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Dans un zoo de la Loire, « le bout du tunnel » avant le « boom » de la réouverture

« Tu vas avoir des visiteurs; tu vas pouvoir leur faire peur »: au milieu d’un enclos XXL, protégé par une cage en fer, Pierre Thivillon plaisante avec un gorille avachi, à quelques heures de pouvoir rouvrir au public son parc zoologique de Saint-Martin-la-Plaine (Loire).

« Je suis dans le même état que lorsqu’on a ouvert il y a 50 ans », confie le septuagénaire, qui malgré de récents problèmes de santé, continue de tout régenter de la vie de ce parc situé face au massif du Pilat.

Le fondateur n’est pas mécontent de tourner enfin la page de ces six mois de fermeture imposés par l’épidémie – « une vraie galère », source d’une « très grande angoisse ». »On a l’impression de voir le bout du tunnel », espère-t-il.

Au volant d’une voiturette de golf, l’homme arpente inlassablement les chemins escarpés de ce zoo de taille moyenne où jardiniers, maçons et soigneurs s’affairent pour que tout soit prêt mercredi à 9H00.

« – Vous pouvez travailler cette nuit aussi ! », lance-t-il aux hommes au travail.

– On speede un max ! », lui répond-on.

« Léon ! léon ! léon ! ». Partout dans les allées, les braillements des paons brisent le faux calme ambiant. Un concert qui fait écho aux débroussailleuses qui s’activent d’un coup au loin pour égaliser des talus luxuriants après les fortes pluies des jours précédents.

Alors qu’un employé redonne de l’éclat aux marquages au sol indiquant les sens de circulation, pour beaucoup délavés par l’hiver, Pierre Thivillon s’agace : « On a quand même été les oubliés dans cette crise. On aurait pu rouvrir dès le printemps, parce qu’en extérieur les risques de contamination sont quasi nuls ! »

– Cagnotte –

Comme l’été dernier, le parc a dû s’adapter. Les repas en public des animaux, très appréciés des visiteurs, sont à l’arrêt pour éviter les cohues, et le vivarium, trop petit pour permettre une réelle distanciation physique, demeurera fermé.

Jessica Bernard, soigneuse, nettoie patiemment vitres et litières d’un enclos dans la serre réservée aux primates, où règne une température agréable.

« Un entretien quotidien », rappelle la jeune femme, qui devine chez certains animaux la hâte de retrouver les interactions avec les visiteurs. « Les gibbons, par exemple, ils demandent de l’attention. »

Comme elle, 35 employés sur 40 ont continué à œuvrer pendant la fermeture, distribuant une tonne de nourriture chaque jour aux 900 animaux peuplant le parc. « 5.000 euros à sortir tous les jours », d’après M. Thivillon.

Grâce à une trésorerie solide, et au soutien de l’Etat à travers notamment du fonds de solidarité, le zoo créé par la famille Thivillon en 1972 a pu survivre.

Sur internet, une cagnotte lancée par une inconditionnelle des lieux a réuni près de 87.000 euros, grâce à la générosité de plus de 2.500 donateurs. « Ça nous a permis de nous sentir moins seuls”, confesse M. Thivillon, visiblement touché.

La reprise s’annonce vigoureuse. Rien qu’avec les groupes dont les réservations n’ont pu être honorées l’an dernier, le planning des visites organisées est plein jusqu’à début juin.

« Ces derniers jours, des scolaires nous contactent en permanence pour essayer de caler quelque chose avant les vacances et utiliser leur budget sortie », décrit Jérémy Boivin, chargé de pédagogie animale.

« Le 19, ça va être le plein boom. En plus, on annonce un temps pas trop mauvais », prédit aussi Marie-France Roca, en faisant le grand ménage dans la petite cabane accueillant les caisses à l’entrée du parc. Elle craint déjà de ne pas pouvoir accueillir tout le monde.

La jauge sera limitée à 800 personnes en simultané, alors que les bonnes journées, la fréquentation peut dépasser les 2.000 visiteurs. « Ça risque d’être compliqué de dire non à certaines personnes les week-ends », estime Mme Roca.

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