qui ont une passion », résume-t-il.

– « Belle image » –

Avant la révolte de 2011 qui a mis fin à 42 ans de dictature, les motards étaient « perçus comme des marginaux », se souvient Fakhri Mustapha al-Hassi, vice-président du club.

« Mais cette image a changé et maintenant des familles et des enfants viennent se prendre en photo avec nous », se réjouit ce benghaziote, paré d’un gilet en cuir, de lunettes de soleil et d’un bandana noir noué sur le crâne, à la mode des « bikers » américains.

Désormais très populaires à Benghazi, les membres du club enchaînent les actions caritatives, participent à des parades pour la paix et à des événements officiels, comme l’hommage rendu il y a quelques semaines à Omar al-Mokhtar, héros de la résistance contre la colonisation italienne au début du XXe siècle.

Durant le mois sacré de ramadan, à quelques minutes du coucher du soleil marquant la rupture du jeûne, des « bikers » se sont aussi parfois faufilés entre les voitures pour distribuer des repas aux conducteurs trop en retard pour rejoindre leur domicile à temps.

Tout cela « donne une belle image » du pays, se félicite le président du club.

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