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Biden et l’UE enterrent la hache de guerre dans le conflit Airbus/Boeing

L’UE et les Etats-Unis ont annoncé mardi une trêve de cinq ans pour régler le vieux conflit Airbus/Boeing qui empoisonne leur relation, signe tangible d’un apaisement entre les deux blocs après les années Trump.

« La réunion a commencé avec une percée sur les avions (…) Nous avions décidé conjointement de résoudre cette dispute. Aujourd’hui on a tenu promesse », a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, après l’arrivée du président américain Joe Biden à Bruxelles pour un sommet UE/Etats-Unis, première rencontre de ce type depuis 2017.

« Cet accord ouvre un nouveau chapitre dans notre relation car nous passons d’un contentieux à une coopération sur l’aéronautique, après 17 ans de dispute », s’est-elle réjouie.

Les deux parties ont accepté de suspendre pendant cinq ans les droits de douane punitifs qu’ils s’infligent dans le cadre de ce contentieux, a expliqué à des journalistes la représentante américaine au Commerce Katherine Tai.

Les Etats-Unis tentent de rallier l’UE dans leur bras de fer avec la Chine et voulaient profiter de ce sommet pour apaiser une relation transatlantique mise à mal par les années Trump.

– Le défi de la Chine –

« Au lieu de combattre l’un de nos plus proches alliés, nous nous retrouvons finalement ensemble face à une menace commune », a affirmé Mme Tai, en confirmant la prolongation de la trêve, décidée sur ce dossier en mars et qui devait expirer en juillet. « C’est un exemple pour faire face à d’autres défis, comme celui de la Chine », a-t-elle ajouté.

« L’Amérique est de retour. Il est dans l’intérêt absolu des Etats-Unis d’Amérique d’avoir une grande relation avec l’Otan et l’UE », a affirmé Joe Biden, au moment où il a été accueilli dans de grands sourires par Mme von der Leyen et le président du Conseil européen, Charles Michel.

L’accord permet à M. Biden, à la veille de son sommet avec Vladimir Poutine, de montrer « que les Etats-Unis et l’Europe sont soudés ».

Washington et Bruxelles s’opposent depuis 2004 devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les aides publiques illégales versées à leurs deux avionneurs.

Sous l’administration Trump, Washington avait été autorisé en octobre 2019 à imposer des taxes sur près de 7,5 milliards de dollars (6,8 milliards d’euros) de biens et services européens importés chaque année, à hauteur de 25% pour les vins et spiritueux, et de 15% pour les avions Airbus.

L’OMC avait permis à Bruxelles de mettre en place des taxes sur des produits importés des Etats-Unis. L’UE impose, depuis, des droits de douane sur 4 milliards de dollars d’exportations américaines.

Le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a salué un « bon accord » et a appelé à « conclure définitivement » ce dossier. « C’est une excellente nouvelle pour les entreprises françaises et européennes », a réagi le ministre français du Commerce extérieur Franck Riester.

Mme Tai a rappelé que l’aéronautique représentait plus de 500.000 emplois directs aux Etats-Unis.

Ces sanctions commerciales « n’ont fait que des perdants. Le ciel s’éclaircit enfin. C’est une excellente nouvelle pour des milliers d’Européens et les entreprises américaines qui avaient été pris au piège dans ce conflit », a estimé l’eurodéputé conservateur Christophe Hansen, porte-parole de son groupe sur le commerce international.

– Des dossiers non résolus –

Outre le conflit Airbus/Boeing, l’UE et les Etats-Unis s’opposent encore sur une série d’autres dossiers, notamment celui des exportations d’acier et d’aluminium européens pour lequel l’UE souhaite un règlement d’ici décembre.

Joe Biden veut « désamorcer les contentieux commerciaux afin de se concentrer sur sa priorité, la Chine », souligne Eric Maurice de la fondation Schuman.

Quant aux Européens, « ils vont chercher à savoir quelle est leur marge de manœuvre dans cette alliance contre Pékin. Il y a un accord entre eux pour ne pas s’aligner totalement, pour des raisons géopolitiques côté français et économiques côté allemand », ajoute-t-il.

Si l’Europe s’efforce de protéger son grand marché de la concurrence déloyale des entreprises chinoises, elle doit aussi ménager une puissance devenue son premier partenaire commercial.

Bruxelles n’a pas renoncé à l’accord controversé conclu en décembre avec Pékin visant à ouvrir aux investisseurs européens des secteurs dont l’accès est fermé ou restreint. Il est actuellement gelé après des sanctions de l’UE contre les violations des droits des Ouïghours, suivies de contre-sanctions de Pékin.

L’UE et les Etats-Unis resserrent aussi les rangs contre la Russie, qu’ils accusent de tentatives de déstabilisation en Ukraine et en Géorgie, deux pays de son voisinage tentés par un rapprochement avec les Européens.

Américains et Européens se disent « prêts à répondre fermement à la répétition de comportements négatifs et d’activités nocives » de Moscou, selon un projet de déclaration commune.

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