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démission du ministre de l’Economie Guzman, artisan de l’accord sur la dette

Le ministre argentin de l’Economie Martin Guzman, principal artisan de l’accord avec le FMI en mars dernier sur la refinancement de la dette argentine, a annoncé samedi sa démission, après deux ans et demi en fonction, ouvrant une nouvelle phase d’incertitude pour la 3e économie d’Amérique latine.

« Je vous écris pour vous présenter ma démission du poste de Ministre de l’Economie de la Nation, dont vous m’avez honoré depuis le 10 décembre 2019 », a déclaré Martin Guzman dans une lettre au président (centre-gauche) Alberto Fernandez, invitant le chef de l’Etat à désigner un successeur.

Le président argentin, qui encore cette semaine avait apporté son soutien remarqué au ministre, ne s’est dans un premier temps pas exprimé sur la démission, survenue en fin de journée.

Martin Guzman, un économiste de 39 ans, ancien élève et proche du Nobel d’Economie Joseph Stiglitz, avait été pendant deux ans en première ligne des négociations, d’abord avec les créanciers du club de Paris, puis avec le Fonds monétaire international (FMI) pour restructurer la dette argentine de près de 45 milliards de dollars, legs d’un prêt contracté en 2018 par le précédent gouvernement du libéral Mauricio Macri -prêt le plus important de l’histoire du Fonds.

L’accord entre l’Argentine et le FMI prévoit une série de mesures macro-économiques pour maîtriser l’inflation chronique du pays (50,9% en 2021, 60,7% sur les douze derniers mois) et réduire son déficit budgétaire (3% du PIB en 2021) jusqu’à l’équilibre en 2025. Le tout sous suivi régulier du Fonds. En contrepartie, le remboursement de la dette ne débutera qu’en 2026, après une période de grâce de quatre ans, pour s’étaler jusqu’en 2034.

Le FMI avait jusqu’ici donné son aval aux orientations macro-économiques de l’Argentine depuis l’accord, avec une premier examen de passage réussi la semaine dernière, et 4 milliards de dollars déboursés en conséquence pour l’Argentine.

Mais le ministre Guzman était régulièrement mis en cause par l’aile gauche péroniste de la coalition gouvernementale, incarnée par la vice-présidente (et ex-cheffe de l’Etat de 2007 à 2015) Cristina Kirchner.

Cette frange reprochait au ministre un excès de zèle dans la maîtrise du déficit budgétaire, et de l’émission monétaire, quand l’heure et les conditions de l’Argentine, avec 37% de pauvreté, demanderaient, selon cette vision, davantage de largesses sociales.

Ces critiques se sont accrues depuis les élections de mi-mandat de fin 2021, qui ont valu a la coalition au pouvoir de perdre la majorité au Sénat.

– Dissonances au sein de la coalition —

Martin Guzman défendait pour sa part une ligne pragmatique de maîtrise relative des dépenses, toilettage de nombreuses subventions (dans l’énergie notamment) et une patiente reconstitution des réserves, grâce à une croissance retrouvée (+ 10% en 2021 après trois ans de récession, +6% sur les 12 derniers mois).

Le ministre avait à plusieurs reprises regretté les mauvais signaux transmis aux marchés par ces dissonances au sein de la coalition gouvernementale « Frente de Todos ». Le peso argentin suit une pente de dépreciation continue, à 130 pesos pour un dollars au taux officiel, mais 239 au taux de la rue ces derniers jours, contre 170 il y a un an.

Et Martin Guzman revient sur cette absence d’appui consensuel pour dans sa lettre de démission, estimant que pour son successeur, « il sera primordial de travailler à un accord politique au sein de la coalition gouvernementale ».

ll réaffirme sa « conviction profonde et la confiance en (sa) vision du chemin que l’Argentine devrait suivre », et prévient qu’il sera à l’avenir « essentiel de continuer à renforcer la cohérence macroéconomique, comprenant les politiques budgétaire, monétaire, de financement, de taux de change et d’énergie ».

Outre la futur réaction du FMI –qui a souvent salué l’interlocuteur qu’était Guzman– à la démission et au remplaçant du ministre, la premier impact pourrait être sur la confiance des marchés, dont l’Argentine ne regorge déjà pas.

Pour l’analyste politique Carlos Fara, le départ de Guzmán signifie « échec et mat pour l’autonomie du président » Fernandez. « La démission va avoir un effet très négatif sur les marchés », a-t-il déclaré à l’AFP. Même si le président et la vice-présidente parviennent à un consensus sur la conduite de l’économie, tout sera désormais conditionné par la pression de Cristina Kirchner ».

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