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les Français aux urnes, la participation en berne

Aux urnes mais au ralenti: le faible taux de participation à la mi-journée dimanche au premier tour des élections régionales et départementales conforte la crainte d’une abstention massive pour un scrutin où le Rassemblement national espère remporter la première région de son histoire.

Avec 12,22% à midi, le taux de participation est en baisse de quatre points par rapport aux régionales de décembre 2015 (16,27%) et de plus de cinq points par rapport aux départementales de mars 2015, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.

Le record d’abstention (53,67%) pour un premier tour des régionales datant de 2010, où le taux de participation à la mi-journée était de 16,07%, a donc de fortes chances d’être battu lors de ce dernier rendez-vous électoral avant la présidentielle dans dix mois.

Les compétences dévolues aux régions (transports, lycées, formation professionnelle…) et départements (collèges, RSA, aides sociales…) touchent pourtant au plus près à la vie quotidienne des Français.

Et les enjeux de ce double scrutin sont pourtant multiples: le RN va-t-il décrocher sa première région ? Quel avenir pour les candidats potentiels à l’Elysée, nombreux à droite ? La majorité limitera-t-elle la casse ? Quelles alliances pour le second tour dimanche 27 juin ?

Mais, au bout d’une campagne anesthésiée par la crise sanitaire et alors que la vie semble retrouver un semblant de normalité, l’intérêt n’a jamais décollé.

« Si on vote pas, on n’a pas le droit d’ouvrir sa bouche », estime Pierrette Chambreuil, 74 ans, présente dès l’ouverture du bureau de vote à Saint-Georges-de-Mons, village de 2.000 habitants dans le Puy-de-Dôme, où comme partout en France, le vote s’est déroulé selon un protocole sanitaire strict.

Melissa Gendre, 27 ans, qui vient de faire ses courses, ne sait en revanche « pas de quelles élections il s’agit ». « Je n’ai plus confiance… je vote seulement pour la présidentielle », dit-elle à l’AFP.

Le Premier ministre Jean Castex, qui a reçu sa deuxième injection d’AstraZeneca samedi, a rempli son devoir d’électeur vers 09h45 dans son fief de Prades, dans les Pyrénées-Orientales, où il a salué les assesseurs du poing.

Le président de la République Emmanuel Macron devait voter à la mi-journée au Touquet dans le Pas-de-Calais, le même département où son adversaire Marine Le Pen a glissé un bulletin dans l’urne à Hénin-Beaumont.

La proximité de l’élection présidentielle exacerbe les enjeux de ce scrutin qui sert parfois même de « pré-primaire ».

La sécurité s’est ainsi immiscée parmi les sujets majeurs, alors qu’elle n’est pas une compétence des régions. Deux candidats potentiels de la droite à l’Elysée, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, ont annoncé qu’ils arrêteraient la politique s’ils n’étaient pas réélus dans les Hauts-de-France et en Ile-de-France, contribuant à nationaliser l’échéance.

Le Rassemblement national compte, lui aussi, utiliser ces régionales comme tremplin pour Marine Le Pen, candidate déjà déclarée pour 2022.

Favorisé par un scrutin à la proportionnelle, le RN est donné en tête au premier tour dans six régions sur treize, en Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca), Centre-Val-de-Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et en Bretagne. Dans les sondages, il talonne les présidents sortants dans les Hauts-de-France, Grand Est et en Normandie.

En 2015, l’élan du parti d’extrême droite était déjà fort à l’issue du premier tour. Mais il s’était brisé contre la digue du front républicain, dressée notamment par le sacrifice du Parti socialiste en Paca et dans les Hauts-de-France.

– Tractations –

Cette fois, les partis traditionnels semblent plus réticents à s’effacer complètement pour les six prochaines années.

L’entre-deux tours promet des tractations intenses, jusqu’au dépôt des listes mardi 18h00, avec des triangulaires et quadrangulaires à prévoir. Le psychodrame en Paca, où le rapprochement entre le président LR sortant Renaud Muselier avec LREM a précipité la droite dans une crise ouverte, a donné un avant-goût des empoignades à venir.

Il y a six ans, la droite et le centre étaient parvenus à conserver sept régions et le PS cinq. Depuis, ces deux grandes forces de gouvernement ont dévissé au niveau national, mais comptent sur leur ancrage local pour limiter les dégâts.

Les ex-LR Valérie Pécresse et Xavier Bertrand restent bien placés, tout comme Laurent Wauquiez, autre postulant possible à l’Elysée, en Auvergne-Rhône-Alpes.

La position du PS est plus précaire, alors que les Verts comptent profiter de la dynamique qui les a portés à la tête de plusieurs grandes villes aux municipales. Les écologistes misent notamment sur un succès en Pays de la Loire avec Matthieu Orphelin.

La majorité présidentielle aborde le scrutin avec des ambitions modestes, avec le ministre Marc Fesneau, un MoDem comme principal atout dans le Centre-Val-de-Loire. La majorité cultive surtout l’espoir de se placer en position de faiseurs de rois.

En cas de grosse claque, la question d’un remaniement gouvernemental risque de se poser, alors qu’Emmanuel Macron doit exposer début juillet la feuille de route pour la dernière année de son quinquennat qu’il souhaite « utile ».

Pour les élections départementales, le scénario est identique: les sortants devront faire face à la poussée du RN, qui là non plus ne détient aucun département.

Cinq collectivités d’outre-mer – Mayotte, la Réunion, la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique – sont également appelées aux urnes pour renouveler les élus de leur département, régions ou collectivité territoriale.

pol-burs-jk/pyv/spi

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