Un homme accusé de la tentative d’assassinat de l’homme fort de l’armée malienne Assimi Goita, le personnage à l’origine de deux coups d’État en moins d’un an, est décédé en détention, a annoncé dimanche le gouvernement.
Le suspect, dont l’identité n’a pas été révélée, avait été placé en garde à vue suite à la tentative d’assassinat à la Grande Mosquée de Bamako mardi. « Au cours des enquêtes (…) sa santé s’est détériorée » et il a ensuite été hospitalisé, mais « malheureusement, il est décédé », a indiqué le gouvernement dans un communiqué. Il a ajouté qu’une autopsie avait été immédiatement ordonnée pour déterminer la cause du décès.
Un homme armé d’un couteau s’est précipité sur Goita après des prières pour Qurban Bayram, également connu sous le nom d’Aïd al-Adha, mardi, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) sur les lieux. Goita a été emporté par ses agents de sécurité et est apparu plus tard à la télévision d’État pour dire qu’il se débrouillait « très bien », minimisant l’importance de l’agression.
« Cela fait partie d’être un leader, il y a toujours des mécontents », a-t-il déclaré. « Il y a des gens qui à tout moment peuvent vouloir essayer des choses pour provoquer l’instabilité », a-t-il expliqué.
Son agresseur, un jeune homme vêtu d’un jean et d’une chemise blanche, a été appréhendé sur les lieux et emmené par les services de renseignement maliens.
Le suspect n’a jamais été présenté aux autorités judiciaires, a indiqué dimanche à l’AFP une source qui a requis l’anonymat. Son identité n’a pas été révélée, mais le commissaire Sadio Tomoda a déclaré mardi soir qu’il était enseignant, sans donner de détails. Les procureurs avaient ouvert une enquête sur l’incident.
Dimanche, le gouvernement a déclaré que la mort du suspect n’était pas un obstacle à la poursuite de l’enquête, « d’autant plus que les preuves préliminaires et les renseignements recueillis indiquent qu’il n’était pas un élément isolé ».
L’instabilité politique
L’attaque a mis fin à des mois de troubles politiques dans un pays qui a rarement connu la stabilité depuis son indépendance de la France en 1960.
Goita, un colonel des forces spéciales d’une trentaine d’années, a dirigé un putsch en août dernier qui a renversé le président élu Ibrahim Boubacar Keita après des semaines de protestations contre la corruption et une insurrection extrémiste sanglante.
La junte, face à la condamnation internationale, a remis le pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par des civils qui a promis de rétablir un régime civil en février 2022. Mais fin mai, Goita, qui était vice-président du gouvernement de transition, a renversé le président Bah Ndaw et Moctar Ouane, affirmant qu’ils avaient cherché à « saboter » la passation. En juin, avec Goita comme président par intérim, un nouveau gouvernement a été dévoilé, avec des personnalités militaires dans des rôles clés.
Alors que l’Union africaine (UA) et le bloc régional ouest-africain de la CEDEAO faisaient pression sur le pays, Goita a promis que le gouvernement respecterait tous ses engagements et s’est engagé à organiser des « élections crédibles, justes et transparentes ».
Les voisins et alliés du Mali voient la crise avec inquiétude, craignant l’impact sur les efforts visant à endiguer une insurrection extrémiste qui se déroule dans la région du Sahel. La campagne sanglante a éclaté dans le nord du Mali en 2012 et s’est depuis propagée au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Des milliers de soldats et de civils ont été tués et des centaines de milliers ont fui leurs maisons.
La France, pilier de l’opération anti-extrémiste, a été particulièrement critique à l’égard de la prise de contrôle militaire au Mali. Il a suspendu la coopération militaire après le deuxième coup d’État, puis a annoncé un retrait majeur de sa mission Barkhane de 5 100 hommes.
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