in

Premières mises en examen deux ans après la mort de Steve à Nantes

Un sous-préfet et un commissaire de police : les premières mises en examen ont été annoncées cette semaine dans l’affaire Steve, deux ans après la chute mortelle du jeune homme dans la Loire, à la suite d’une opération policière controversée sur un quai de Nantes.

Après le commissaire Grégoire Chassaing, c’est le sous-préfet Johann Mougenot qui a été mis en examen jeudi pour homicide involontaire par le juge d’instruction David Bénichou, selon le parquet de Rennes.

Aujourd’hui sous-préfet des Sables d’Olonne (Vendée), M. Mougenot était directeur de cabinet du préfet de Loire-Atlantique au moment de la Fête de la musique 2019. Nommé en mai 2017 à cette fonction, il était à ce titre en charge des questions d’ordre public.

Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans, avait disparu après une opération policière destinée à faire cesser une soirée électro en bord de Loire dans la nuit du 21 au 22 juin 2019.

Les motifs de la mise en examen de M. Mougenot n’ont pas été précisés et son avocat n’a pu être joint. Mais dans un rapport de septembre 2019, l’inspection générale de l’administration (IGA) avait souligné les responsabilités de la préfecture et de la ville de Nantes qui « disposaient de moyens réglementaires pour davantage prendre en compte la sécurité de l’événement ».

– Pose de barrières –

Selon l’IGA, la préfecture et la mairie de Nantes auraient dû prévenir le Grand port maritime, propriétaire des lieux pour le compte de l’Etat, de l’installation de « sound systems » sur le quai Wilson, où le drame a eu lieu.

En 2012, des barrières avaient ainsi été installées quai Wilson à l’occasion d’un spectacle, rappelait l’Inspection dans son rapport.

La question de la pose de barrières à cet endroit avait été évoquée dès la Fête de la musique 2008 par la mairie. Au moins cinq « rave party » y avaient déjà été organisées avant le drame.

Entendues mercredi par le juge d’instruction, la ville et la métropole de Nantes, représentées par un membre de la direction générale des services, ont été placées sous le statut de témoin assisté en tant que personnes morales.

La maire de Nantes Johanna Rolland (PS), son ancien adjoint à la sécurité Gilles Nicolas et l’ancien préfet Claude d’Harcourt doivent aussi être entendus par le juge d’instruction d’ici à la fin du mois de septembre.

Mais pour la famille de Steve, c’est surtout la mise en examen du commissaire divisionnaire Grégoire Chassaing qui a constitué un « grand soulagement » deux ans après les faits, selon les propos de l’avocate Cécile de Oliveira.

– Des dizaines de grenades –

« Pour la famille de Steve Maia Caniço, l’essentiel est que la responsabilité du policier en charge de l’intervention soit établie », a déclaré l’avocate à l’AFP. « Ce qui me paraît important c’est qu’on ne dise pas que c’est la faute d’acteurs publics qui n’auraient pas pris de mesures suffisantes quand un policier donne l’ordre de jeter des dizaines de grenades sur une foule en pleine nuit, une foule qui a par ailleurs consommé au moins de l’alcool », a-t-elle ajouté.

L’analyse des relevés du téléphone de Steve a en effet permis de situer sa chute dans la Loire à 04H33, « soit dans le temps de l’intervention de la police nationale », selon le procureur de Rennes.

Les policiers intervenaient alors pour faire cesser la musique techno mais un des neuf sound systems avait relancé deux fois le son quelques secondes avant de diffuser « Porcherie » du groupe punk Bérurier noir, aux paroles célèbres (« la jeunesse emmerde le Front national »).

C’est alors que les policiers disent s’être sentis menacés, faisant l’objet de jets de projectiles et ripostant en tirant 33 grenades lacrymogènes, 12 balles de défense (LBD) et 10 grenades de désencerclement, selon l’IGA, qui avait critiqué le « manque de discernement » du commissaire Chassaing.

Des témoins avaient relaté avoir été aveuglés par un nuage de gaz lacrymogène. Sept personnes sont tombées dans la Loire pendant l’intervention policière, selon l’IGA, sans compter Steve Maia Caniço, dont le corps ne sera retrouvé que le 29 juillet, environ deux kilomètres en amont.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    Heurts avec des soldats israéliens, près de 150 blessés palestiniens

    malgré le Covid, les Jeux de Tokyo sont enfin ouverts !