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avec le basket « punk rock », la Serbie vise la gloire à Tokyo

Dans le nord de la Serbie, à l’ombre de blocs résidentiels de l’ère titiste, quatre gaillards se passent le ballon sur un terrain de basket. Mais ce n’est pas un match entre amis, ils s’entraînent pour les Jeux olympiques.

Le basket 3×3 est pratiqué par des millions d’amateurs dans le monde entier mais cette discipline urbaine a peiné à être reconnue après le premier tournoi professionnel en 2012.

Le jeu oppose, sur un demi-terrain, deux équipes de trois qui marquent sur le même panier, alors que le basketball classique est disputé par des équipes de cinq qui ciblent le panier adverse.

Cet été à Tokyo, le basket à trois fera ses débuts olympiques, et la Serbie est de loin la favorite pour l’or.

« On domine absolument. Tout ce qui ne serait pas la première place serait considéré comme un échec », dit à l’AFP Dusan Bulut, N.1 mondial.

Le pays des Balkans de sept millions d’habitants a remporté quatre Coupes du monde sur six et ses joueurs figurent parmi les meilleurs mondiaux. En fait, quatre des cinq meilleurs joueurs du monde, dont Bulut, viennent de Serbie.

– « Ecole buissonnière »-

« En grandissant, il y avait un terrain de jeu dans chaque résidence », explique Bulut devant le terrain où il jouait étant petit dans sa ville de Novi Sad, à deux pas du Danube.

Depuis, il a aidé à rénover ce terrain abrité par de grands arbres. Son surnom « Bulut-proof » – jeu de mots sur son nom de famille et l’anglais qui signifie « à l’épreuve des balles » — est peint sur les bordures du terrain.

« On a passé beaucoup de temps sur ce terrain », dit le basketteur âgé aujourd’hui de 35 ans. « On y venait quand on faisait l’école buissonnière parce que personne ne pouvait nous voir ».

Avant de devenir une star, il connut comme meneur des années moyennes, en particulier en Serbie et en Macédoine du Nord.

« Je n’aimais pas ma vie et la tournure qu’avait pris ma carrière », raconte-t-il. « Je réalisais simplement que j’avais des qualités qui auraient dû m’offrir le succès mais l’occasion n’est jamais venue ».

Il se félicite tous les jours de s’être mis au basket de rue.

Ce jeu, qu’il a pu comparer à du « punk rock », n’est pas du basket pour les nuls mais un sport qui demande « de réfléchir vite et d’être culotté », déclare-t-il.

– « Créativité » –

« Ca a à avoir avec l’expression personnelle, la créativité, alors que le basketball est plus systématique et plus complexe ».

Comme dans les autres sports professionnels, les entraînements sont exigeants, souligne Aleksandar Ratkov, 29 ans, co-équipier de Bulut.

« Quand il n’y avait pas le Covid-19, on voyageait beaucoup pendant la saison, autant que les pro du tennis ».

Demi-terrain ou pas, les Serbes excellent au basket.

Nikola Jokic, pivot des Denver Nuggets, vient d’être sacré meilleur joueur (MVP) du Championnat NBA. Vasilije Micic a été élu meilleur joueur de l’Euroligue.

La Serbie s’était déjà fait un nom sur la carte du basket mondial du temps de la Yougoslavie de Tito, quand les autorités socialistes avaient offert un terrain de basket à chaque quartier ou presque.

– « Comme dans la vie » –

Dans les années 1990, sous le régime ultranationaliste de Slobodan Milosevic, le basket servait aussi d’échappatoire aux jeunes.

« Le basket est un sport où on est constamment confronté à des situations difficiles et je crois que la vie en Serbie c’est exactement ça », lance Bulut. « Pour nous, c’est un mode de fonctionnement normal, on ne fait que le reproduire sur le terrain ».

Mais le passage de la rue aux JO a un coût en termes de stress. Des joueurs, qui, jusqu’il y a peu n’avaient même pas imaginé en rêve qu’ils iraient au Japon considèrent que l’or est une obligation.

Ils sont toutefois très heureux que leur sport soit ainsi reconnu.

« Je crois que le basket 3×3 va prospérer après les JO » dit à l’AFP Mihailo Vasic, 27 ans.

« La plupart des gens ne le connaissent pas mais je crois que les Jeux seront un tournant ».

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